Il aura fallu patienter plus de deux ans
pour voir débarquer un second jeu de boxe sur Xbox 360. Après le
séduisant Fight
Night Round 3 sorti en 2006 par EA Sports, c'est 2K Sports qui se lance
dans la bataille avec aux commandes de ce titre, leur studio interne Venom Games
qui avait déjà réalisé le correct Rocky
Legends sur Xbox.
Au premier
abord, ce jeu affiche un argument de choix : la présence du fantasque manager
et promoteur de combat, le bien nommé Don King. Même ceux qui ne
s'intéressent pas à la boxe doivent certainement connaître
ce personnage excentrique à la coiffure bien particulière. Depuis
ce fameux affrontement entre Ali et Foreman au Zaïre, il est devenu le promoteur
de tous les grands boxeurs et aujourd'hui, pratiquement aucun combat professionnel
ne peut être organisé sans son aval. C'est donc sans surprise qu'on
le retrouve à l'affiche d'un jeu vidéo.
Mais
comme l'histoire nous l'a déjà démontré par le passé,
associer un grand nom ne suffit pas à en faire un grand jeu. C'est principalement
au niveau du gameplay que Don King Presents : Prizefighter pêche. Alors
que Fight Night Round 3 avait en quelque sorte révolutionné la maniabilité
grâce au "contrôle total" très intuitif géré
par le stick analogique droite, on retrouve ici une configuration plus classique
avec un coup par bouton. Il faut bien l'avouer, les débuts sont laborieux,
la faute à des combinaisons relativement complexes. Si les jabs, directs
et crochets au visage, attribués aux touches A, B, X et Y sont simples
à réaliser, il en est tout autre pour les uppercuts, les coups dans
le bas ventre ou encore les coups dévastateurs. Pour les effectuer, il
faut par exemple appuyer simultanément sur deux boutons ou encore les associer
avec une gâchette ou un bumper. Quant aux sticks analogiques, le droit permet
de bloquer les attaques et le gauche de se déplacer sur le ring. Un déplacement
pour le moins approximatif puisque il faut diriger rapidement deux fois le stick
dans une direction pour prendre un peu de distance avec son adversaire et se sortir
de son étreinte. Avec un peu d'entraînement, on arrive tout de même
à exécuter des enchaînements mais sans jamais avoir l'impression
d'être maître de la situation. La faute à un temps de réaction
un peu long de notre boxeur qui a toutes les peines du monde à suivre nos
doigts. Enfin, la force de nos poings n'est pas l'unique clé pour remporter
un combat. Il faut en effet gérer les trois indicateurs qui représentent
notre santé, notre endurance et l'adrénaline. La santé réagit
comme dans Ninja Gaiden
2 avec des dégâts qui se soignent avec le temps et d'autres
permanents. L'endurance diminue lorsqu'on se déplace et enchaîne
les coups ralentissant ainsi considérablement nos gestes, tandis que l'adrénaline
permet de lancer une attaque dévastatrice ou, si elle est complètement
remplie, déclencher pendant quelques secondes un mode furie. On est donc
bien loin d'une véritable simulation de boxe surtout que le fait d'amocher
sérieusement notre adversaire ou vice versa n'influence aucunement les
performances. Après un Knock Down, il suffit appuyer le plus rapidement
possible sur le bouton A afin de récupérer de la santé et
de se relever avant le décompte final afin d'être à nouveau
d'attaque, comme à la première seconde du premier round.
En
ce qui concerne le contenu, Prizefighter propose ce que l'on attend d'un tel jeu
avec des combats simples contre l'IA ou un ami en local, des affrontements via
le Xbox Live en duel ou en tournoi et enfin le mode carrière. Ce dernier
est sans aucun doute le point fort de ce titre et consiste à incarner un
jeune débutant, destiné à devenir une légende, surnommé
"The Kid" que l'on aura préalablement façonné à
notre image (ou non) grâce à un éditeur de personnage plutôt
complet. La particularité de ce mode est qu'il est basé sur une
histoire originale narrée à la manière d'un documentaire
par des personnes célèbres dans le milieu de la boxe, des amis(es)
et même Don King lui-même au travers de mini-interviews en haute définition.
