Too
Human est un des tout vieux projets du développeur canadien Silicon Knights
(Metal Gear Solid : The Twin Snakes, Eternal Darkness) et prévu à
l'origine pour sortir sur PS One puis Gamecube. Après moult péripéties
et années de retard, le jeu débarque finalement en exclusivité
sur Xbox 360 et en tant que premier épisode d'une trilogie.
Too
Human est un hack & slash, ou Dungeon RPG, se déroulant dans un univers
avec fusils lasers, robots et autres vaisseaux spatiaux; mais mélangeant
de façon inattendue cet aspect futuriste avec la mythologie nordique. Le
joueur incarne Balder, fils préféré d'Odin, ayant perdu sa
femme et sa mémoire. Aidé de ses compagnons Ases, des conseils de
Freyja, et de divers implants cybernétiques, notre héros va devoir
protéger ce qui reste de la race humaine menacée par les enfants
des Ymirs, la terrible race de machines, et combattre des pelletées de
gobelins (des petits robots), d'elfes noirs (des robots de taille moyenne) et
de trolls (des grands robots). De nombreuses cinématiques et dialogues
non-interactifs racontent l'histoire, peu intéressante, et surtout qui
est laissée en suspend à la fin du jeu, trilogie oblige.
En
début d'aventure, cinq classes de guerrier sont à choix : le Berserker
(spécialiste du corps à corps), le Commando (maître des armes
à distance), le Champion (personnage équilibré), le défenseur
(avec armure et bouclier) et enfin l'ingénieur bio (capable de soigner).
L'intérêt de ce dernier est faible, étant donné que
lorsque l'on meurt, chose qui arrive assez souvent vu qu'on ne peut pas stocker
les orbes de soin, la seule véritable pénalité en dehors
de la détérioration de son équipement est de devoir patienter
une vingtaine de secondes, le temps qu'une valkyrie descende du ciel et nous ressuscite
lors d'une petite séquence très vite répétitive et
pénible. Toutes ces classes possèdent leur propre arbre de compétences
à débloquer au fur et à mesure du passage de niveaux. Tout
ceci permet d'obtenir des personnages variés et intéressants, en
choisissant l'évolution du héros.
Le
maniement de Balder est particulier. Le stick droit, habituellement associé
à la caméra, est ici utilisé pour toutes les attaques au
corps à corps; on pointe donc le stick en direction d'un ennemi pour donner
un coup d'épée, marteau ou lance. Ceci permet, après un temps
d'adaptation relativement long, d'enchaîner les coups, les combats aériens,
les glissades entre les ennemis ou encore les projections en l'air. L'idée
n'est pas forcément mauvaise, mais il en résulte deux problèmes
de taille : des attaques pas toujours précises (difficile de cibler un
ennemi en particulier, difficile aussi d'exécuter à chaque fois
l'attaque que l'on souhaite) et l'impossibilité de gérer correctement
la caméra. Il y a bien un bouton pour recentrer la vue, une croix pour
changer la distance de la caméra, rien n'y fait, la vue est trop souvent
dans les choux tout au long du jeu, surtout lorsque les ennemis arrivent de toutes
parts.
Outre les armes de corps à corps, notre héros possède
également des armes à distance, tels que les doubles pistolets permettant
de cibler deux ennemis à la fois, divers fusils dont les lasers qui tirent
en continu et dont les dégâts augmentent progressivement et enfin
les canons, mélanges de mitrailleuses et lance-grenades. Ce sont les gâchettes
qui sont mises à contribution pour ces armes à distance, avec un
stick droit qui cette fois sert à cibler un ennemi (parfois avec peine),
ou encore une partie d'un ennemi dans le cas d'un troll. Balder peut également
compter sur ses attaques spéciales, une fois ces compétences débloquées,
comme les furies (possibles une fois le niveau de combo rempli, et permettant
de tuer de nombreux ennemis à la fois), des cris de guerre rendant les
attaques plus efficaces un court instant, des attaques brutales et ultimes en
orientant les deux sticks dans la même direction, ou encore des mines ou
tourelles de mitrailleuse qui peuvent être déployées sur le
champ de bataille. Un vaste éventail de possibilités d'attaque donc,
chose bien appréciable, même si, encore une fois, le manque de précision
des ces attaques rend régulièrement le résultat quelque peu
incertain et bien éloigné de l'efficacité et de la précision
d'un Ninja Gaiden 2.
