Après
Fight Night 2004 et Fight Night 2 sur Xbox, le troisième épisode
de la série de jeux de boxe d'EA Sports fait son apparition également
sur Xbox 360, avec une palette de coups toujours bien complète, et des
graphismes percutants.
Contrairement
à quelques autres jeux de sport du même éditeur sortis en
décembre dernier, la version Xbox 360 de Fight Night Round 3 n'est heureusement
pas amputée de plusieurs modes de jeu pou raison de sortie à la
va-vite, et c'est bien à un titre complet que l'on a droit ici. Côté
solo, Fight Night Round 3 offre des parties rapides, des matchs ESPN Classic où
l'on peut incarner l'un des grands noms de la boxe le temps d'un combat au sommet
(Ali contre Frazier par exemple), ainsi que le mode carrière.
Dans
celui-ci on commence par choisir si l'on veut entrer dans la peau d'une des légendes
du Noble Art (Muhammad Ali, Evander Holyfield, Hopkins, Duran, Corrales, Barrera)
et réécrire son histoire, ou alors créer son propre boxeur.
Lors de cette étape, on peut décider du poids de son avatar (ce
qui aura bien sûr une influence sur la catégorie du boxeur), et modifier
son apparence générale avec une foule de paramètres tels
que la couleur de peau, les cheveux, barbe, corpulence, taille, etc. La création
du visage se fait de manière extrêmement complète, avec pour
chaque "élément" (écartement et forme des yeux,
menton, nez, oreilles, mâchoire, ...) la possibilité de bouger les
sticks analogiques pour modifier le rendu en temps réel. Une étape
très exhaustive et plaisante, qui permet une infinité de possibilités
pour l'apparence finale du boxeur. On définit ensuite le type de garde
désiré, les coups spéciaux et illégaux, et on attribue
divers points dans les huit caractéristiques du pugiliste, à savoir
puissance, vitesse, agilité, endurance, menton (résistance aux coups
portés au visage), corps, récup, et coupure. Un petit tour au magasin
permet de s'acheter une nouvelle paire de gants, un short, un protège-dents,
des tatouages ou encore une coquille, qui influent de façon assez étrange
voire mystérieuse sur les statistiques du joueur (des shorts censés
donner plus de puissance par exemple, mais dont le bonus n'est pas visible dans
les stats). Il est temps ensuite de signer son premier contrat dans la catégorie
amateur, puis avant l'échéance, de procéder à une
petite séance d'entraînement sous forme de mini-jeu. Premier regret,
on ne trouve que trois types d'entraînement qui peuvent améliorer
les caractéristiques du joueur (mannequin, sac de frappe, poids). Même
s'ils permettent de varier un peu le gameplay, ceux-ci sont très classiques
et manquent rapidement d'intérêt surtout que l'on y revient entre
chaque match. Il est possible de faire un entraînement automatique, mais
dans ce cas les gains potentiels de statistiques sont moindres. Après cela,
place au combat...
Plusieurs configurations
de manette sont possibles, mais pour vraiment apprécier la particularité
des Fight Night, il faut utiliser le stick analogique droit pour donner les frappes.
Ainsi, quelle que soit la configuration choisie parmi les six proposées,
on ne pourra au mieux que lancer des coups directs (jab, cross), des crochets,
des coups irréguliers (cou de coude, cou de boule, ou sous la ceinture)
et un coup perso à l'aide de boutons A, X, B et Y. Pour découvrir
l'étendue complète des frappes à disposition (dont les uppercut
et les coups fatals), il faut impérativement passer par le "contrôle
total" qui est géré par ce stick. C'est un peu déconcertant
au début, mais après quelques matchs et entraînements dans
le menu sparring, on s'y fait et on découvre alors la richesse du système
qui permet de sortir, rien qu'avec le stick, quasiment toutes les frappes en dosant
encore leur intensité. Les coups fatals, lents à mettre en place
mais dévastateurs, permettent souvent de mettre l'adversaire dans un "état
second" si sa santé a été préalablement bien
diminuée. A ce moment l'action passe au ralenti pendant une dizaine de
secondes, et tandis que l'adversaire ne peut plus faire grand chose d'autre que
d'esquiver ou bloquer, il ne reste plus qu'à placer un coup puissant pour
l'envoyer au tapis. Ces moments sont assez grisants et bien réalisés,
avec un étouffement des bruits extérieurs et renforcement des respirations.
La tension monte rapidement alors que l'on tente de placer un ultime coup, ou
alors lorsque l'on essaie de rester debout si c'est le joueur qui est mis dans
cette situation.