Pour atteindre la gloire, il faudra disputer pas moins de 35 combats, pas toujours
évidents, car pour certains, les dès sont pipés. On peut
relever par exemple l'arbitre corrompu, le boxeur boosté aux produits dopants
ou encore combattre avec un doigt cassé. Cela permet de varier quelque
peu notre façon d'appréhender un affrontement mais aussi d'éviter
la monotonie. Notre entraîneur y participe aussi en nous faisant revivre,
l'espace d'un round, de légendaires combats tel que Joe Louis contre Max
Baer ou Larry Holmes contre Ken Norton. On regrette par contre l'absence d'Ali,
Foreman ou encore Tyson. Entre chaque match, il est possible d'améliorer
notre force, endurance, agilité et dextérité grâce
à cinq mini-jeux qui consistent dans la plupart des cas à appuyer
sur les boutons indiqués à l'écran à la manière
d'un jeu musical. Une bonne manière de se mesurer aux joueurs du monde
entier grâce à un classement en ligne. Il est toutefois possible
de faire un entraînement automatique, mais dans ce cas les gains potentiels
de statistiques sont moindres. Il faut également gérer notre présence
dans les médias et répondre positivement ou négativement
à des invitations envoyées par le biais de notre PDA. A nous donc
de décider si s'afficher en public, tourner des publicités ou participer
à des manifestations en charmante compagnie sont plus importants que l'entraînement.
Il faut bien l'avouer, cet aspect relève plus du gadget qu'autre chose
puisque cela n'apporte strictement rien si ce n'est figurer à la une des
journaux et ralentir notre progression au niveau des performances. Dommage aussi
que nos gains ne soient présents qu'à titre indicatif. On aurait
aimé pouvoir faire un tour au magasin pour s'acheter des chaussures, des
gants ou encore des shorts. Seule notre progression permet de débloquer
certains articles.
Techniquement, le
constat est affligeant. Prizefighter n'a pas le niveau que l'on est en droit de
demander pour un jeu où seuls deux personnages partagent l'écran.
Fight Night Round 3, sorti il y a plus de deux ans, affiche une bien meilleure
modélisation des boxeurs. On peut certes remarquer la sueur sur le corps
des athlètes ou encore quelques hématomes mais la caméra
est généralement trop éloignée ou placée dans
un angle qui ne permet pas de réellement distinguer ces détails.
Même l'animation fait défaut avec une fluidité pas toujours
au top, que cela soit dans les coups ou dans le déplacement. Quant à
la vingtaine d'arènes de boxe disponibles, elles sont assez quelconques,
répétitives et manquent de détails, surtout en début
de carrière malgré des lieux prestigieux comme le Madison Square
Garden par exemple. L'aspect grand spectacle et show à l'américaine
de ce genre d'évènement, que cela soit avant ou pendant les combats,
manquent aussi singulièrement dans ce titre. On doit se contenter d'une
sommaire présentation par le speaker et des ralentis sans grand intérêt
entre les rounds. En ce qui concerne la partie sonore et plus spécialement
les commentaires en français de certains combats, ils sont tout simplement
inaudibles, redondants et souvent hors sujet. La bande son est par contre agréable
avec un bon mix entre du rap, hip-hop, rock et funk que l'on peut par ailleurs
définir comme musique d'entrée.
Avec
un seul rival sur le marché, Don King Presents : Prizefighter avait toutes
les cartes en main pour s'imposer dans le milieu très fermé des
simulations de boxe. Malheureusement, ce titre ne laissera pas son empreinte,
au contraire de Monsieur Don King, dans l'histoire du Noble Art. La faute à
une maniabilité un peu brouillonne, un gameplay trop orienté arcade
et une réalisation bien en deçà des standards actuelles et
antérieurs. On retiendra tout de même un mode carrière original
et intéressant, des boxeurs en nombre et un contenu plutôt complet
mais c'est évidemment insuffisant pour remporter la ceinture détenue
depuis plus de deux par Fight Night Round 3.
Strongbow
- 15.09.2008