Déjà
encensé par la critique et récompensé
par des ventes records, Grand
Theft Auto IV est le premier épisode
de cette série à voir le jour sur
les consoles de nouvelle génération.
Plus de dix ans après le premier GTA sorti
sur PC, après de nombreuses déclinaisons
sur consoles de salon et portables, après
un Table
Tennis et un Bully
sympathiques qui nous ont fait patienter, le titre
de Rockstar est enfin là, six mois après
sa première date de sortie initialement
annoncée. L'attente a été
longue, mais valait la peine.
Dans
Grand Theft Auto IV, on incarne Niko Bellic, un immigrant serbe fraîchement
débarqué aux Etats-Unis, pour rencontrer son cousin Roman afin de
tenter de vivre le rêve américain. Liberty City, basée sur
la ville de New York, est une cité où tout est possible, mais la
réalité constituée de dettes, escrocs et problèmes
en tous genres vient bien vite se heurter aux rêves de réussite des
deux cousins. Pour s'en sortir et se faire une place, Niko va devoir travailler
pour divers gangs criminels, groupes mafieux et organisations louches.
Liberty City est découpée en
plusieurs îles, dont certaines sont verrouillées par la police au
début de l'aventure. Sur chaque île d'importance, on trouve divers
magasins (d'armes, de vêtements), des services (lieux où acheter
de la nourriture, lavage et réparation de voiture, cybercafé) ainsi
que des lieux de détente. Ces derniers sont utiles pour faire des sorties
avec ses amis et amies que l'on rencontre au fil du jeu. Un système d'amitié
fait ainsi son apparition, et pour conserver de bonnes relations, il est nécessaire
de proposer des sorties à ses connaissances via l'interface du téléphone
portable. Parmi ces activités, on trouve bars, restaurants, jeu de fléchettes,
billard, bowling, spectacles et clubs de strip-tease. Si ce système de
gestion d'amitié est plutôt sympathique en début d'aventure,
il se révèle hélas un peu contraignant et bien répétitif
plus tard dans le jeu, une fois que toutes ces activités ont été
faites plusieurs fois, et qu'un contact nous propose une énième
sortie nocturne. On peut bien sûr toujours refuser, mais dans ce cas l'appréciation
de la personne à notre égard chute, et on risque de perdre le bonus
spécifique lié à cette personne (tel qu'un appel pour un
transport gratuit en taxi). Hormis toutes ces activités, la taille et la
modélisation de la ville sont vraiment impressionnantes. Son architecture
et ses habitants, malgré un IA plutôt limitée, la rendent
presque vivante et très crédible. Un gros plus qui renforce encore
l'immersion, déjà excellente grâce à un scénario
intéressant et des personnages bien développés.
Les missions obligatoires, celles
liées à l'intrigue principale, sont très nombreuses et pour
la plupart intéressantes. On constate parfois un peu de répétition,
mais plusieurs sont vraiment originales, bien pensées et parfois très
drôles, élément salvateur de cette série. En cas d'échec,
on peut toujours relancer la mission grâce à notre téléphone
portable, sans passer par un chargement de sauvegarde. Pratique et bien pensé,
surtout que l'on peut souvent combiner cela à un trajet en taxi où
l'on peut zapper le temps de déplacement jusqu'au lieu où débute
la mission, moyennant quelques dollars. Les sauvegardes se font automatiquement
après chaque mission réussie, ce qui est une bonne chose. Elles
peuvent également être faites manuellement, mais uniquement dans
une des planques que l'on possède, généralement une par île.
Un peu contraignant à ce niveau, on aurait préféré
pouvoir sauvegarder en tous temps. Le menu du jeu est plutôt original, car
une fois la galette insérée dans sa console, on accède, après
un temps de chargement, directement au jeu, là où on en était
resté avec sa dernière sauvegarde. Les accès aux options,
chargements et nouvelles parties se font ainsi en cours de jeu sans qu'il y ait
à passer par un quelconque menu avant d'entrer dans l'aventure. A côté
de l'intrigue principale qui nous occupe plus qu'agréablement pendant 30
à 40 heures, on trouve toute une série de missions facultatives
qui sont là pour augmenter son pactole et parfois faire progresser l'amitié.
