Focus : Blue Dragon
Fruit d'une collaboration à faire chavirer
les curs d'amateur de RPG, Akira Toriyama (design), Hironobu Sakaguchi (trame)
et Nobuo Uematsu (musique), Blue Dragon va bientôt finir par se frayer un
chemin jusqu'au bout du monde, chez nous, là où les jeux développés
par nos amis japonais s'échouent très rarement. Le prestige des
grands noms oblige, Blue Dragon n'a pas manqué de faire parler de lui,
d'autant plus qu'il a été le premier (le seul diront certains) accélérateur
de la Xbox 360 au Japon. Réputation usurpée ? Complètement
méritée ? Vous en saurez davantage en lisant ces quelques lignes.
Tout d'abord, sachez que la version preview de Blue Dragon en
notre possession ne nous a pas permis d'aller trop loin dans l'aventure. En effet,
seul un des trois DVD nous a été transmis, de quoi frustrer le plus
consciencieux des pigistes. On ne peut donc pas trop promettre de rebondissements
ni de grosses surprises scénaristiques. Toujours est-il que la trame, après
plus de six heures de jeux, ne semble évoluer que très peu. Une
tare assez répandue dans le domaine des RPG.
L'histoire nous plonge d'emblée en plein désastre,
le village de Talta est à nouveau attaqué par un gigantesque requin
terrestre. Téméraires qu'ils sont, trois enfants du village se mettent
en tête de lui tendre un piège. Il s'agit de Shu, Jiro et Kluke.
L'instigateur n'est autre que Shu, une tête brûlée à
la voix nasillarde. Servant d'appât à la bestiole, il le conduira
jusqu'à l'embuscade. Si l'effort consentit a le mérite d'impressionner
les villageois, la satisfaction ne sera que de courte durée et le piège
ne va pas tarder à céder sous les assauts du requin des terres.
Ne voulant définitivement pas lâcher le morceau, nos trois amis s'accrochent
au fuyard et se retrouvent embarqués dans une folle course jusque dans
le désert avoisinant. Quelques péripéties plus tard, à
bord d'un vaisseau cargo, Shu, Jiro et Kluke vont faire face à une horde
de robots inquiétants. Une douce voix se fera alors entendre, conseillant
à nos personnages d'ingurgiter les trois sphères qui se trouvent
à leurs côtés. Ne se faisant pas trop prier, et devant l'absence
de choix, ils s'exécutent. S'en suit alors une métamorphose de leurs
ombres, qui bientôt, deviendront leurs meilleures alliées. Le
grand méchant Nene, violet et édenté (on ne rigole pas) semble
être derrière tout ce qui cloche dans les environs. Vous n'aurez
de cesse que de le poursuivre durant votre périple. L'histoire semble très
classique dans un premier temps.
Evoquons
un instant la partie graphique qui semble aller crescendo. Si les deux-trois premières
heures se révèlent être franchement décevantes sur
ce plan, on remarque au-delà que les détails commencent à
s'accumuler. Ainsi, les déserts rocailleux, les villages de sables et les
grottes aux textures en retard d'une génération laissent place à
des petites oasis de bonheur visuel, notamment à l'arrivée dans
le village d'un de vos futurs compagnons ou dans une grotte sous-marine aux reflets
forts agréables. Le travail sur les personnages est volontairement
épuré pour respecter le character design de Toriyama San (le papa
de Sangoku). Cela donne un cachet assez déroutant à nos héros
mais de toute manière dépaysant et original. Par contre, on peut
sans regret critiquer la modélisation des nombreux ennemis croisés,
tout du moins au début de cette aventure qui promet environ 50 heures de
jeu. Des petits poissons aux gros papillons en passant par des scorpions, ça
sent la Toriyama's Touch dans le fond, mais dans la forme le résultat est
médiocre. Le nombre de polygones et les détails sont en sous-effectif.
Pour preuve les articulations complètement ratées, à la manière
des Playmobil. Aussi, les différents pouvoirs, sorts et attaques, que
ce soit des personnages ou des ennemis, occasionnent des effets spéciaux
eux aussi avec un train de retard. On espère que plus tard dans l'aventure,
nos héros gagneront des compétences bien plus impressionnantes.
Le négatif l'emporte donc sur ce point, et pourtant, l'ensemble demeure
très cohérent et plaisant. On oublie, le temps d'une partie, la
manette que l'on tient et on s'attache à suivre nos petits bonshommes hauts
comme trois pommes partis sauver la planète dans un univers épuré,
accrocheur et enfantin. Reste que le scénario devra faire ses preuves sur
le long terme.
Si de prime abord le jeu paraît taillé
pour les plus petits et que les premières heures se déroulent sans
heurts, on tombe de haut lorsque le premier boss intervient. Une sorte de truc,
pas bien moche, qui surgit de nul part et qui nous causera bien des soucis. Fort
heureusement, en plus d'un système de sauvegarde typique des RPG, les développeurs
ont eu la géniale idée de placer des check points avant de grands
événements. Cela évitera bien des trajets pour les moins
bons d'entre nous. Les combats se règlent la plupart du temps en deux
ou trois tours avec la bonne tactique, la bonne affaire, car le fameux "
leveling " va devoir encore être de mise dans Blue Dragon. Si par exemple
vous n'avez pas au minimum le niveau 10 pour un certain boss à deux têtes,
n'espérez pas vous en sortir sans gaspiller vos précieux remèdes
(qui restaurent les HP) et vos points de magie grâce aux sorts de guérison.
Musicalement,
Blue Dragon atteint des sommets. Les partitions de Nobuo Uematsu sont exécutées
à la perfection et l'ont ressent bien là les racines du monsieur.
Les musiques ont une très forte ressemblance avec celles des différents
Final Fantasy, ce qui n'est pas pour nous déplaire. C'est un régal
de se promener dans le premier petit village avec un air si entraînant dans
les tympans. Dommage que la chanson utilisée lors des combats contre les
boss soit si hideuse (du gros rock japonais) Le jeu propose de choisir entre
trois langues : français, anglais et japonais. Le doublage français,
sans atteindre des sommets nous a paru acceptable, en tout cas du même niveau
que la plupart des dessins animés diffusés le dimanche matin. On
peu trouver à redire sur le choix des voix notamment celle Shu ou de Maro,
mais l'effort est louable. Notez cependant que le choix effectué en début
de partie ne semble pas être modifiable ensuite. Un oubli qui pourra facilement
être corrigé avec la version finale du jeu.
Blue Dragon, malgré ces quelques défauts est bien parti pour réaliser un carton en partie grâce à son aura. Et les développeurs en sont conscients
puisque la série devrait se décliner en trilogie et un anime est déjà en cours de diffusion au Japon. Après un Enchanted
Arms sympa mais sans plus, le premier bébé de Mistwalker va ravir les joueurs en manque de RPG japonais. Les premiers instants de cette aventure laissent présager du bon
pour la suite. Mais pour en avoir le cur net, il va falloir patienter jusqu'au 24 août prochain, pour sa sortie en Europe.
Inspecteur Gadget - 06.07.2007
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