John Woo est un des maîtres du
cinéma d'action, célèbre pour ses gunfights d'anthologie,
qui a dans son CV des films mythiques comme The Killer, Le syndicat du Crime,
Volte Face ou encore A toute épreuve. Stranglehold est la suite de ce dernier
et nous propose d'interpréter Tequila (qui a les traits de Chow Yun Fat),
un flic tête brûlée, qui part à la recherche de son
amour de jeunesse et de sa propre fille, enlevées par une bande de malfrats.
John Woo a un style bien à lui.
Grâce à sa mise en scène, aux chorégraphies de ses
scènes d'action, à son jeu de caméras et aux ralentis (devenus
sa marque de fabrique) savamment distillés, on regarde avec admiration
ce qui donne l'impression d'être un ballet réglé au millimètre
près, alors que l'on assiste en fait à un massacre ultra violent
en bonne et due forme. Cet esprit se retrouve dans Stranglehold.
Le jeu ne fait pas dans la dentelle et propose de laction non-stop avec
un gameplay très simple et efficace puisque les deux gâchettes de
la manette seront les boutons que l'on sollicitera le plus souvent. Deux jauges
apparaissent en haut à gauche de l'écran. La première est
la jauge de vie (chose de plus en plus rare dans les jeux actuels) et la seconde
la jauge de ralenti. A chaque fois que Tequila se retrouve entouré d'ennemis,
l'écran prend alors une teinte orangée et le jeu passe automatiquement
(bien qu'il soit activable et désactivable manuellement par simple pression
d'un bouton) en mode ralenti. Mode qui nous permet les tueries les plus acrobatiques
qui soient. La barre se déchargeant au fur et à mesure de son utilisation,
on doit alors soit se cacher en attendant qu'elle se recharge, soit la recharger
par nous même en tuant nos adversaires de façon acrobatique et stylée
(totalement dans l'esprit John Woo).
Tequila
est incroyablement agile. Il peut plonger, prendre appui sur un mur pour sauter,
escalader des escaliers ou se laisser glisser sur la rampe de ces derniers, (le
tout par la simple pression de la gâchette de gauche) en tirant sur tout
ce qui bouge. Il peut aussi se dissimuler derrière un mur ou un poteau.
En se penchant pour abattre ses opposants, on repasse là encore au ralenti.
Le héros ne vient pas les mains vides puisque le nombre d'armes disponibles
est assez conséquent : pistolets, mitraillettes, fusil d'assaut, grenades
et, bien sûr, l'indispensable fusil à pompe. Ce
qui impressionne dans Stranglehold, c'est l'interaction avec l'environnement.
D'une part à cause des dégâts que l'on peut causer puisque
nombre d'éléments du décor sont destructibles. Ainsi, les
murs ou poteaux qui nous servent de cachettes s'effritent au fur et à mesure
qu'ils reçoivent des balles pour finir par céder complètement.
Il faudra d'ailleurs avoir l'il car certains emplacements ne seront accessibles
qu'en détruisant des éléments pour pouvoir ensuite les escalader.
D'autre part, Tequila peut utiliser l'environnement à son avantage. En
courant sur une table, on glissera automatiquement dessus et en plongeant sur
un chariot à roulettes, on glissera alors via ce dernier en effectuant
un véritable carnage.
Mais le
mode ralenti, outre son impact visuel et sa grande utilité n'est pourtant
pas le seul garant de notre survie. Face au déluge d'adversaires qui veulent
notre peau, nous pouvons également utiliser les " Bombes Tequila ".
Ces dernières sont en fait des techniques spéciales que l'on récupère
en progressant dans le jeu et qui nous aident à survivre. La première
est le " Tir de Précision " qui permet de cibler un adversaire
particulier et de le tuer. Le jeu passe au ralenti, l'écran devient bleuté
et zoome alors vers notre cible et après avoir déterminé
avec parcimonie l'endroit où l'on désire tirer, il nous suffit d'appuyer
sur la gâchette pour nous retrouver à la place de la balle et suivre
son parcours jusqu'à ce que son destinataire ait " reçu le
colis ", le tout dans un effet visuel très réussi et impressionnant
la première fois. Deuxième bombe Tequila, la " Fusillade "
qui nous fait passer en mode " Fury " et qui nous permet de foncer en
tirant comme un barbare dans un tas d'adversaires. La dernière est l'"
Attaque tourbillon " qui, elle, permet de se débarrasser de tous les
adversaires présents a proximité. Ces trois attaques accompagnées
d'effets visuels très stylés et réussis se déclenchent
via la croix multidirectionnelle, chacune des directions correspondant à
l'une d'elles. Ayant toutes leur coût en énergie, on doit recharger
la barre de bombes Tequila en tuant des adversaires (plus c'est stylé,
plus elle monte vite) ou en récupérant des origamis (petits oiseaux
en papier faisant référence au film A toute épreuve) cachés
un peu partout dans les niveaux. On peut également utiliser cette même
barre pour se redonner de la vie.