On nous propose ainsi de voler certains véhicules spécifiques, de
livrer des paquets de drogue ou encore de participer à certaines courses.
Ces missions sont cette fois plus répétitives, moins intéressantes
et sans réel scénario, mais elles ont le mérite d'exister
et de faire durer encore le plaisir d'être immergé dans Liberty City. Les
deux grandes avancées dans la jouabilité de ce GTA se situent au
niveau des combats et des véhicules. Pour ces derniers, le jeu se veut
plus réaliste et il faut un petit temps d'adaptation pour bien maîtriser
les virages. Chaque véhicule se conduit différemment et réagit
à sa façon dans les contours, où l'utilisation du frein devient
pour une fois nécessaire dans la série. Un changement réussi
et pas si anodin vu le nombre d'heures que l'on passe au volant en cours de jeu,
que ce soit pour les fuites, déplacements, livraisons ou poursuites. Concernant
les combats, Grand Theft Auto IV s'est mis à la mode popularisée
principalement par Gears
of War du tir avec couverture. On peut ainsi se cacher derrière
presque n'importe quel obstacle dans le jeu, que ce soit derrière un mur,
une caisse en bois ou à quatre roues. Ce système marche plutôt
bien même si on aurait apprécié un peu plus de souplesse encore,
notamment quand il s'agit de se "décoller" d'un élément
de décor ou de passer d'un point de couverture à un autre. Par défaut,
la visée est automatique, avec un viseur qui se verrouille sur les cibles
un peu à la manière de Crackdown.
Cette assistance facilite bien la tâche si les ennemis sont éloignés
les uns des autres, mais rend le passage d'une cible à une autre pas toujours
évident si les adversaires sont rapprochés.
Sur les captures d'écran et même
en cours de jeu, la réalisation graphique n'est pas forcément toujours
spectaculaire. Même si on les observe peu souvent de près, certains
personnages manquent ainsi de détails, de polygones et certaines textures
de relief. Mais l'aspect impressionnant est malgré tout présent
en observant la taille remarquable de la ville et les habitants qui s'y déplacent.
Au vu de cela, on comprend mieux le choix de certaines textures pas toujours très
belles, et un certain flou présent sur tous les décors d'arrière-plan.
GTA IV reste malgré tout joli, grâce notamment à des conditions
météo bien rendues et l'utilisation de filtres graphiques différents
selon l'heure de la journée. Les divers effets de flou (lors de conduite
à grande vitesse, ou... en état d'ivresse), et les explosions viennent
compléter le tout pour offrir un ensemble finalement agréable. Le
moteur physique est de qualité et donne droit à des chutes de personnages
et des carambolages de voitures souvent impressionnants. Tenant compte de tout
ce qui est affiché et de ce que la console doit gérer sans temps
de chargement ou presque, on tolère mieux les ralentissements souvent fréquents,
les pop-ups de véhicules et les quelques bugs graphiques rencontrés. Les
dialogues ne sont pas traduits en français, juste sous-titrés dans
notre langue, ce qui n'est pas un mauvais choix tant la VO est de qualité
et aurait été difficile à reproduire avec autant de nuances
en français. Mais en raison d'accents anglais bien marqués, de fréquentes
tournures d'argot et même de quelques échanges en russe et en serbe,
il est à plusieurs reprises nécessaire de faire une pause en voiture
si le dialogue entre deux protagonistes a lieu en cours de route. Le reste de
l'aspect audio s'en tire également avec les honneurs, avec des bruitages
convaincants et un choix musical exceptionnel, que l'on peut surtout écouter
en conduisant grâce aux stations de radio. On découvre ainsi avec
plaisir près d'une vingtaine de stations aux styles variés et proposant
plus de 200 chansons de groupes allant de parfaits inconnus (mais souvent de qualité,
comme c'est le cas sur Vladivostok FM) à des artistes de légende,
tels que Bob Marley, David Bowie, Genesis, Iggy Pop, Queen, The Who ou encore
R.E.M. Bref de quoi combler les amateurs de quasiment tous les genres. Et comme
si cela ne suffisait pas, les stations sont animées par des DJ, agrémentées
de news en rapport avec l'actualité dans le jeu et complétées
encore par plusieurs chaînes TV que l'on peut visionner dans les planques.