Too Human propose uniquement quatre
zones ou "chapitres" dans lesquels on peut évoluer, ce qui est
vraiment peu. On en fait donc le tour en seulement 12 à 15 heures lors
d'un premier passage. Pour ceux qui désirent refaire l'aventure avec une
autre classe ou continuer à monter leur personnage initial, souhait légitime
dans ce genre de jeu, il est possible d'accéder directement à une
section du chapitre souhaité, avec l'avantage de ne pas devoir subir une
deuxième fois les cinématiques, et de se concentrer sur les combats
et la quête de meilleurs objets. On note avec plaisir que dans ce cas l'arrivée
et le nombre de monstres sont différents de ce à quoi on est habitué
lors de la campagne traditionnelle, et certains petits réaménagements
architecturaux ont été faits. De quoi légèrement varier
l'aventure lors d'un second passage, même si ce dernier se boucle forcément
bien plus rapidement que le premier. L'aspect de recherche d'équipement
et d'amélioration de son personnage, caractéristique des hack &
slash, fonctionne très bien ici et il n'est pas rare de rencontrer sur
le Live des personnes ayant cumulé plus d'une centaine d'heures sur le
jeu en quête d'un set de sept pièces d'armure épique. On trouve
en effet de très nombreuses armes, armures, reliques (insérables
dans un autre objet pour l'améliorer) ainsi que des charmes, comblant tous
ceux aimant passer des heures sur leur fiche de personnage à essayer diverses
pièces d'équipement. Malgré cela, beaucoup de joueurs risquent
cependant de se limiter à une seule partie, tant l'aspect linéaire,
les couloirs et la répétitivité des affrontements sont présents.
Par ailleurs, en sachant que les ennemis rencontrés s'adaptent au niveau
actuel du joueur, on se dit également que l'amélioration de son
personnage, au-delà d'une première aventure en tous cas, s'avère
assez peu utile.
Entre chaque chapitre, eux-mêmes découpés
par plusieurs cinématiques, on accède à plusieurs reprises
au cyberspace par l'intermédiaire de puits. Ces zones, où on ne
trouve aucun ennemi, sont des endroits boisés et bucoliques où l'on
découvre des trésors et surtout plusieurs portes à débloquer;
ces portes étant liées à d'autres portes mais situées,
elles, dans le monde "réel" de Too Human, en les actionnant dans
le cyberspace, on ouvre donc un passage pour la suite de l'aventure. Une idée
originale et sympathique.
Heureusement,
Too Human propose un mode coopération, jouable uniquement sur Xbox Live
(pas d'écran partagé hélas). Le plaisir à plusieurs
est tout de suite bien plus évident, surtout si les personnages possèdent
des classes et styles d'attaque complémentaires. Les parties se révèlent
agréables, le partage de butin paramétrable, avec la possibilité
de faire des échanges, mais on aurait aimé avoir un peu plus de
choix pour la recherche de partie, comme le choix de la langue. Au vu du nombre
de classes de personnage disponibles, on pouvait s'attendre à un jeu en
coopération à quatre ou cinq joueurs, mais malheureusement on doit
se contenter de deux personnes au total, vraiment dommage.
Les
environnements de Too Human sont dans l'ensemble bien réalisés,
mais manquent cruellement de différence d'un chapitre à l'autre.
On est tout le temps dans des décors froids, métalliques ou de pierre,
sans jamais rien qui émerveille malgré l'utilisation de l'Unreal
Engine. Plusieurs ralentissements sont visibles, surtout lorsque de nombreux ennemis
sont présents ou en multijoueur. Les ennemis sont bien modélisés,
mais manquent cruellement de variété. Balder est par ailleurs bien
rigide dans certains de ses mouvements. Côté audio, les voix en français
manquent de conviction même si elles semblent avoir été faites
par des doubleurs expérimentés. Les musiques s'en sortent mieux
de même que les bruitages même si ces derniers sont parfois exagérés
comme lors des sauts et roulades du héros.
Au
vu de toutes les présentations en grande pompe faites pour ce jeu par Microsoft
et des nombreuses années de développement, on ne peut être
que déçu du résultat. Too Human est un simple hack &
slash, juste honnête, avec plusieurs qualités comme l'intégration
du Cyberspace et de son influence dans l'autre monde, la personnalisation du héros
ou encore le jeu en coopération. Mais également de nombreux défauts
comme une maniabilité perfectible, une caméra ingérable,
une histoire guère passionnante dont il manque la fin, une grande linéarité
et une faible durée de vie. Too Human ne plaira clairement pas à
tous les joueurs, seuls les amateurs de montée en puissance de leur personnage
et de recherche de meilleures armes et armures y trouveront vraiment leur compte,
avant l'apparition d'un meilleur jeu de ce type sur 360. On est bien loin en tous
cas de l'attente fébrile que l'on peut éprouver devant la suite
d'une autre trilogie sur cette console, celle de Mass
Effect.
Max73 - 04.10.2008