Test Drive Unlimited se présente
comme le premier M.O.O.R (Massively Open Online Racing), pendant motorisé
des jeux de rôles à monde persistant. Ici, c'est l'île d'Oahu
(à Hawaii) et ses plus de 1500 kilomètres de bitume qui nous accueillent.
Pas d'elfes, de trolls ou encore d'orcs dans ce titre, mais des bolides estampillés
Ferrari, Audi, Ducati, Koenigsegg, Lamborghini et d'autres (plus de cent modèles,
plus de trente marques) pour tenir la vedette. Après une courte séquence
d'introduction qui permet de choisir son avatar, on s'envole pour Oahu. Une fois
sur place, en moins de dix minutes, on se retrouve propriétaire d'une magnifique
maison disposant d'un garage plus que nécessaire et d'une voiture qui nous
permettra d'avaler nos premiers hectomètres. La maison servira de QG, on
y tiendra à jour ses classements et records, sa liste de bolides et son
dressing.
Il
est alors temps de découvrir quelles possibilités offre Oahu. Des
challenges off et online, des concessionnaires, des boutiques, d'autres maisons
à vendre, tout cela se découvre en un coup d'œil grâce
à la carte GPS, d'une ergonomie parfaite. En bleu, les challenges solo,
en orange, ceux du Live. Les challenges sont de plusieurs types. La course bête
et méchante contre d'autres pilotes, le contre-là-montre, classique
aussi, mais également des missions de convoyage (où il s'agit d'amener
une voiture d'un point A à un point B), d'escorte (Hawaii regorge de top-modèles
ayant besoin d'un taxi) ou de rapidité (on doit passer plusieurs radars
et obtenir une moyenne de vitesse précise pour l'emporter).
Contre-la-montre
et course sont relativement aisés en solo. Il suffit de disposer de la
bonne caisse et d'enchainer les check points sans trop traîner pour l'emporter
aisément. La circulation est de plus moins fournie lors de ces deux épreuves.
Ce qui n'est pas le cas dans les missions de radars, qui demandent de jongler
entre la recherche de la bonne trajectoire (dans les virages et entre ces traînards
de conducteurs), la prise de risque, le choix du meilleur itinéraire (le
GPS ne fonctionne pas dans ces défis) et la police, pas franchement contente
de vous voir foncer joyeusement pour faire exploser les radars. Les convoyages,
eux, n'imposent aucune limite, ni de temps ni de vitesse minimale. Cependant,
les trajets à faire sont très longs (20-30km parfois) et mettront
vos nerfs à rude épreuve. En effet, comment résister à
l'envie de mettre le pied au plancher au volant d'une Ferrari rutilante ? Oui,
mais voilà, le propriétaire aimerait qu'elle arrive en un morceau
à destination. Chaque choc, chaque sortie de route feront diminuer votre
prime. Un voyage " parfait " vous permettra d'obtenir un bonus conséquent
sur votre salaire. Les escortes de jolies filles vous rapporteront des bons d'achat
dans les boutiques de fringues et accessoires, nécessaires si vous voulez
que votre look soit aussi tape-à-l'œil que votre monture. Les filles
veulent parvenir à destination dans un temps limité, mais là
aussi, sans bosses ni égratignures. Mentionnons encore les défis
" coursier ", dans lesquels on doit transporter un objet pour quelqu'un
et ceux qui nous donnent la charge d'un auto-stoppeur, équivalent masculin
du transport de Miss. La barre "pilotage", qui sanctionne vos écarts
de conduite peut apparaître dans tous les défis ou presque et ajoute
alors un piment certain. Devoir battre un record sans sortir un seul instant de
route sous peine de pénalité de temps est bien plus ardu par exemple.
Les épreuves les plus longues durent parfois vingt ou trente minutes, sans
même parler du défi " tour de l'île ", long de près
de 200 kilomètres…
Les différents challenges, répartis
sur l'ensemble de l'ile et extrêmement nombreux (on les compte par centaines)
permettent de ne jamais se lasser, on passe de l'un à l'autre avec plaisir.
Il existe aussi la possibilité de défier les adversaires que l'on
peut croiser sur l'île (leur nom et leur distance par rapport à vous
sont inscrits au-dessus de leur bolide) en faisant un appel de phares. On choisit
un point d'arrivée et hop, c'est parti pour un duel.