Chose surprenante, pour accéder aux
modes multijoueurs de GTA IV, il est nécessaire d'utiliser son téléphone
portable en cours de jeu solo. Original et plutôt sympa, sauf lorsque l'on
subit un problème de connexion à une partie, nous obligeant à
revenir à ce mode solo pour ré-entrer ensuite dans le multi. Le
jeu à plusieurs se déroule uniquement sur le Live, avec entre 2
et 16 joueurs selon les modes choisis. A côté de la personnalisation
de son avatar et de la mise en route facilitée par un didacticiel bien
conçu, on accède aux parties avec ou sans classement. On aurait
pu croire que Rockstar allait proposer un contenu minimum pour l'aspect multijoueur
de son jeu, juste histoire de cocher une case dans le cahier des charges, mais
il n'en est rien. Ce sont en effet plus d'une dizaine de modes qui sont proposés
pour le jeu en ligne. On trouve les classiques Deathmatch et Deathmatch en équipe,
les Missions mafia (chacun pour soi ou en équipe) dans lesquelles on doit
remplir avant les autres joueurs certaines missions que l'on reçoit par
téléphone portable, le Car jack (seul ou en équipe) où
l'on doit récupérer des véhicules et les amener à
bon port, le Tocar ace driver qui est une course en véhicules, la Course
Gta qui est similaire au mode de jeu précédant mais avec des armes,
le Gendarmes et voleurs où une équipe incarne des policiers traquant
les malfrats de l'autre équipe tentant de s'enfuir, le mode Guerre de territoire
où cinq zones sont à capturer et contrôler, et enfin trois
missions de coopération (2 à 4 joueurs) avec Casseur de trafic,
Assaut du Noose et Boum la base. Il n'y a pas de maps spécifiques aux modes
multijoueurs, puisque le jeu à plusieurs utilise en fait directement la
ville de Liberty City. L'hôte de la partie choisit par contre généralement
le quartier ou l'île où se déroule la partie. Le seul petit
regret que l'on pourrait éventuellement formuler quant au multi est l'absence
d'un vrai mode coopératif pour l'ensemble de l'aventure. Mais au vu de
sa construction et de certaines missions, il aurait sans doute été
bien difficile d'intégrer cela au jeu. Grand
Theft Auto IV ne révolutionne pas le genre qu'il a créé il
y a des années, mais apporte son lot de nouveautés bien venues dont
un plus grand réalisme, et des améliorations notables concernant
la conduite et les combats avec les armes à feu. On peut regretter la relativement
faible personnalisation que l'on peut faire du héros, le système
d'amitié qui apporte plusieurs avantages mais aussi un aspect contraignant
et de la répétitivité si l'on désire conserver de
bonnes relations avec ses contacts, quelques petits problèmes techniques
dont une fluidité jamais vraiment au top et un système de visée
automatique perfectible. En dehors de ça, le dernier-né de Rockstar
Games s'avère vraiment excellent, grâce notamment à des missions
intéressantes, un système de jeu fun et prenant, des personnages
attachants et bien développés, un second degré qui manque
à certains jeux du genre (Saints
Row par exemple), une ville gigantesque et très bien conçue,
des voix et des musiques très bonnes, une bonne durée de vie, et
des modes multijoueurs qui font bien plus que de la simple figuration. Max73
- 19.05.2008
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