Après trois épisodes de Halo signés
Bungie sur Xbox et Xbox 360, la série
phare des consoles de Microsoft fait son retour
avec son premier "spin-off", sous
forme de jeu de stratégie en temps réel,
mais développé cette fois par
Ensemble Studios, les créateurs de la
série à succès Age of Empires
sur PC.
L'histoire d'Halo
Wars se déroule en 2531, soit 21 ans
avant les événements de Halo
Combat Evolved. L'aventure débute
sur la planète Harvest, que les fans
de l'univers de Halo connaissent comme étant
le lieu de la première rencontre avec
les extra-terrestres belliqueux connus sous
le nom de Covenants. Cinq années après
les premiers combats, la bataille fait toujours
rage sur la planète sur laquelle de mystérieuses
ruines viennent d'ailleurs d'être aperçues.
Certaines découvertes guideront le joueur
également sur deux autres planètes
au cours de l'aventure. Au cours de celle-ci,
on fait connaissance avec l'équipage
du vaisseau UNSC l'Esprit de Feu, composé
notamment du commandant du vaisseau: le capitaine
Cutter, de l'homme de terrain: le sergent Forge,
de la scientifique du groupe: le professeur
Anders, ou encore de l'IA Serina. Halo Wars
propose une campagne jouable seul, et, chose
moins habituelle pour ce type de jeu, également
à deux en coopération sur Xbox
Live.
Les commandes sont
classiques mais très efficaces et rapides
à prendre en main. Le bouton A permet
de sélectionner une unité en particulier
ou de "peindre" une zone pour en sélectionner
plusieurs. X permet à un groupe de se
déplacer ou d'attaquer. Le bouton Y permet
d'utiliser la capacité spéciale
de chaque unité lorsqu'elle est disponible
(par exemple l'attaque bélier du Warthog
pour écraser l'infanterie). Au niveau
de la sélection d'unités, on peut
également utiliser LB pour choisir toutes
les unités, ou encore RB pour sélectionner
uniquement celles présentes à
l'écran. Les deux sticks permettent quant
à eux de déplacer le réticule
et la caméra (rotation et zoom/inclinaison).
Avec ces simples commandes on s'en sort déjà
bien, mais pour ceux qui veulent aller un tout
petit peu plus loin, on peut encore utiliser
la gâchette droite pour ne choisir qu'un
seul type d'unités parmi celles déjà
sélectionnées, faire un "double-clic"
avec A pour choisir toutes les unités
d'un même type présentes à
l'écran, actionner la gâchette
gauche pour se déplacer plus rapidement
sur la carte, ou encore utiliser la croix directionnelle
et ses raccourcis (non modifiables) : menu des
pouvoirs, passer d'une armée à
une autre, faire défiler les bases, accéder
au lieu de la dernière alerte. Une prise
en main aisée donc, sans surprise, mais
qui devrait permettre à tous les joueurs
de se lancer sans peine dans l'aventure, même
ceux n'ayant aucune expérience en matière
de STR. On pourrait reprocher au titre un manque
de finesse, en partie dû à ses
contrôles simplifiés, mais Halo
Wars ne prétend pas rivaliser avec les
jeux de stratégie les plus pointus sur
PC. Ici on est le plus souvent dans le domaine
de la tactique rapide orientée action.
Les constructions
se font uniquement sur les emplacements de base
prévus à cet effet. Sachant que
chaque carte ne compte qu'un nombre d'emplacements
limités, les batailles se déroulent
souvent autour de ces lieux stratégiques.
Chaque base, qu'elle soit humaine ou Covenant,
dispose de plusieurs sites de construction sur
lesquels on peut "cliquer", ce qui
ouvre un menu circulaire, permettant de choisir
la construction désirée. Un seul
type de ressources est présent dans le
jeu, mais sans doute par soucis de simplification,
elles ne nécessitent pas obligatoirement
l'envoi d'unités pour les collecter.
Ces ressources sont obtenues à partir
de stations de ravitaillement (ou d'entrepôts
chez les Covenants) permettant de les recevoir
depuis le vaisseau en orbite. Les constructions
avancées, telles que le dépôt
de véhicules ou l'aérodrome, demandent
un certain niveau technologique auquel on accède
en construisant un réacteur thermonucléaire.
Une base dispose au maximum de sept sites de
constructions (plus quatre fondations pour tourelles).