Pour
accéder à un défi ou à un lieu-clef (concessionnaires,
maisons, etc.), il faut soit s'y rendre avec son véhicule, en écoutant
les consignes de la voix féminine de notre GPS, soit directement via la
carte (à condition d'être déjà passé dans la
zone voulue). Le GPS est pratique mais parfois énervant. Regarder l'itinéraire
idéal, en vert sur la mini-carte en bas de l'écran, tout en slalomant
dans la circulation, ce n'est pas simple. De plus, les consignes vocales arrivent
souvent trop tard. Quand vous foncez à 200 km/h, il est difficile de prendre
un virage s'il n'est annoncé que cinquante mètres avant… Malgré
tout, cet outil est bien pratique et permet de se déplacer dans l'immense
île aisément.
Une île qui est plutôt jolie, d'ailleurs.
Sachant que l'on peut l'arpenter sans le moindre chargement visible, que la circulation
est relativement dense, que la vitesse d'affichage est bonne (malgré une
fluidité faiblissant lors des brusques changements de vitesse ou de certains
dépassements) ; la modélisation des voitures, qui n'atteint certes
pas celle de PGR 3, des constructions et des éléments naturels est
de très bonne facture. Un jeu que l'on peut qualifier de très beau
dans l'ensemble. Le pilotage propose six ou sept vues, dont une intérieure.
Là aussi, c'est du tout bon, même si cela reste inférieur
à PGR 3 concernant la représentation du tableau de bord. Bien sûr,
les voitures et camions croisés se ressemblent un peu tous, l'eau fait
un peu pâle figure et on ne peut pas abîmer son bolide, mais ce sont
sans doute des petits sacrifices nécessaires pour profiter de l'ampleur
du terrain de jeu. Sacrifices largement compensés par la liberté
offerte et quelques jolis effets (le flou sur les côtés lors des
pointes de vitesse, la lumière bien rendue…).
Côté
son, c'est également du bon. Les ronronnements et autre rugissements des
moteurs sont dans le ton. De plus, la radio, accessible avec la croix directionnelle,
propose cinq ou six stations pour autant de style : metal, soul, classique…
On prend un certain plaisir à foncer à près de 300 km/h au
son des cuivres de la charge des Walkyries en se faufilant de manière quasi
kamikaze entre les usagers de la route normaux ! Tatatata taaa, tatatata taaaa…
On mettra déjà un temps
conséquent pour venir à bout de toutes les épreuves du solo,
encore plus si on veut remporter toutes les coupes en or et réussir parfaitement
escortes et convoyages. Mais ce n'est que la moitié immergée de
l'iceberg si l'on est connecté au Live. En effet, celui-ci permet, sans
avoir à rentrer dans un mode propre, d'affronter d'autres joueurs sur l'île.
Les épreuves multi, en orange sur la carte, allongent de manière
infinie la durée de vie du titre. Chaque joueur, grâce à la
carte, peut rejoindre un ami, où qu'il soit sur Waooou, pardon, Oahu. De
plus, il peut créer des épreuves, en en fixant les règles
et les check points pour les proposer ensuite à la communauté entière,
par l'intermédiaire des " drive-in ", où sont listées
toutes les épreuves à relever. Il y a possibilité de fixer
une finance d'inscription et l'organisateur perçoit une commission sur
les gains engrangés par les pilotes qui prennent part à l'épreuve.
Une des autres options intéressantes offertes via le Live, ce sont les
" e-achats ", qui permettent de vendre ou d'acheter des véhicules
d'occasions aux autres gamers. Dommage que cette option soit peu utilisée.
Pour mieux s'organiser dans ces options multi, il y a la possibilité de
créer ou d'adhérer à un club, dont les membres doivent avoir
des points communs (amateurs de motos, de Ferrari, etc.). Cela permet ensuite
de participer à des courses interclubs.
Evidemment, rien n'empêche
également de simplement se balader en compagnie d'autres pilotes sur cette
île ensoleillée, en toute décontraction, en discutant de ses
derniers exploits chronométrés ou en comparant ses classements sur
les épreuves. Une interconnexion entre le jeu offline et online qui tiendra
certainement un rôle de modèle dans l'avenir. Pas de problèmes
de lag à signaler, mais on regrettera par contre l'indisponibilité
des serveurs TDU de temps en temps.
