Sega Rally premier du nom, depuis l'avènement de la 3D et de la Saturn,
impose toujours son nom dans ce genre si disputé qu'est la discipline du
rallye automobile. Déjà 11 ans, c'était en 1996, et rares
sont les jeux de courses à procurer autant de fun et de sensation que ce
simplissime mais efficace jeu. Après un très chouette second épisode
sur Dreamcast en 2000 et un malheureux épisode sur Playstation 2 en 2006,
voyons si pépé Sega a utilisé l'adage suivant : " c'est
dans les vieux pots que l'on fait les meilleures recettes ".
Issu
du tout nouveau studio anglais de Sega, Sega Racing Studio, ce nouvel opus de
la série a décidé de renouer avec le passé en conservant
un gameplay tout en finesse mais diablement instinctif. On retrouve de part la
configuration du pad Xbox 360 les mêmes sensations de pilotages que sur
l'épisode sortit au lancement de la Dreamcast : les gâchettes pour
l'accélération et le freinage, un joystick pour la direction et
un bouton pour le frein à main. Rien de plus simple. C'est alors que l'on
prend plaisir à virer, sous-virer, jouer du frein moteur et de l'adhérence
des surfaces. Si le fun est au rendez-vous, c'est aussi en grande partie dû
à la très intéressante nouveauté de ce Sega Rally
: la déformation des pistes. Au gré des tours que l'on effectue,
les pistes se creusent, se labourent, bref se détériorent. En plus
de donner un aspect graphique assez plaisant, cela influence le gameplay. Par
exemple, si on se lance à toute allure dans les sillons tracés par
un concurrent, il n'est pas dit que l'on puisse sortir indemne à l'issu
du virage. En effet, si une roue se retrouve dans un creux alors que les trois
autres sont à niveau, les commandes répondront différemment,
les vibrations se manifesteront et les jurons fuseront. Ceci a le mérite
de retenir l'attention des joueurs qui se reposeraient un peu trop vite sur leur
connaissance des tracés. D'ailleurs, il faut ajouter à l'attention
l'anticipation. Les bosses et autres marques au sol sont assez visibles pour pouvoir
éviter avec grâce, parfois, les obstacles. De plus, les indications
du copilote sont toujours de la partie, comme au premier jour, avec la même
voix que sur l'épisode Saturn, de quoi couiner de nostalgie.
Quand
bien même le joueur ne suivrait pas les instructions données par
ce gentil monsieur, il y aura toujours de quoi remettre le pilote dans le droit
chemin puisque les sorties de pistes sont impossibles. La route est bordée,
de part et d'autre d'éléments graphiques qui empêchent le
vagabondage : Rochers, arbres, rambardes, maisons, etc.
Le
cur du jeu se situe au niveau du mode championnat. Celui-ci se décompose
en une multitude de compétitions réparties en trois catégories
: Standard, Modifiées et Classiques. Celles-ci correspondent aux types
de véhicules que l'on aura à dispositions pour jouer dans la gadoue.
En standard, on aura droit aux voitures dites courantes : Subaru Impreza, Misubishi
Lancer et consort, tandis qu'en Modifiées, il faudra compter sur la Toyota
Célica, la Citroën C2 ou encore la Grande Punto. Les compétitions
en Classiques quant à elles nous proposerons des véhicules que l'on
pourrait qualifier de cultes : Lancia Stratos, 205 T16, A2 Quattro et autres Lancia
Delta.
La difficulté est d'emblée rebutante lorsque l'on s'attaque
à la première épreuve. Alors que l'on bataille pour éviter
de terminer en sixième et dernière place, on se rend compte que
le premier fait son petit bonhomme de chemin bien loin de nous. Quelques courses
plus tard, il devient primordial de réussir ses démarrages, quitte
à faire du rentre dedans car la difficulté va, logiquement, crescendo.