L'utilisation judicieuse de chacun de ces sites
est importante surtout lorsque l'on ne dispose
que d'une seule base. En effet, si cela coûte
moins cher par exemple de construire deux réacteurs
plutôt qu'un seul réacteur avancé
(permettant chacun d'obtenir deux niveaux technologiques),
on préférera pourtant souvent
cette deuxième solution, car elle a l'avantage
de n'occuper qu'un seul site de construction.
Au niveau des unités, on en trouve de
trois types : infanterie, véhicules et
aéronefs. Tous trois répondent
à la règle du "feuille /
caillou / ciseau" à savoir que les
aéronefs battent les véhicules
terrestres, qui battent l'infanterie, qui elle-même
bat les aéronefs. Mais il existe plusieurs
exceptions, sous forme d'unités spécialisées,
à l'instar des Spartans (au pluriel,
quel plaisir!) qui peuvent s'emparer de véhicules
ennemis (ou alliés pour les renforcer),
du véhicule antiaérien wolverine,
ou encore des Chasseurs, ces mastodontes bipèdes
à l'aise contre des véhicules.
Les deux camps principaux, UNSC et Covenants,
possèdent des unités et des bâtiments
très différents visuellement,
mais qui au niveau fonctionnel sont assez souvent
similaires, à quelques exceptions notables
près. Ainsi les niveaux technologiques
des réacteurs humains sont remplacés
par des âges chez les Covenants, qui sont
obtenus dans un bâtiment qu'on ne peut
construire qu'à un seul exemplaire :
le Temple. Les extra-terrestres disposent par
ailleurs de quelques avantages uniques comme
les générateurs de bouclier offrant
une protection supplémentaire aux bases,
ou encore l'ascenseur gravitationnel permettant
de transporter des unités rapidement.
Les deux camps sont bien équilibrés.
Si l'on combat
les Covenants et même une autre race au
cours de la campagne, toutes les missions se
déroulent uniquement du côté
des humains. Dommage, on aurait aimé
guider d'autres troupes, d'autant que cela aurait
rallongé un peu la durée de vie
de la campagne. Pour se mettre dans la peau
d'un chef Covenant, il faut donc se rabattre
sur le mode escarmouche. Néanmoins, les
développeurs ont su concocter des scénarios
vraiment bien variés. Les situations
ainsi que les lieux rencontrés font plaisir
à voir, et empêchent toute lassitude.
La narration est assurée par des cinématiques
nombreuses et superbes, ainsi que par des dialogues
en cours de jeu, généralement
via la petite interface de communication apparaissant
dans un coin de l'écran. Les quinze missions
de la campagne s'enchaînent plutôt
rapidement. Certaines durent parfois plus d'une
heure, alors que d'autres peuvent être
terminées en moins de dix minutes. Malgré
cette durée de vie relativement courte
de la campagne, celle-ci possède vraiment
un fort potentiel de rejouabilité. Que
ce soit pour améliorer son score et grimper
ainsi au classement, débloquer les succès
en réalisant des objectifs spéciaux,
tenter l'expérience dans des niveaux
plus durs (calqués sur ceux de la série),
réussir tous les objectifs secondaires
et réaliser un temps sous le par, trouver
et utiliser les quinze crânes cachés
donnant bonus et malus, ou encore dénicher
les boîtes noires permettant de débloquer
des informations dans la "base de donnée"
chronologie du jeu, il y a vraiment de quoi
faire.
Le mode escarmouche
peut se jouer en local ou sur Xbox Live. Avant
chaque partie, on choisit son commandant parmi
les six disponibles (trois du côté
humain et trois pour les Covenants). Chaque
leader dispose d'avantages uniques, tels que
des unités spécifiques, bonus,
et améliorations spéciales. Du
côté des Covenants, les commandants
apparaissent directement sur le terrain comme
unités individuelles et très puissantes,
possédant en outre leurs propres améliorations.
14 cartes sont disponibles en escarmouche, et
deux modes de jeu sont proposés : standard
où l'on commence avec juste les fondations
d'une base et un véhicule de reconnaissance,
et match à mort pour des parties plus
rapides où toutes les technologies sont
disponibles dès le départ, et
où l'on dispose dès le début
de ressources importantes. En local, le jeu
peut se faire en un contre un, deux contre deux
ou encore trois contre trois, les autres joueurs
étant gérés par la console.
On retrouve à nouveau les quatre niveaux
de difficultés propres à la série
(facile, normal, héroïque et légendaire),
et définissant le niveau de l'IA, qui
est bien adapté. Sur Xbox Live, le principe
reste le même, mais avec des joueurs IA
remplacés par des adversaires humains,
souvent plus coriaces et moins prévisibles.