Le gameplay se veut simple. Le pilotage
est plutôt typé arcade et on prend en main rapidement les rênes
des centaines de chevaux cachés sous les capots des tutures. C'est surtout
la vitesse démente qui obligera le joueur à soigner son pilotage,
on a vite l'impression que les autres voitures sont à l'arrêt alors
qu'elles roulent ! Les différences entre les bolides sont bien marquées.
Tenue de route, accélération, impossible de confondre une fusée
rouge arborant un étalon cabré avec l'Audi TT qui fut mon premier
achat et l'arme de mes premières victoires sur l'île. Des réglages,
simples mais pas trop, sont bien sûr disponibles, mais très franchement,
seuls les plus maniaques s'en serviront, les autres se contenteront de ceux de
base. Les adversaires lors des courses sont hargneux, entre eux particulièrement
(ça change un peu des titres de courses en général) et s'envoient
souvent dans le décor. Les courses sont donc vivantes, quoique pas assez
serrées en général, sauf dans les courses appartenant aux
dernières catégories de difficulté et lorsqu'elles offrent
des variantes, comme le mode " eliminator ", dans lequel le dernier
à chaque fin de tour est éliminé.
La police est plutôt
sympa. Elles sanctionnent surtout les chocs contre les autres conducteurs et ne
nous poursuit que faiblement, selon un système de trois niveaux d'alerte.
Poursuivi, on ne peut rentrer dans un défi sans payer une amende. Celle-ci
peut aussi vous être imposée après que le véhicule
de patrouille No 6 (oui, c'est toujours le 6 qui nous poursuit si l'on en croit
les dialogues entre flics…) vous a embouti, ce qui arrive rarement.
Pas
accessibles dès le début du jeu, des motos sont également
utilisables sur le bitume hawaïen. Le pilotage des différentes motos
ne pose aucun problème en soit, mais est beaucoup plus délicat que
celui des quatre roues (évidemment, on en perd deux...) Les bolides à
deux roues sont des monstres d'accélération, il faudra doser celle-ci
(surtout en sortant d'un virage) pour ne pas se vautrer lamentablement. D'ailleurs,
le jeu semble un poil plus pénalisant lorsque l'on conduit une moto à
cause du temps supplémentaire que l'on perd en chutant (temps qui peut
faire la différence dans certaines courses). Autrement, c'est un réel
plaisir que de zigzaguer dans le trafic avec sa ZX10R par exemple quand on commence
à maîtriser l'engin, car les sensations de vitesse sont très
bien rendues.
Oahu , c'est mieux
que le club Med. On y trouve toujours quelque chose à faire. La personnalisation
de notre pilote est complète, puisque l'on peut acheter des fringues dans
diverses boutiques et changer l'apparence corporelle de notre avatar. Pour frimer
sur le Live, autant avoir la classe ! Bien sûr, selon le type de joueur
que l'on est, on passera parfois complètement à côté
de cet aspect superficiel pour aller titiller les records. Chacun devrait trouver
son bonheur sur Oahu, qu'il soit compétiteur, collectionneur, poseur, provocateur
ou simplement promeneur à moteur. Dans tous les cas, la durée de
vie est conséquente. Remplir tous les défis et débloquer
tous les succès (ceux-ci invitent d'ailleurs à ne pas manquer l'un
ou l'autre des pans de ce jeu) est l'affaire de très nombreuses heures.
Test
Drive Unlimited tient bien ses promesses. Ergonomique, beau et jouable, il offre
une expérience nouvelle dans un genre éculé (les courses)
et donne un savoureux avant-goût de ce que seront les jeux dans le futur,
connectés pour gagner en richesse. TDU ne néglige pas pour autant
les solistes qui y prendront plaisir aussi, et longtemps. Des défauts ?
Peut-être le GPS, perfectible, la fluidité, parfois branlante et
la facilité relative des défis de course contre d'autres pilotes,
compensée par les autres toutefois. Quelques plantages ont également
émaillé l'expérience de jeu. Malgré ces très
légères éraflures sur la carroserie de TDU, le pari d'Eden
Games est relevé avec brio tant sur les plans technique que ludique. Un
tout bon jeu, grisant et dépaysant, un peu comme une Lamborghini sous le
ciel d'Hawaï.
Sam Fisher-
29.09.2006