Créée
par Jordan Mechner dans la fin des années
80, la série Prince
of Persia avait déjà
été remise au goût du jour
en 2004 et 2005 par Ubisoft, au travers des
épisodes Les
Sables du Temps, L'Ame
du Guerrier et Les
Deux Royaumes, tous trois disponibles
notamment sur la première Xbox. Après
ces trois épisodes sortis en moins de
deux ans, un intérêt et une qualité
en baisse, Ubisoft a décidé de
laisser passer quelques années et l'arrivée
d'une nouvelle génération de consoles
avant de nous reproposer l'une de ses séries
fétiches, avec un jeu intitulé
tout simplement Prince of Persia.
Au
début de l'aventure, on trouve le personnage que l'on incarne perdu en
plein désert, à la recherche de son âne et des richesses qu'il
transportait. Une princesse-magicienne, Elika, fait son apparition, poursuivie
par plusieurs gardes. Le héros, qui n'a guère de ressemblance avec
un prince de Perse, décide pourtant de l'accompagner jusqu'à un
temple retenant prisonnier l'esprit du maléfique Ahriman. Ce dernier est
par malheur libéré, et le duo d'aventuriers va devoir explorer diverses
contrées afin de les purifier à nouveau, grâce aux pouvoirs
magiques d'Elika.
Les
développeurs d'Ubisoft Montréal ont fait table rase de tout ce que
l'on avait appris à connaître ces dernières années
dans les précédents jeux. Exit la dague du temps, le Prince tel
qu'on le connaissait, les morts à répétition, les combats
contre des hordes d'ennemis, ou encore la princesse Farah. Ce Prince of Persia
HD entame une nouvelle série. Cela saute aux yeux dès les premiers
instants d'ailleurs, grâce au style graphique utilisé, proche du
Cell Shading. Même si ce choix ne plaira pas forcément à tout
le monde, le résultat est à la hauteur et très original.
On a souvent l'impression d'admirer des artworks en contemplant les décors,
sauf qu'ici, on peut les explorer. Malgré la technique utilisée,
les textures restent fines et très bien détaillées, et changent
en temps réel de façon très réussie lors de la purification
d'une zone. Les animations des deux héros, élément qui a
toujours été la marque de fabrique de la série, sont nombreuses
et de qualité. Quelques ralentissements et un peu de clipping sont cependant
à signaler.
Elika accompagne
le héros durant toute son aventure, et l'aide grandement dans sa tâche.
Grâce à ses pouvoirs magiques, c'est elle qui débloque les
nouvelles zones à explorer, qui l'aide lors des combats, qui prolonge la
distances des sauts un peu courts et qui le sort des situations fâcheuses.
Lors de chaque chute en effet, synonyme par le passé de game over, Elika
intervient en volant au secours de notre personnage et le dépose à
quelques mètres de là, sur la précédente plate-forme
stable où l'on se trouvait quelques secondes en arrière. Plus de
fins de parties abruptes donc, ce qui rend le jeu moins frustrant, accessible
au plus grand nombre, mais rendant également la progression très
facile et moins haletante. Les joueurs occasionnels apprécieront, les autres
peut-être un peu moins. Même les affrontements ne peuvent plus être
perdus; en cas "d'échec" en effet, on reprend le combat avec
un ennemi à la santé juste un peu revigorée. A propos des
affrontements, ceux-ci sont peu nombreux, et ne mettent en scène qu'un
seul adversaire à la fois. Plusieurs combos peuvent être exécutés,
mêlant gardes, attaques au sabre, sauts et attaques magiques d'Elika. L'interaction
avec cette dernière est bien réussie également en dehors
des combats, et l'on peut ainsi converser avec elle, ou voir les nombreuses animations
sympathiques, souvent agrémentées de petits commentaires, lorsque
le héros et la princesse se trouvent par exemple sur une poutre et veulent
échanger leur place.
Très
tôt dans le jeu, on nous met à disposition une carte avec 25 zones
différentes que l'on peut explorer dans l'ordre désiré (pour
autant qu'elles aient été débloquées par les pouvoirs
d'Elika), ce qui est appréciable. Cette impression de liberté est
en revanche atténuée dans les parcours que l'on emprunte à
l'intérieur même d'une zone. On n'a en effet guère le choix
du tracé à emprunter, et si on dévie un peu du chemin prévu,
la princesse nous "sauve" en nous ramenant à la plate-forme précédente,
ce qui est frustrant et n'aide pas à l'exploration libre. Plus besoin d'explorer
ou d'étudier à l'avance les parcours à emprunter, ceux-ci
apparaissent en effet très vite de façon logique. Et pour les rares
fois où ce n'est pas le cas, on peut voir des traces sur les murs nous
indiquant où passer, ou encore, aide ultime, demander à Elika de
nous montrer le chemin à suivre grâce à une orbe flottante.
Les enchaînements de mouvements, bien qu'agréables à exécuter,
sont également assez répétitifs, avec des séquences
nombreuses de courses sur les murs, bonds sur le mur d'en face, saisie d'anneaux,
escalade sur plantes grimpantes, et glissade sur un mur avec le gantelet équipé
de griffes, qui reviennent très souvent. Même si le style graphique
de chaque zone est différent, son schéma de progression est en revanche
toujours identique : on enchaîne une série de plates-formes avant
d'atteindre la zone centrale, on combat le boss, on purifie la zone, puis on refait
le chemin en sens inverse en prenant soin de récolter les petites orbes,
nécessaires pour débloquer les pouvoirs d'Elika, puis on se rend
ensuite à la zone suivante. Vite répétitif.
On notera
la présence d'une grosse série de dessins conceptuels à débloquer,
ainsi que quelques tenues pour le Prince et sa compagne, toujours sympathique.
Ce
nouveau Prince de Perse tranche radicalement avec les précédents
épisodes. Le jeu se veut bien plus abordable et moins pénalisant,
notamment grâce aux nombreuses aides apportées par Elika, ce qui
est bien, mais hélas cela enlève également du challenge et
de l'intensité en rendant le jeu bien plus facile. On regrette le côté
répétitif de progression pour chaque zone, le peu de possibilités
d'exploration, ainsi que des enchaînements de mouvements qui reviennent
trop souvent. Malgré cela, la prise en main est très bonne et le
jeu dégage toujours une atmosphère envoûtante des Mille et
Une Nuits, grâce à des graphismes soignés et des musiques
et des bruitages très réussis. Un bel habillage, mais qui manque
encore de personnalité pour qu'on se sente pleinement captivé.
Max73
- 10.01.2009