Lors
de certains passages biens établis du jeu, on est confronté à
plusieurs adversaires en même temps. Après une petite cinématique,
on doit éviter les tirs de nos adversaires tout en les abattant en jonglant
entre le pad analogique de droite et celui de gauche, le tout dans un effet "
Bullet Time " digne de Matrix. De même, on affronte des boss particulièrement
coriaces. Ainsi l'un d'entre eux nous entraîne dans une course poursuite
dans un espace réduit et délimité par des rayons laser ou
la prudence est de mise car tout contact avec ces lasers se solde par une mort
instantanée. Quel plaisir de se prendre pour Tequila.
On prend vite goût à plonger, à glisser sur une rampe d'escalier,
à se cacher derrière un mur pour se pencher et en une fraction de
seconde tuer deux adversaires d'un coup de fusil à pompe puis se remettre
à couvert. Là encore, on a l'impression d'être face à
un ballet, dont on est, cette fois, le héros.
Deux
ombres au tableau : le côté répétitif du jeu, à
savoir flinguer tout ce qui bouge. Bien que divers objectifs comme couler des
navires, détruire des laboratoires de drogue ou même une " ballade
" en hélicoptère viennent s'ajouter et cassent la routine.
Et le côté parfois un peu brouillon du jeu. En effet, pour accéder
à certaines parties du décor, on doit en détruire d'autres
pour se frayer un chemin mais il arrive que l'on tourne parfois pendant un bon
moment à se demander ce que l'on doit faire et par où on doit passer.
On ne trouve pas sa route, bien que les éléments destructibles importants
soient marqués d'une lumière blanche. Plusieurs
niveaux de difficultés sont disponibles mais le mode Normal nous donne
déjà pas mal de fil à retordre. La durée de vie est
d'une dizaine d'heures, donc dans la moyenne des jeux actuels mais, hélas
un peu trop courte.
Le jeu dispose dune réalisation
technique de bonne facture et Chow Yun Fat est remarquablement bien modelisé.
Les environnements sont tantôts ouverts, tantôts fermés et
relativement beaux eux aussi. Le doublage français nest pas mauvais,
sans être non plus excellent. Le son oscille entre coups de feu et explosion
et correspond parfaitement à lambiance survitaminée du soft.
Le tout donne un côté pêchu, voire même
cinématographique au jeu. L'utilisation de ralentis, les gunfights, le
scénario qui, sans être extraordinaire est tout à fait dans
la lignée des films De John Woo donne plus l'impression d'être en
face d'un film interactif plutôt que d'un jeu banal. Cette sensation est
renforcée par les différents menus, dont l'apparence, les animations
et le contenu font plus penser à ceux d'un DVD qu'à ceux d'un jeu.
Niveau bonus, on retrouve des bandes annonces de jeux et une section " Bar
" qui permet de rencontrer John Woo himself et d'acheter des bonus comme
des croquis des décors et protagonistes du jeu ou encore des personnages
à débloquer pour le mode multijoueurs. Mode dailleurs uniquement
accessible par liaison multi-consoles ou via le Xbox Live et qui ne propose que
deux types de matchs, le deathmatch et le deathmatch par équipe, dans des
environnements issus du mode un joueur et aggrandis pour l'occasion.
Stanglehold
est une grande réussite, tant en matière d'ambiance que de gameplay.
On retrouve tout ce qui a fait le succès des films de John Woo, le tout
servi par une réalisation technique à la hauteur et par une jouabilité
simplissime mais terriblement jouissive. Pour une fois, on n'est pas face à
un jeu qui se contente d'exploiter la célébrité d'un nom
ou d'une licence en fournissant le strict minimum syndical mais bel et bien face
à un pur défouloir, et on en redemande, malgré son côté
répétitif.
Xav - 02.10.2007