Il est donc assez rageant de ne pas avoir droit de participer à des qualifications
avant de se lancer de plein fouet dans l'arène. Si en plus, il est dit
que certaines pistes sont bien plus courtes que d'autres, vous comprendrez à
quel point l'acharnement est de mise pour ne serait-ce qu'atteindre la deuxième
place. A noter qu'à chaque début de compétitions, il est
proposé de sélectionner le mode de conduite de son véhicule
entre " hors-piste " et " route ", respectivement pour les
surfaces boueuses et caillouteuses et pour les pistes avec bitumes. Le bon choix
peut grandement faciliter la victoire.
En plus du mode championnat, vous pourrez
prendre part à des courses rapides. On dénombre pas moins de 23
pistes sélectionnables (dont quelques pistes inversées) réparties
sur cinq environnements : tropical, alpin, canyon, arctic et safari. Sans compter
la piste à débloquer, rive du lac. De quoi s'entraîner sur
les circuits avant de se lancer dans un championnat. S'ajoute à cela un
mode contre la montre dans lequel s'inscrivent nos temps et ceux de nos amis connectés
au Xbox Live. Enfin, un mode multijoueur pour prendre part à des courses
(jusqu'à 6) sur le Xbox Live toujours ou pourquoi pas mettre sa pattée
à un ami sur une même console en écran splitté dans
une partie course poursuite.
Le côté
graphique de Sega Rally fait dans le classique également. Il ne faudra
pas s'attendre à une esbroufe d'effets spéciaux, de lens flare et
motion blur à tout va, non, on se contentera d'un jeu léché,
bien propret, mais qui conserve toutefois la marque de fabrique propre à
ses origines. Les courses dans les canyons restent assez vides, mais donnent l'impression
d'immensité lorsque l'on s'immisce dans un chemin boueux avec l'ombre des
rochers qui nous domine. Avantage à l'environnement qui a pour thème
la montagne, qui cumule à lui seul trois types de surfaces différentes
: neige, bitume et terre, le tout agrémenté de petit village, de
ponts, de tunnels et de conifères.
Ce qui force le respect surtout
dans Sega Rally, c'est la façon dont les pistes sont maltraitées.
A chacun des passages de roues des 6 concurrents, la route se voit balafrée
d'une fort belle manière. Si on s'amuse dans une section boueuse avec son
lot de flaques d'eau, celles-ci s'étendront dans les traces de roues au
sol.
Aussi, il ne faut pas oublier le travail assez intéressant sur
la modélisation des véhicules. S'ils sont comme on les voudrait
toujours, sans aliasing, ils pourront ( et devront) se salir. Entre la poussière,
les gerbes de boue et la neige, les voitures auront de quoi solliciter leur belle
carrosserie. D'autant plus que les dégâts ne sont pas pris en charge
ici.
Toujours concernant la partie technique, il est à noter que parfois,
de petits événements viennent perturber le titre, et il ne s'agit
pas des avions, hélicoptères et autres animaux de l'environnement
de jeu, mais bel et bien de ces satanés ralentissements. Même s'ils
interviennent rarement, il est dommage que pour un jeu de cette trempe, le joueur
ait à écoper de ces soubresauts ludiques. Ajoutons qu'un léger
clipping de détail se manifeste par moment, notamment au niveau des ombres
des éléments du décor sur la piste.
Ce
nouveau Sega Rally parvient à redorer le blason de la série qui
s'est vu ternir par le catastrophique épisode " 2006 " sur Playstation
2. Avec un gameplay ravageur, une réalisation bien menée (malgré
quelques ralentissements) et une durée de vie colossale, le premier bébé
de Sega Racing Studio promet de gais lendemains pour le genre automobile chez
la marque du hérisson. A ranger à côté de Colin
Mcrae - Dirt, plus technique, mais aussi plus austère. Un incontournable
du rallye sur console, comme au bon vieux temps.
Inspecteur Gadget - 10.10.2007