Test : Alone in the Dark
Xbox 360
 
 Editeur : Atari
Développeur : Eden Games
Site officiel : centraldark.com
Vidéos : rubrique vidéos
Date de sortie : 19.06.2008
Achat : Amazon.fr, CeDe.ch
  
 

Langue : français
Joueur(s) hors ligne : 1
Xbox Live : non
Joueurs en ligne : -
Age recommandé : dès 18 ans

 


Du chef-d'oeuvre de Frédéric Raynal en 1992, de sa suite en 1994 et de son troisième opus en 1995, la trilogie originale d'Alone in the Dark n'a cessé de lorgner de plus en plus vers l'action et les échanges de tir au détriment de son ambiance lovecraftienne inquiétante. 2001. New York voit le symbole de la liberté moderne et de sa puissance commerciale s'effondrer. Jumelles des élites et des puissants. C'est également la sortie d'Alone in the Dark: The New Nightmare. 2008. New York est à nouveau le théâtre de tragiques événements dans la cinquième itération des aventures d'Edward Carnby dans Alone in the Dark. Sans numéro. Sans sous-titre. Sans âme.

Le sublime Alone in the Dark de Frédéric Raynal fut un jeu précurseur et l'inventeur d'un genre en soi: le survival horror. Le jeu d'Eden Games, malgré ses innombrables défauts, adopte ce point commun d'initiateur avec la naissance d'un genre nouveau. Un genre maintes fois esquissé durant l'ère de la new gen, mais qui atteint un niveau tel avec ce titre qu'il peut joyeusement prétendre en être le bondissant promoteur: Alone in the Dark 2008 est la simulation diptyque d'énervement et d'ennui moderne. Avec un moteur physique spécialement développé pour l'occasion et pour rester poli.
Je ne sais pas vraiment par quoi commencer. Dois-je rappeler les nombreux retards que le jeu a subis avant sa sortie ? Dois-je m'effondrer en pensant à ce que le jeu (son concept originel annoncé) aurait pu être? Dois-je évoquer l'histoire ridicule, convenue et mal racontée ? Ecrite avec deux pieds gauches et mise en scène avec les membres inférieurs restants. Dois-je pleurer sur le pauvre détective Edward Carnby qui est devenu communément amnésique? Dois-je me pendre en pensant à la jouabilité archaïque, rigide et foirée qui fait que se déplacer devient un véritable calvaire?

Non content de polluer la plupart des chaînes de TV, de détruire ce qui reste du cinéma américain (non indépendant), le concept de la série vient de plus gangrener l'univers du jeu vidéo: Alone 2008 est ainsi découpé en huit épisodes, eux-mêmes segmentés en plusieurs séquences. Avec un résumé des épisodes précédents et un générique à la fin de ceux-ci. Si l'idée paraît bienvenue et économiquement viable sur du papier recyclé, il aurait été de bon aloi d'avoir un minimum de consistance dans l'implication de l'arrêt volontaire et multiple de la continuité narrative, dans la manière de traiter cette continuité et surtout dans l'ajout des deux ingrédients essentiels qui font que le concept sériel fonctionne: un cliffhanger fidélisateur et l'emploi juste d'un intervalle temporel entre les épisodes. Il n'en est rien dans Alone 2008. Vu que l'histoire, ses personnages et leurs actions n'ont pas réellement d'intérêt, les développeurs ont eu un ultime souffle philanthropique en intégrant un système de chapitrage (façon lecture de DVD) qui permet au joueur de passer une séquence, un épisode entier, ou même d'aller directement voir la fin du jeu.

Se réveillant dans un hôtel en feu, amnésique et mal modélisé, le "poor Edward" va devoir remettre de l'ordre dans les boyaux de sa tête, résoudre le mystère de Central Park et finalement affronter une ancienne entité maléfique et anxiogène. Tout un programme pour un personnage plat et souffrant d'une animation rigide. En plus d'avoir perdu sa mémoire, Edward a également égaré sa classe en étant projeté dans un New York moderne: il parle comme un adolescent agressif, jurant (fucking fuck) dans toutes les situations et devenant ainsi complétement ridicule à chaque fois qu'il fait l'étendue de son vocabulaire limité. Et même si l'on rit au bout d'un moment d'un personnage aussi bidimensionnel (qui pourrait être sorti d'un film de Luc "multipass" Besson), il faut avouer que son comportement énerve également, surtout que l'effet comique n'est pas volontaire. Mais heureusement, l'aventure est assez courte, on ne passera donc pas trop temps en compagnie de ce détective déchu.

