Carbon ? Kézako ? Cest
le nom du canyon qui ceint la ville de Palmont, cité dans laquelle le héros,
incarné par le joueur, retourne après quelques années derrance
et avec une prime sur sa tête. On découvre rapidement que son départ
de cette localité bondée de bolides nétait pas vraiment
voulu et que les circonstances lentourant étaient plutôt sombres.
Au fil du jeu et des victoires, le héros, aidé par Nikki (Emmanuelle
Vaugier) et dautres virtuoses du volant se replongera dans son passé
pour y découvrir pourquoi sa vie a pris un sens interdit. Tout au long
du jeu, de nombreuses et courtes cinématiques font se côtoyer ces
personnages, joués, pour la plupart, par de vrais comédiens, sur
lesquels on a placé un filtre qui donne un effet jeu vidéo plutôt
réussi. Bien sûr, le filtre naméliore pas la qualité
du jeu dacteurs et de lintrigue. Mais ces séquences restent
plaisantes.
Le scénario démarre sur les chapeaux de roues. On
commence par choisir une voiture parmi trois catégories : Muscle, pour
les voitures américaines, Tuning pour les asiatiques et Exotique (eh oui
!) pour les européennes. Ensuite, on passe la seconde et on enchaîne
les courses pour gagner du territoire. En effet, un peu comme dans le jeu Risk
(en plus simple, rassurez-vous), la ville est divisée en secteurs que le
joueur devra reconquérir en simposant dans les courses, sur les coureurs
de quatre autres clans, chacun dirigé par un boss quil faudra ensuite
affronter dans deux courses : lune en ville, lautre dans le canyon
lors dun jeu de poursuite au bord des falaises, « où tout se
joue ».
On peut se promener librement
dans les rues pour y dénicher des épreuves de plusieurs types :
course simple, course radar (où le but est darriver premier mais
aussi de passer des checkpoints avec la meilleure vitesse), sprint (course mais
pas sur un circuit fermé), drift (il sagit denchaîner
les dérapages sur des routes sinueuses pour engranger le max de points)
et enfin contre-la-montre. Pratique, une carte permet de se rendre directement
aux épreuves, dans notre planque ou chez un concessionnaire. La planque
sert à gérer son équipe, constituée dun bloqueur
(il nuit aux adversaires pendant la course), dun aspiro (il procure de laspiration)
et dun éclaireur, chargé de trouver des raccourcis. Utiles
et plutôt efficaces, utilisables un à la fois, ces auxiliaires pendant
les épreuves avec concurrents, apportent, par leur aide et leurs commentaires
sur la course, un plus sympathique au gameplay. Leur présence, en plus
de faciliter les victoires, apporte lun ou lautre bonus (plus de cash
gagné après une course, etc.). Une circulation lente et peu dense
occupe les rues de Palmont et constituera à loccasion un obstacle
de plus dans votre chevauchée motorisée.
Les courses offrent
des sensations de vitesse agréables, qui compensent leur relative facilité.
Bien que souvent nombreux (certaines grandes courses opposent vingt pilotes !),
les adversaires sont assez tendres. On en vient à bout facilement, même
des boss, et les épreuves gagnées (par le héros ou son équipier,
qui nhésitent pas à vous doubler) senchaînent
rapidement. En moins de deux heures, on prend le contrôle dun des
quatre quartiers et on terrasse son boss, faites le calcul pour avoir une idée
de la durée de vie minimale de la carrière. Pour allonger la durée
de vie, on remplira les divers défis accessibles directement par les rues
et non sur la carte et on tentera de remporter toutes les courses ou dobtenir
les succès, pas aisés.
Lun de ceux-ci sobtient en
réussissant à échapper à la police après une
poursuite de douze minutes. Ces poursuites sont au moins aussi intéressantes
que les courses, souvent bien plus tendues. Barrages, herses, voitures de différentes
vitesses et différents gabarits, lEtat a les moyens de vous coffrer.
Pour échapper à la police, il faut dabord semer ses poursuivants,
puis se faire oublier, par exemple en se cachant dans des arrière-cours.
Possible aussi, rentrer dans des éléments de décors (échafaudages,
chargements de tuyaux,
) qui serviront ensuite dobstacles derrière
vous (astuce utilisable et recommandée lors des courses également).
La possibilité de ralentir laction pour un meilleur contrôle,
présente aussi dans certaines épreuves, est censée aider
à détruire ou contourner nos rivaux à gyrophares. Dans la
pratique, on sen passe. La police sen prend bien sûr à
vous quand vous vous promenez un peu vite dans la ville, mais aussi dans les courses,
la poursuite continuant une fois celles-ci achevées. Ces séquences
de jeu sont donc bien plus palpitantes que les épreuves traditionnelles,
souvent trop faciles et qui se ressemblent : on fait une course sur un tracé,
la suivante se déroule sur le même en sens inverse, etc.