On retrouve les parties en 1 vs 1, 2 vs 2 et
3 vs 3 et les deux modes de jeu. On regrette
par contre le peu d'options paramétrables.
Impossible de choisir des préférences
de langue ou de cartes, de discuter avant et
après un match, de former un groupe avec
des joueurs récents ou encore de choisir
une partie dans une liste, la mise en relation
se fait automatiquement sauf si l'on joue entre
amis. Dommage également qu'il n'y ait
pas la possibilité de voir les états
de service des adversaires et des coéquipiers,
comme c'est le cas dans Halo
3, seule une petite icône de
grade est visible. On a droit par contre après
chaque affrontement à un tableau de statistiques
bien détaillé pour chaque joueur.
Des classements sont également consultables
sur le Live, avec des entrées pour la
campagne (en solo et en coopération,
meilleur score total, meilleur score par mission)
et pour les escarmouches sur le Live (classement
Trueskill, par points, total ou par mois).
La réalisation
du jeu est bonne, avec des animations d'unités
très réussies. On reconnaît
facilement certains déplacements d'unités
habituelles de la série Halo, tels que
les Warthogs et leur conduite particulière
ou les grognards qui s'enfuient en poussant
des cris. Les nouvelles unités originales
(cobra, vautour, locust, etc.) sont réussies
et leur design s'intègre sans peine à
l'ensemble. Les cartes sont variées et
bien détaillées, même si
on aurait aimé parfois un peu plus de
relief dans les textures. La modélisation
des unités est correcte, surtout au vu
de la distance de zoom proposé, qui justement
ne permet pas de trop se rapprocher des troupes.
Car lorsque qu'à de rares occasions on
peut malgré tout observer ces unités
de près, on constate un certain manque
de polygones, particulièrement pour l'infanterie.
Ceci dit, cela reste peu gênant, car rarement
visible. Peu ou pas de ralentissements à
signaler lors de la campagne, mais ceux-ci sont
parfois présents en escarmouche sur le
Live lorsque de nombreuses unités sont
à l'écran. Comme évoqué
plus haut, les cinématiques ponctuent
chaque mission ou presque, présentent
bien l'histoire et sont vraiment très
belles. On peut les revisionner à volonté
dans le menu théâtre. On se surprend
même à regretter que celles d'Halo
3 n'aient pas (et de loin) cette qualité.
Les musiques, signées Stephen
Rippy (un habitué des productions
d'Ensemble Studios) sont de qualité et
reprennent plusieurs thèmes connus de
la série. Halo Wars est entièrement
traduit en français, avec un doublage
réussi (on reconnaît notamment
les doubleurs de Kevin Costner, Samuel Jackson
et Christopher Judge). Les bruitages sont excellents
et tirés directement des jeux de Bungie
(recharge de bouclier, tirs de plasma, etc.).
Un petit soucis technique est cependant à
signaler pour la traduction française,
qui en raison probablement de la taille du texte,
produit un décalage important dans le
tableau des états de service, rendant
sa lecture très peu agréable.
On constate également quelques erreurs
de traduction ici et là dans le jeu.
On espère qu'un patch corrigera rapidement
ces petits défauts.
Au final, Halo
Wars atteint ce que l'on espérait de
lui, voire plus, à savoir être
un jeu de stratégie facile d'accès,
très plaisant à jouer et fidèle
à la série. Les amateurs de STR
pointus resteront sans doute un peu sur leur
faim, mais sur console, faute de combo clavier
et souris, Halo Wars se classe facilement, grâce
à sa prise en main aisée, parmi
les meilleures adaptations du genre stratégique
pour le pad, et devrait plaire à tous
les fans de la série Halo. On aurait
aimé un deuxième camp jouable
en campagne, que celle-ci soit un peu plus longue,
et quelques options supplémentaires de
paramétrage pour le jeu en ligne. Malgré
cela, Halo Wars est un très bon jeu,
grâce à une réalisation
de qualité, des missions variées,
une rejouabilité importante, une campagne
jouable en coopération sur le Live, ainsi
qu'une histoire intéressante, bien intégrée
et permettant d'en apprendre plus sur les origines
de la saga. Le plus gros regret face à
ce jeu est qu'il restera le dernier titre d'Ensemble
Studios, que Microsoft a décidé
de fermer pour d'obscures raisons financières.
Max73 - 25.02.2009