Dès la première heure de l'aventure, on comprend les différentes phases de gameplay s'offrant au joueur: résolutions d'énigmes, phases de plateforme, phases de conduite scriptée lourdes, phases de conduites libres éprouvantes car liées à un moteur physique fantaisiste, etc. Chacunes des différentes parties de la jouabilité montrent l'ambition démesurée d'Eden Games mais également le manque de maitrise dans son exécution. Chaque bonne idée est contrecarrée par sa réalisation et son manque de finition. Par exemple, il n'y a pas d'interface durant le jeu. La veste d'Edward fait office d'inventaire. Une bonne idée, en théorie, pour ne pas perturber le joueur et éviter de l'aliéner du monde dans lequel on essaye de l'immerger. Malheureusement, on passe tellement de temps dans les poches limitées du détective pour faire de l'ordre, assembler divers ustensiles entre-eux et se battre avec le stick analogique pour choisir le bon objet que l'immersion prend un sérieux coup. Il en va de même pour le moteur Havok utilisé pour résoudre les énigmes (ouvrir une porte en la forçant avec un objet lourd, brûler une chaise pour tuer un ennemi, couper la main du vigile du musée pour l'utiliser sur le scanner d'empreintes, etc.), amusant dans sa construction et les idées qui en découlent. Mais la jouabilité trop rigide achève le plaisir. On doit d'ailleurs constamment utiliser les deux caméras offertes (troisième personne et vue subjective) pour s'orienter, se déplacer, ne pas tomber, viser, etc. Fatiguant. Les phases de plate-forme s'en sortent un peu mieux en oubliant les occasionnelles morts stupides dues à la caméra et aux commandes approximatives. En revanche, les phases de conduites sont juste frustrantes; celles scriptées sont intransigeantes et celles libres dans Central Park sont ennuyeuses. Les deux sont outrageusement bugguées. Il n'est pas rare de rester bloqué dans un élément du décor ou de s'arrêter net sans aucune raison, etc. Venant des auteurs de l'excellent Test Drive Unlimited, c'est difficilement pardonnable. Le moteur gérant le feu n'est pas si mal, les flammes se propagent de manière réaliste et donnent lieu à des énigmes sympathiques. Mais malheureusement, on se contentera le plus souvent d'utiliser cet élément pour définitivement tuer un ennemi (le seul moyen de les achever), ce qui devient vite répétitif. Et je n'ose même pas vous parler des affrontements avec les boss du jeu. En ajoutant la jouabilité approximative, les déplacements rigides et la visée imprécise, l'addition devient vite aussi salée que les larmes des joueurs les plus impatients... Mais arrêtons-là le massacre.

Concernant la réalisation technique, elle oscille entre le très mauvais et le plutôt pas mal si l'on n'est pas exigeant. Même si le moteur montre ses limites dans la modélisation sommaire et trop géométrique des personnages, il permet de forts beaux jeux de lumières. Les graphismes ne sont pas mauvais, et il faut surtout remercier l'équipe artistique qui s'est bien débrouillée pour rendre Central Park crédible. La taille du parc est d'ailleurs assez conséquente. Dommage qu'il n'y ait rien de bien passionnant à y faire en dehors des endroits prévus à cet effet. La plupart des animations (celles d'Edward, celles des personnages secondaires et celles des ennemis) sont trop rigides et rappellent le début de l'ère PS2. Très en dessous par rapport aux standards actuels. Les bruitages fonctionnent sans jamais provoquer plus qu'un sursaut, mais dans l'ensemble le jeu n'a pas vocation à éveiller la peur. La musique d'Olivier Deriviere est LE point fort du jeu. Les compositions sublimes et exotiques collent parfaitement à ce New York ravagé par le Mal.

En conclusion, Alone in the Dark 2008 est une énorme déception. Pourtant le jeu partait sur de bonnes bases et de bonnes idées, mais leurs exécutions et leur niveau de finition rappellent que le jeu aurait mérité une sortie moins " précipitée ". Le titre d'Eden Games souffre d'une jouabilité beaucoup trop rigide, bugguée et simplement peu amusante. La partie technique accuse également d'énormes lacunes rédhibitoires. Avec un scénario convenu et mal mis en scène, des personnages bidimensionnels et un traitement narratif sériel qui n'apporte absolument rien, le jeu n'a pas réellement d'arguments qui poussent le joueur à vouloir continuer dans l'aventure. Et qu'y a-t-il de plus triste qu'un joueur restant seul devant un écran éteint ?


LorHan - 16.08.2008


 
LES PLUS
LES MOINS
 
 

La musique
Le feu


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Jouabilité ratée
Histoire initéressante
Réalisation et bugs
Durée de vie courte
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Technique :
 
Graphismes :
Son :
Jouabilité :
Durée de vie :
 
Note : 4/10