Electronic Arts a plutôt bien commencé
la rentrée en sortant sa gamme de jeux
de sport annuelle au plus haut de sa forme,
et en proposant même quelques surprises
à l'instar de Skate.
Cette période de l'année est aussi
l'occasion pour Need for Speed de faire son
grand retour dans les bacs. La nouvelle génération
de consoles a déjà connu deux
volets de la série, NFS
Most Wanted et NFS
Carbon, assez distincts l'un de l'autre.
Le nouvel opus, baptisé Need
For Speed ProStreet, risque de faire
à nouveau parler de lui, mais peut-être
pas à son avantage. Finis les gyrophares
et les poursuites en ville, place à des
meetings de tuning organisés comme les
américains savent le faire.
Presque quatorze années
se sont écoulées depuis les premiers pas de Need for Speed sur consoles
3DO et PC. La série a su imposer sa marque de fabrique au rang des jeux
de courses, notamment marquée par une expérience de conduite extrême.
Les poursuites infernales ont également fait connaître Need for Speed,
que ce soit entre gangs ou en jouant aux gendarmes et aux voleurs. Dans ProStreet,
rien de tout ça, changement radical du gameplay avec une tendance vers
des courses plus légales, se déroulant dans des circuits fermés.
La licence a déjà connu un changement d'orientation avec NFS Underground,
volet intéressant qui offrait pour la première fois la possibilité
de tuner sa caisse. Ce nouveau tournant vente-t-il les mérites de la licence,
tel un Underground? Ce n'est pas gagné!
Après
avoir lancé le jeu, place à une jolie scène d'introduction
classique, mais efficace. S'ensuit alors le menu principal, où l'on trouve
les modes de jeu suivants: Carrière, Jour de course (derrière lequel
se cache le mode Online), Partie rapide, et Partager. Dans ce menu on trouve aussi
les Classements et Options. Une chose à dire sur les menus, ils sont carrément
brouillons, il n'est pas rare de cliquer sur le mauvais choix à son insu.
Il est temps de passer directement aux choses sérieuses, c'est parti pour
une longue et alléchante Carrière. Vous êtes Ryan Cooper,
bien décidé à vous faire un nom parmi l'élite, et
détrôner le jeune Ryo Watanabe, alias "The King". Lors
d'un meeting, ce petit prétentieux intervient au micro du DJ afin de vous
mettre la pression, les commentaires de ce dernier à votre sujet suffisent
à vouloir le défier rapidement. Le scénario est plutôt
sommaire, mais tiens bien la route. Par contre, plus embêtant, c'est les
bolides qui ne tiennent pas la route dans cet énième NFS. En effet,
les premières impressions de pilotage sont très moyennes. Les fans
risquent fort de grincer des dents lors des premiers tours de piste. Originellement,
Need for Speed est un jeu purement arcade, avec ProStreet les développeurs
ont voulu revoir un gameplay qui a pourtant fait ses preuves. Très loin
d'un Forza Motorsport
ou d'un PGR, mais
aussi de ses aînés, il faudra du temps avant de maîtriser les
dérapages. Fini le temps où NFS était accessible à
tous, fini aussi les freinages de dernière minute, les dérapages
contrôlés, etc. Il existe néanmoins des marqueurs au sol,
de différentes couleurs: vert-orange-rouge selon la difficulté.
Ils permettent d'anticiper un virage à venir, mais n'hésitez pas
à freiner même si le marqueur est vert, c'est-à-dire facile,
car ils sont souvent trompeurs. Une aide au pilotage est également mise
à votre disposition, choisissez le niveau d'assistance adapté à
votre style parmi trois propositions, mais pareil ne faites pas trop confiance
à cette fausse aide. Toutefois, vous avez le choix entre pilote du dimanche
(la voiture freine et se place sur la meilleure trajectoire automatiquement
normalement!),
pilote amateur (aide dans les virages délicats) ou as du volant (aucune
aide disponible). Les week-ends se déroulent souvent de la même manière,
vous participez à divers types d'épreuves, afin d'empocher du cash,
et faire évoluer vos caisses. On distingue quatre types de course: le grip,
le drift, le drag et les maxi défis. Ce ne sont pas les nouveaux héros
du dernier Disney, mais bel et bien les catégories de course! Le grip représente
les trois quarts du jeu, ce sont les courses traditionnelles, en un nombre de
tours limités ou en contre-la-montre. Le grip regroupe aussi les courses
par segments, où le but est d'occuper le plus de zones possibles. Comme
à son accoutumée, le drift propose au joueur de marquer un maximum
de points sur trois tours de circuit. Le drag reste très fun, en départ
arrêté et sur ligne droite, jouable uniquement en boîte manuelle
vous devez passer les vitesses avec le bon timing pour atteindre la ligne d'arrivée
en premier. Pour les meilleurs d'entre vous, il est possible de paramétrer
les commandes de sorte à devoir appuyez sur LB pour embrayer. Ce mode se
joue sur 400 ou 800 mètres; en 800 mètres il est préférable
d'avoir préparé son bolide, d'où sa technicité. Petite
nouveauté, avant de concourir sur un drag, faites chauffer la gomme durant
quelques secondes, sous l'acclamation de la foule. Enfin les maxi défis,
où la vitesse de pointe est mise à profit. Pour ces épreuves,
il existe des bêtes de course telles que la Lamborghini Murcielago LP640,
la Dodge Viper SRT10, la Ford Mustang GT, ou encore la Pagani Zonda F.