Parlons
technique. On ne pourra pas dire que les graphismes de la version 360 souffrent
de la présence du jeu sur des supports plus faibles. Le jeu est beau et
fait plaisir à lil. Les bolides sont bien modélisés
et la ville, qui défile vite sur les côtés, dans un effet
de flou énorme, est riche de lumières et de détails. On se
pose quand même une question : Carbon se joue-t-il dans une ville finlandaise
dans une période de lannée ou le soleil ne se lève
pas ? Sûrement pas. Malgré cela, tout le jeu se déroule de
nuit, toutes les épreuves naturellement aussi. Cest dommage et empêche
de sébahir devant les décors, qui finalement, bien que beaux,
se ressemblent beaucoup. La ville est grande mais ne propose pas des quartiers
très différents les uns des autres. Autre point noir, quelques ralentissements,
pas forcément compréhensibles, qui gênent le joueur adepte
de fluidité mais pas réellement le pilotage en lui-même.
Le
comportement de la cinquantaine de véhicules est très typé
arcade. On joue beaucoup au frein à main, on freine peu ou pas dans la
plupart des virages (rarement serrés) et la conduite offre une prise en
main rapide (excepté dans les épreuves de drift, où les dérapages
sont exagérés de manière trop sensible). Entre les divers
bolides, pas de grandes différences dans le pilotage et les sensations.
Bien sûr, certaines caisses sont plus puissantes que dautres, mais
cest grosso modo la seule différence sensible. Améliorables
grâce à des kits, les montures peuvent devenir encore plus explosives
(notamment grâce à un boost de nitro) et on est finalement peu encouragés
à en changer (pour info, votre serviteur a fini la carrière avec
seulement deux ou trois voitures). Ce sont finalement les fans de mécanique
et de tuning qui auront le plus la possibilité de profiter du jeu, grâce
au système de lautosculpt. Ils décoreront leurs voitures et
celles de leurs équipiers avec plaisir, le nombre doptions est franchement
conséquent et varié. Le marché Xbox Live devrait encore enrichir
ce pan du jeu.
NFSC
fait partie des titres supportant le volant
sans fil. On constate d'ailleurs avec plaisir dans les options que
l'accessoire est automatiquement identifié, même si aucun réglage
n'est possible, ce qui s'avère malheureusement vraiment préjudiciable
ici. Si les vibrations et la résistance du volant sont plutôt convaincantes
dans le jeu, il en est tout autre au niveau du pilotage qui s'avère catastrophique
avec ce périphérique. Impossible de réussir à piloter
correctement au volant ces savonnettes qui semblent attirées contre les
murs par une force magique. C'est un tout petit mieux en désactivant complètement
le retour de force (en débranchant le câble secteur) mais cela reste
très désagréable, et l'on revient rapidement à son
pad. Surprenant et décevant pour un jeu, certes arcade, mais supportant
officiellement le volant de Microsoft.
En
ligne, on peut prendre part à tous les types dépreuves du
mode solo (course, radar, sprint, canyon
), cela jusquà 8 joueurs.
Ces modes de jeux, classiques, sont efficaces et plairont, mais ce sont les modes
inédits au jeu multi qui ont le plus dintérêt. «
Seul contre tous » oppose un pilote de tête à tous les autres
concurrents. Si lun deux le touche, il devient à son tour le
poisson-pilote, la cible. Le mode « poursuite-élimination »
est une course dans laquelle, à chaque fin de tour, le dernier devient
un flic et doit alors essayer de toucher les concurrents encore dans la course
pour engranger des points. Embuscades, barrages et tactiques retorses autorisées.
!
Si ce nest franchement du lag, des ralentissements très fréquents
viennent mettre un sacré coup de frein dans les affrontements. Ce nest
pas injouable, mais couplé à leffet de flou permanent du jeu,
ces variations de fluidité rendent le tout fatigant. Dommage car les modes
de jeux, simples et prenants, valent le détour et les parties, forcément
plus disputées que contre lIA, sont de qualité généralement.
Elles permettent aussi dadmirer quelques chefs-duvre de tuning
sur les carrosseries adverses. On trouve très facilement des joueurs, quel
que soit le mode de jeu choisi, avec ou sans classement. Pas de choix de la langue
par contre.
Need for Speed Carbon est
un bon jeu, plutôt joli, mais sans génie. On apprécie la scénarisation
de la carrière, les sensations de vitesse et la variété des
épreuves mais on ne peut sempêcher, surtout si lon nest
pas un « jacky », de ressentir une certaine lassitude, due à
la fois à laspect répétitif et simple des épreuves
et à des décors nocturnes qui se ressemblent trop. Une ambiance
graphique et sonore (hip-hop et musique électronique stressante principalement)
de qualité ne masque pas les quelques défauts du jeu. On samuse
dans Need for Speed, on se défoule même dans certaines courses, mais
ce nest pas à Palmont que lon trouvera de grandes doses dadrénaline,
ni une expérience de pilotage pointue. Les modes online enrichissent lexpérience
et offrent des challenges bien plus corsés (« Tu trouveras toujours
plus rapide que toi », dixit un des acteurs du jeu
) mais les ralentissements
plombent un peu les sensations. Les fans de la série seront sans doute
conquis, quils soient plus friands de lunderground ou du bon vieux
jeu gendarmes contre voleurs. Les autres, fans de course en premier lieu, trouveront
mieux ailleurs à Hawaï
par exemple.
Sam Fisher - 10.12.2006