Quand le joueur est
mis Knock Down, la vue se trouble, l'arbitre se place au-dessus du joueur pour
entamer son décompte infernal, et un mini-jeu apparaît à l'écran
où il faut positionner deux cercles, à l'aide des deux sticks, dans
un troisième cercle central, en moins de 10 secondes. Une chose relativement
aisée si c'est la première mise au tapis du match et si la valeur
de récupération du boxeur est élevée; mais dans le
cas contraire, les cercles à déplacer bougent beaucoup et c'est
la défaite qui pend au nez. Chose qui arrive finalement peu régulièrement
à cause d'une IA pas très agressive et souvent assez prévisible.
Il est possible de modifier le niveau de difficulté, mais cela ne semble
avoir d'influence que sur la résistance et la puissance des adversaires,
pas sur leurs stratégies. Un autre mini-jeu prend place entre les rounds,
pour soigner le visage de son avatar, et avec l'aide des sticks on s'attelle a
stopper les saignements, et réduire les enflures. Une particularité
de ce FNR3 version Xbox 360 est l'absence de jauges à l'écran représentant
la santé et l'endurance. On peut les faire apparaître via le menu
options, et c'est d'ailleurs peut-être une bonne idée lors des premiers
matchs pour bien comprendre les mécanismes, mais il serait dommage de les
laisser par la suite, tant l'absence de ces indications renforce l'immersion.
En effet, ce n'est plus en regardant des jauges que l'on décide de ses
actions offensives ou défensives, mais surtout en observant le visage,
la démarche et les respirations des boxeurs que l'on peut se rendre compte
de l'état de fatigue et de santé de chacun d'entre eux. Tout cela
est possible grâce au très bon rendu graphique que propose le jeu.
Le mode carrière est sans nul
doute possible celui où l'on passe le plus de temps en solo, mais mis à
part l'intensité des matchs et la très bonne jouabilité qui
rendent les affrontements agréables et grisants, quelques bémols
sont à signaler. Il n'y a curieusement pas de tableau général
de classement des différents boxeurs, juste une jauge que l'on aperçoit
entre les combats sur le menu général du mode carrière. Lorsque
cette jauge est pleine, on a droit à un match apparemment un peu plus important,
parfois sponsorisé par ESPN, EA ou autres (les publicités sont nombreuses
dans le jeu), et c'est à peu près tout. Une fois le "combat-événement"
gagné, une nouvelle jauge apparaît. Il est difficile ainsi de percevoir
où l'on se situe réellement par rapport aux meilleurs boxeurs du
jeu, et la distance qui nous sépare de la première place et de l'obtention
de la ceinture qui ornera la cheminée pour les années à venir.
De mêmes, les adversaires sont présentés de manière
trop succincte, même lorsqu'il s'agit de grandes pointures telles que Frazier
ou Ali. Des boxeurs "rivaux" sont présents, ce sont des adversaires
que l'on rencontre à plusieurs reprises et qui sont censés être
en mauvais termes avec le joueur. Mais à part quelques commentaires en
cours de match disant "ils ne s'apprécient vraiment pas" et quelques
très et trop rares scènes hors affrontements, les rencontres ne
diffèrent pas des autres. Alors oui, les combats sont intenses, très
plaisants et efficaces, mais c'est la présentation de ce mode carrière
qui manque quelque peu de punch malheureusement.
Le
rendu graphique de FNR3 est du genre percutant. Difficile de trouver à
ce jour un jeu qui propose une modélisation des joueurs et surtout des
textures de peau aussi convaincantes. L'éclairage est très crédible
et renforce l'aspect réaliste de la peau. Les animations faciales sont
excellentes et apportent un réel plus au gameplay, puisque l'on peut voir
l'état de santé et de fatigue sur le joueur, sans plus se reposer
sur des jauges comme évoqué plus haut. Les têtes saignent
progressivement au niveau des pommettes, des arcades, du nez ou encore de la bouche,
et ces indications visuelles aident le joueur afin de savoir où il faut
placer une prochaine frappe, pour augmenter la douleur chez l'adversaire, voire
provoquer parfois même l'arrêt du combat par l'arbitre pour cause
de saignements trop importants. Lors d'un K.O., les dernières secondes
sont repassées au ralenti, permettant d'apprécier les déformations
plutôt réalistes du visage, les giclées de sang mêlé
de salive, et les mimiques de douleur. Il arrive parfois que l'on aperçoive
un gant de boxe au milieu d'un visage, un short passant au travers d'une jambe,
ou quelques animations étranges lorsque l'adversaire s'écroule au
sol (tremblements, pieds incrustés dans le sol), mais c'est heureusement
très rare. De manière générale, les boxeurs sont très
bien modélisés, et animés de façon crédible.