La partie tuning est à nouveau l'un
des points forts du jeu, avec le retour de l'Autosculpt, qui consiste à
remanier l'aérodynamisme de sa caisse. Entraînez vous sur la Nissan
240SX, premier véhicule à mettre les roues dans votre garage, avec
140CV elle suffit pour se faire la main. Très vite, vous devez faire un
choix entre une Golf GTI 200CV et une Chevrolet Cobalt SS, la Golf se manie très
bien par rapport à ses concurrentes directes, intéressant mais ce
n'est pas encore ça. Au passage, vous apprécierez de pouvoir choisir
votre récompense, à chaque fois, entre deux modèles. Par
la suite, il est possible d'acquérir des bolides avec plus de 800CV sous
le capot, enfin ça décoiffe! Comme le gameplay, la customisation
des bolides est à mi-chemin entre arcade et simulation, puisqu'il est possible
d'améliorer l'esthétique mais également la mécanique.
La déco est toujours façonnable à souhait, même si
elle reste en deçà d'un Carbon, jantes, stickers, ailerons, le principal
y est. Même chose pour les performances de la voiture, on retrouve des kits
d'admission, de transmission, de suspension, etc. Préparer sa voiture demande
un minimum de connaissances, les réglages pointilleux sont donc réservés
aux joueurs expérimentés. Par contre, ceux qui ne connaissent pas
grand chose en matière de mécanique auto seront contents de sélectionner,
via le menu, des améliorations rapides.
Techniquement
parlant, EA nous a habitué à beaucoup mieux car ce ProStreet représente
indignement la série. Même si les bolides sont correctement modélisés,
les décors manquent cruellement de profondeur. Néanmoins, cet épisode
surprend graphiquement par une fumée bien rendue, qu'elle sorte des pots
d'échappement, ou à la suite d'un burn, c'est plutôt convaincant.
Petite nouveauté qui prouve le changement de cap vers la simulation: la
gestion des dégâts. Elle occupe ici une place importante, car la
voiture finit souvent à la casse, tôle froissée, vitres brisées,
etc., mais cela ne rehausse pas le niveau global des graphismes, décevants
dans l'ensemble. De plus, les dégâts subis par les voitures sont
irréalistes, puisqu'il faut tamponner cinq concurrents et cinq rambardes
de sécurité pour voir les performances de son bolide diminuées.
Après une épreuve, il faut souvent réparer sa voiture avant
de repartir, pour cela utilisez soit du cash ou des pass de réparation
partielle ou totale. Un conseil, investissez dans les pass de réparation,
car il arrive parfois que le coût de la réparation soit supérieur
au prix de la voiture. Même constat pour une bande son en régression
par rapport à ses prédécesseurs. Le speaker assure bien l'ambiance,
mais devient vite barbant à force de répéter la même
chose, tant dans les menus avec de ridicules "wesh les gars", que pendant
une course: "Ryan Cooper déchire tout", "Ryan Cooper nous
donne une leçon de pilotage". Heureusement que les vrombissements
de moteur, ainsi que les crissements de pneus sont réussis, car la musique
électro-rock est loin de mettre tout le monde d'accord. C'est la jouabilité
qui a le plus souffert dans le changement brutal de gameplay. La direction bien
trop rigide fait défaut, les camions de Big Mutha Truckers tournent plus
facilement! Il faut freiner presque à fond dans les virages serrés,
et la sensation de vitesse en paye les frais car on repart pratiquement à
l'arrêt. Néanmoins, progressivement, les fins connaisseurs en réglages
auto se rendront compte qu'il est possible d'acquérir une bonne tenue de
route. Ainsi, avec un peu d'entraînement, de concentration, et à
force de regarder AB Moteurs, le grip adopté par la caisse et l'amplitude
du volant dans les virages deviennent satisfaisants. Un petit mot sur le Xbox
Live, qui permet de jouer à ses propres jours de course. Par le biais du
mode Partager, vous pouvez affronter jusqu'à sept adversaires après
avoir créé un jour de course. Pour le reste rien d'exceptionnel,
le multi propose les classiques parties rapides, classées ou non.
On
ne peut pas en vouloir aux développeurs qui ont sûrement cherché
à bien faire, car il faut du cran pour changer le concept d'une saga qui
plait chaque année. Mais cette fois la formule "on ne change pas une
équipe qui gagne" aurait été, pour certains, la bienvenue.
A force de tirer le gameplay entre arcade et simulation, le titre sort de la route,
surtout au niveau de la jouabilité bien trop raide aux premiers abords.
Graphiquement, ce NFS ne fait pas honneur à la série, ni à
la Xbox 360 d'ailleurs. Malgré tout, le soft propose de bons arguments,
comme une bonne durée de vie, des effets de fumée de toute beauté,
la possibilité de customiser sa caisse, et un mode Partager intéressant.
C'est vrai qu'il faut s'accrocher, mais avec quelques notions de mécanique
automobile et un peu de persévérance, le plaisir commence à
s'installer.
Nikkos - 18.12.2007