Le premier Assassin's
Creed avait marqué les esprits
il y a deux ans en renouvelant le genre action-aventure
sur consoles, en offrant aux joueurs un jeu
ouvert mêlant exploration, free running,
interaction poussée avec la foule, infiltration
et combats dans des cartes très vastes.
Hélas le jeu souffrait d'un défaut,
important pour certains, qu'était la
répétitivité dans les missions
secondaires. Deux ans plus tard, Ubisoft Montréal
nous propose Assassin's Creed II qui a l'ambition
de gommer ce défaut tout en nous transportant
quelques 300 ans plus tard en Italie.
On retrouve Desmond
Miles en 2012, ce jeune-homme qui peut accéder
à la mémoire génétique
de ses ancêtres, grâce à
une machine appelée Animus. Après
Altair Ibn'La-Ahad au temps des Croisades, on
incarne cette fois un autre aïeul : Ezio
Auditore, fils d'un banquier florentin à
l'époque de la Renaissance, en 1476 au
début de l'aventure. On se retrouve très
vite dans la peau de l'Italien, durant son enfance
dans un premier temps, l'occasion pour les joueurs
de se familiariser avec les commandes. L'histoire
de fond mêlant secrets, complots et Templiers,
est toujours aussi intéressante, mais
est cette fois quelque peu mise au second plan,
au profit d'Ezio. Les retours au présent
sont par conséquents moins fréquents,
et le joueur s'en trouve d'avantage impliqué
dans l'aventure. Cependant, cela n'empêche
pas au scénario "du présent"
d'évoluer, notamment avec la fuite de
Desmond des locaux des Templiers, qui intervient
très vite au début de l'aventure.
Après quelques années d'insouciance
marquant son adolescence, le charismatique et
quelque peu insouciant Ezio découvre
que son père et ses frères se
sont fait arrêter et que lui ainsi que
le reste de sa famille sont en danger. Ce sera
à lui désormais de prendre en
main la famille, de découvrir qui se
cache derrière le complot, de revêtir
sa cape d'assassin et d'assouvir sa vengeance.
La construction
de l'histoire et du déroulement du jeu
est mieux amenée que dans le premier
épisode. On ne retrouve plus les mêmes
schémas se répétant inlassablement
à chaque nouvelle cible à assassiner.
Cette fois les nombreuses missions sont véritablement
très variées, et pour la plupart
intéressantes. Un très bon point
qui corrige le principal défaut du premier
jeu. Même les missions secondaires sont
pour la plupart intéressantes, et plusieurs
d'entre elles peuvent sans problème être
évitées si on le souhaite. La
liberté s'en trouve renforcée,
et du coup on n'est pas si loin de l'ouverture
de jeu que propose un GTA.
La prise en main
est toujours aussi aisée et intuitive
avec les boutons de la manette qui sont calqués
sur une sorte de "marionnette humaine".
Y contrôle la tête et la vision,
A pour les jambes (sprint, saut, esquive), X
pour la main armée et B pour la main
libre. L'action de chaque touche est modulée
en fonction du contexte et de l'activation ou
non du profil actif (gâchette droite)
modulant l'intensité de chaque mouvement.
Une roue des armes fait son apparition avec
la touche RB et permet de sélectionner
l'un des nombreux accessoires ou armes à
disposition. Si le héros que l'on incarne
est tout aussi agile qu'Altair pour escalader
les murs et sauter d'un toit à un autre,
de nouveaux mouvements sont apparus (probablement
suite aux quelques 300 ans de progrès
technologiques séparant les Croisades
de la Renaissance). Ezio peut désormais
et notamment plaquer des ennemis au sol, désarmer
ses adversaires, nager, ramer, utiliser sa vision
d'aigle à cheval, et utiliser deux lames
secrètes. Côté adversaires,
si on assiste à l'apparition de nouvelles
classes de gardes (traqueurs, agiles, brutes),
force est de constater que l'IA est par moments
vite bernée dès qu'elle perd notre
trace visuelle.
Autre nouveauté
importante : un système économique
fait son apparition. On gagne de l'argent en
accomplissant des missions, en trouvant des
trésors, en volant les gens, en fouillant
les cadavres, ou encore en investissant et en
rénovant Monterrigioni, la ville natale
de la famille Auditore, ce qui permet de recevoir
ensuite un revenu régulier. Tout cet
argent peut être dépensé
dans plusieurs échoppes pour acheter
des armures, des armes (épées,
armes d'hast, poignards), des potions de soin,
du poison, des teintures de tunique, des tableaux
d'artistes de la Renaissance qui décoreront
la villa de Monterrigioni, ou encore engager
des mercenaires, des voleurs et des prostituées
pour distraire des gardes.
Outre les missions
liées à l'histoire principale,
Ezio peut explorer une demi-douzaine de tombeaux
d'assassins, dans des séquences acrobatiques
à la Prince
of Persia; mais également
trouver des Codex qui seront traduits par notre
ami Léonard de Vinci, ou encore chercher
des glyphes cachés et résoudre
ensuite des énigmes associées
pour tenter d'en apprendre plus sur le fond
de l'histoire. De quoi s'occuper sans aucune
lassitude pendant 20 à 30 heures, selon
son envie de tout découvrir ou d'aller
au contraire à l'essentiel.
Les graphismes
sont très réussis et nous aident
à plonger sans peine dans Florence, Venise
et quelques bourgades italiennes de la Renaissance;
on s'y croirait. Les animations, variées
et bien rendues ne sont pas en reste. Le tout
est soutenu par des musiques autant inspirées
que dans le premier volet, et toujours signées
par Jesper
Kyd, qui confirme ici son grand talent.
Au niveau des quelques petits regrets restant,
signalons que l'aspect social du jeu se résume
uniquement à des tableaux de statistiques.
Pour les classements de stats et d'éventuelles
comparaisons, cela se fait seulement par
internet, et non par le jeu. On aurait
pu imaginer également quelques classements
sur des parcours chronométrés,
mais rien de cela ici. Dommage. Ubisoft lance
avec Assassin's Creed II son nouveau système
communautaire Uplay,
qui est censé apporter partage de contenu,
aide, liste d'amis et déblocage de quelques
bonus pour chaque jeu. Actuellement en phase
bêta, seuls les bonus sont pour l'instant
disponibles, et en l'état il aurait été
plus pratique de les intégrer directement
et simplement au jeu, sans cette surcouche artificielle,
peu pratique et lourde qu'est Uplay (pour le
moment en tous cas).
Au final, Assassin's
Creed II reprend tous les éléments
ayant fait le succès du premier épisode
en corrigeant le principal défaut, avec
des missions secondaires qui sont cette fois
bien plus variées et intéressantes.
Le jeu offre une grande liberté d'action,
un scénario intéressant et bien
amené, une bonne jouabilité, une
réalisation impeccable et des villes
superbes à explorer. On pardonne volontiers
quelques petites faiblesses de l'IA, un système
Uplay qui en est à ses balbutiements
et l'absence de classements. Et on n'attend
qu'une chose : pouvoir se plonger rapidement
dans sa suite qui semble évidente, au
vu de la fin de ce très réussi
ACII. Probablement le meilleur jeu d'action-aventure
de cette année 2009.
Max73 - 17.12.2009