Du grand art. Le public est en 3D, mais ne présente bien sûr pas
le même degré de finition que les guerriers présents sur le
ring. On note quand même plusieurs "clones" qui hélas bougent
exactement de la même façon et en même temps. Rien de dramatique
cependant. Les jeunes donzelles qui font leur apparition entre chaque round (les
ring girls) proposent des textures soignées, mais leurs modèles
manquent de finesse et quelque peu de réalisme au niveau des bras, plutôt
squelettiques. Les arènes de boxe enfin, peu nombreuses, et bien répétitives
surtout en début de carrière, sont assez quelconques et ne nous
décrochent pas autant la mâchoire que les boxeurs, qui eux sont vraiment
au-dessus du lot.
Les différents
bruitages de Fight Night son convaincants, à défaut d'être
vraiment réalistes. Ils ont tendance en effet à être un peu
exagérés, mais ce n'est finalement pas un mal et cela rend l'action
encore plus spectaculaire. A titre d'exemple, lors des replays de knock-down,
on entend l'énorme cri de rage émit par l'attaquant, puis un bruit
de choc puissant, suivi d'un craquement de vertèbres (ou était-ce
les dents ?) tandis que la massue gantée s'écrase sur la joue du
pugiliste d'en face. Les commentaires en français sont généralement
adéquats, mais malheureusement beaucoup trop répétitifs.
Entre chaque round, le coach, qui fait office de soigneur également, donne
son avis sur ce qui vient de se passer, ainsi que quelques conseils. Là
aussi, ces commentaires sont très répétitifs, avec en plus
régulièrement deux phrases à la suite qui se contredisent,
et un bug fréquent qui empêche d'entendre le commentaire de son coach
et de celui de l'adversaire, si on choisit un soin autre que manuel lors de la
pause. Les interventions de l'arbitre pour avertir un boxeur ne sont pas audibles,
et on n'en prend conscience qu'au travers de la voix du commentateur, dommage.
Les musiques sont agréables et s'intègrent bien au jeu (ou surtout
entre les phases de jeu), mais comme il n'y en a que douze en tout et pour tout,
ces chansonnettes deviennent très répétitives après
quelques heures de jeu. On utilise donc assez vite les bandes son personnalisées
du disque dur ou d'un lecteur MP3.
Côté
multi, FNR3 propose des affrontements à deux sur une même console,
mais également sur le Live. Pour ce dernier, il faut passer par un menu
totalement différent, et pas forcément des plus intuitifs. Au programme
: des parties rapides avec classement ou non, et des parties personnalisées.
On peut également consulter les tableaux des scores, ainsi qu'entrer dans
des lobbys spécifiques, lieux regroupant des joueurs aux intérêts
communs. Les affrontements se font après avoir choisi son boxeur parmi
les grands noms de ce sport, il est utile donc de les connaître un minimum
pour ne pas se retrouver avec le plus faible d'entre eux lors d'un combat en ligne.
Le lag est très peu présent, et les parties en Live apportent un
réel plus à l'expérience, avec une difficulté souvent
bien plus corsée que contre les adversaires du mode carrière. On
regrette cependant le fait de ne pas pouvoir effectuer plusieurs matchs d'affilée
contre un même joueur et l'impossibilité de créer des tournois.
Fight
Night Round 3 est un très bon jeu de combat, mais qui ne s'adresse pas
forcément aux mêmes personnes qu'un Dead or Alive 4, dont les mécanismes
de jeu sont bien différents. La prise en main est excellente, et la palette
de coups est impressionnante une fois le "contrôle total" maîtrisé.
La présence de rivaux n'apporte pas grand chose à l'expérience,
par contre les moments précédant les knock-down sont excellents
et participent à la forte intensité des matchs. On regrette qu'il
faille passer par les modes multijoueurs pour trouver des adversaires vraiment
coriaces, l'IA manquant quelque peu d'agressivité et de surprise. L'habillage
du mode carrière est un peu léger, mais malgré cela on éprouve
de la satisfaction dans ce mode solo, qui est agréablement complété
par les combats "Classic" et par l'excellent mode multijoueurs en ligne.
Max73 - 7.03.2006