Après
Road to Hill 30 et Earned
in Blood sortis notamment sur Xbox première du nom, la série
Brothers in Arms débarque sur consoles nouvelles générations
avec ce nouvel épisode intitulé Hell's Highway. Prévu dans
un premier temps pour fin 2006 puis courant 2007, ce titre, toujours développé
par les américains de Gearbox Software, aura donc su se faire attendre.
Reste à savoir si les gars de la 101ème division aéroportée
américaine n'ont pas effectué le saut de trop.
Après
deux campagnes en Normandie, Hell's Highway se penche sur la plus grande opération
aéroportée de la seconde Guerre Mondiale, l'opération Market
Garden. Celle-ci consistait à s'emparer des nombreux ponts que comportent
la Hollande afin de faire rentrer en Allemagne les divisions de blindés
par la zone industrielle de la Ruhr. Pour l'occasion, on retrouve le sergent Matt
Baker, héro du premier épisode, qui avait, bien malgré lui,
hérité du commandement d'une unité à la suite du décès
de son chef de section le jour J. A l'instar des deux précédents
volets, ce titre s'inspire directement de la très bonne série TV
"Band of Brothers" et se focalise donc sur l'aspect relationnel entre
ces jeunes soldats avec comme fil rouge, un pistolet maudit offert par le père
de Matt. Malheureusement, les nombreuses et longues cut-scènes qui narrent
cette histoire sont ennuyeuses à souhait, la faute à manque de rythme
et à l'absence totale d'expression sur le visage des différents
protagonistes, ceci malgré une version française de bonne facture.
Qui plus est, le tout est mis en scène de façon maladroite et confuse
malgré la volonté évidente de Gearbox d'apporter une dimension
humaine à leur FPS tactique. Pour ce qui est de l'aspect historique, les
développeurs, avec l'aide du Colonel John Antal, ont une fois de plus effectué
un excellent travail afin de crédibiliser au maximum les lieux parcourus
ainsi que les missions proposées. Au cours de la dizaine de niveaux disponibles,
on aura donc l'occasion de parcourir les vastes prairies du plat pays mais aussi
de traverser des villes comme Eindhoven ou encore Arnhem. On regrette toutefois
que les bonus ne soient que des simples comptes-rendus des évènements,
déblocables lorsque que l'on découvre une zone "Reco".
Exit donc les extraits de documents d'époque sur la « vraie »
502ème, les images qui comparent les images du jeu et les paysages qui
les ont inspirés, les biographies de soldats et les images de l'équipe
de développement présents dans les deux premiers épisodes.
En
ce qui concerne le gameplay, l'adage "on reprend les mêmes et on recommence"
se prête parfaitement à ce titre tant les mécanismes de jeu
sont identiques à ses prédécesseurs. On retrouve donc le
système d'ordres simple et efficace basé sur la gâchette gauche
qui permet de diriger les deux ou trois escouades de trois hommes de notre unité
et d'indiquer les cibles à viser. L'IA alliée est par ailleurs plutôt
convainquante; nos soldats exécutent sans accro nos ordres et évitent
dans la majorité des cas de se retrouver à découvert. Le
principe est également le même et est toujours basé sur la
stratégie des 4F (Find, Fix, Flank et Finish). En clair, il s'agit de mettre
sous pression l'ennemi avec notre équipe d'appui-feu pendant que l'autre
équipe, ou alors tout simplement nous, se charge de l'assaut en passant
par les flancs. Une approche tactique qui est plus que nécessaire si on
ne veut pas tomber rapidement sous les balles ennemies. Il faut donc faire preuve
de patience et analyser correctement le terrain avant de s'engager. Pour ce faire,
la carte des lieux mise à notre disposition est indispensable pour coordonner
nos escouades et ainsi annihiler les opposants, tant ces derniers campent bien
sur leurs positions. On aurait aimé toutefois voir un peu plus d'initiative
chez les Allemands comme nous prendre à revers par exemple même si
on imagine bien que dans la réalité, il devient difficile d'entreprendre
quoi que ce soit lorsque on le se trouve sous un feu nourri. Un réalisme
qui à tout de même ses limites à l'image de nos frères
d'armes tombés au combat se retrouvant par miracle sur pieds lors de la
mission suivante, scénario oblige ou encore notre santé qui se régénère
avec le temps. Ces phases tactiques certes un peu répétitives mais
malgré tout grisantes sont alternées par des missions où
l'on se retrouve seul ou encore aux commandes d'un char anglais. Si ces dernières
permettent de varier quelque peu le gameplay, elles sont par contre bien moins
intéressantes et surtout très classiques. A noter également
qu'il est désormais possible, comme dans la plupart des jeux de tir depuis
Gears of War,
de se mettre à couvert derrière tous les éléments
du décor en appuyant très simplement sur un bouton.
Les
différents niveaux offrent quant à eux un level-design intéressant
avec différentes approches possibles. Il est même envisageable de
détruire des couvertures à l'aide d'une nouvelle équipe munie
d'un bazooka. Mais malheureusement on est loin de Battlefield
: Bad Company puisque cela se résume aux sacs de sable et divers
éléments en bois. Là aussi le réalisme en prend un
peu un coup puisque de simples murets voir des fûts en tôle supportent
parfaitement le choc. En ce qui concerne l'aspect visuel, ce titre avait fait
forte impression lors de la diffusion du premier trailer en 2006. Depuis, de l'eau
a coulé sous les ponts et Hell's Highway a toutes les peines du monde à
soutenir la comparaison avec les ténors du genre et ceci malgré
le soutien de l'Unreal Engine. Certes les environnements extérieurs ne
sont pas moches, affichent une distance d'affichage correcte et parviennent à
retranscrire une certaine ambiance mais c'est au niveau de la modélisation
des personnages, plus particulièrement leurs visages et des intérieurs
que ce soft déçoit. Textures moyennes, manque de détails,
effets spéciaux pauvres, bugs graphiques et ralentissement lors des cut-scènes
sont autant de points qui auraient mérités un travail plus poussé.
Difficile à pardonner ces errances quand on sait que sa sortie a été
maintes fois repoussée.
L'aventure
solo se boucle en à peine 10 heures et pour prolonger l'expérience,
on peut se rabattre sur le mode authentique déblocable une fois le jeu
terminé. Ce dernier permet de revivre l'expérience comme dans la
réalité, c'est-à-dire sans HUD et viseur. On se demande quand
même pourquoi Gearbox n'a pas inclus un mode coopération tant ce
titre s'y prêterait à merveille. A défaut de, on doit se contenter
d'un multijoueur sans saveur avec un seul mode jeu, peu de maps et une réalisation
bien médiocre.
Au final, ceux
qui ont apprécié les deux premiers volets se retrouveront sans aucun
problème dans cette suite. Gearbox a joué la carte de la sécurité
en réitérant la même formule qui avait convaincu à
l'époque. Brothers in Arms : Hell's Highway est donc un bon jeu de shoot
tactique et surtout une alternative aux innombrables FPS sur la Seconde Guerre
Mondiale mais malheureusement entaché par de nombreux petits bémols.
On regrette ainsi une réalisation en dents de scie, des cinématiques
mal mises en scène, une histoire confuse, un réalisme qui aurait
pu être plus poussé ou en encore un mode multijoueur inintéressant.
Ce n'est donc pas encore le saut de trop pour la 101ème aéroporté
américaine mais il va falloir réagir à l'avenir, si suite
il y a, évidemment.
Strongbow
- 27.10.2008