Skate,
un titre évocateur pour un jeu qui a
su, fin 2007, redonner ses lettres de noblesse
à ce sport et surtout répondre
aux attentes de nombreux joueurs déçus
par l'orientation arcade prise par la série
Tony
Hawk's d'Activision. Le premier essai
dans ce domaine des Canadiens de Black Box fut
donc une franche réussite avec une véritable
simulation de skateboard où le simple
fait de plaquer parfaitement une séquence
sur les marches d'un escalier nous arrachait
presque une larme à l'oeil. C'est donc
sans surprise et même avec un certain
enthousiasme que l'on voit débarquer
sur notre chère console ce second volet
de ce que l'on doit désormais nommer,
la licence Skate.
San Vanelona est
mort, vive New San Vanelona. En effet, la ville,
contraction entre San Fransisco, Vancouver et
Barcelona, du premier épisode a été
complètement dévastée afin
de laisser la place à une nouvelle cité
qui, bien que ressemblant beaucoup à
l'ancienne, comporte bien plus de spots et de
skateparks. Certaines zones perdent alors un
peu de crédibilité mais l'ensemble
reste cohérent. Divisé en quartiers,
on y trouve les pentes vertigineuses inédites
de la montagne Cougar qui surplombe San Vanelona
pour des courses de la morts démentielles,
un centre ville qui permet de faire un pied
de nez aux forces de l'ordre en tapant un grind
sur les marches d'un bâtiment public,
le tout à l'ombre des grattes-ciel, un
front de mer à l'architecture moderne
où chaque statue et objet d'art devient
un spot potentiel ou encore un quartier chaleureux
typique de la cité catalane propice là
aussi à de nombreux tricks sur des sets
de marches. Les possibilités offertes
par cet immense terrain de jeu sont donc innombrables
et il n'est pas rare, même après
des heures de jeu, de découvrir un coin
jusqu'alors immaculé par nos truks. Qui
plus est, cette ville est bien plus vivante
que la précédente grâce
aux nombreux piétons qui, pris de peur,
se poussent désormais pour nous laisser
passer. Cela permet d'éviter les frustrations
que pouvaient provoquer cet aspect dans le premier
épisode. Gêné par un passant
alors que l'on était à deux doigts
de réussir une ligne d'anthologie pouvait
en effet donner des ailes à notre manette.
Le métro qui permettait de passer d'une
zone à l'autre dans le premier volet
a quant à lui été supprimé
pour un système plus simple et rapide.
On peut alors se téléporter directement,
via la carte de la cité, vers les différents
centres d'intérêt au détriment,
il est vrai, de l'aspect découverte.
On regrette toutefois que cette carte soit aussi
sommairement présentée alors que
celle de Skate premier du nom ne manquait pas
de style. Reste que l'on peut sans autre se
passer de cette aide et explorer librement la
ville à la recherche des spots et ceci
sans aucun chargement.
Ce titre est bien
entendu toujours articulé autour de son
mode carrière qui est encore plus impressionnant
en terme de contenu avec plus 100 défis
en tous genres. Mais avant de rentrer dans le
vif du sujet, les gars de Black Box nous ont
concocté une vidéo d'introduction
pour le moins originale. Celle-ci relate notre
sortie de prison avec en guest star, tous les
skateurs pros représentés dans
le jeu. Ces derniers endossent pour l'occasion
des rôles étonnant tels que Dany
Way en gardien de prison ou encore Eric Koston
en fugitif. La grande majorité des stars
ont donc répondu à l'appel tout
comme d'ailleurs les grandes marques. Celles-ci
sont alors très utiles pour personnaliser
de la tête au bout de la planche notre
avatar fraîchement créé
grâce à un éditeur relativement
complet. Et comme le skateboard n'est pas un
sport macho, on peut désormais choisir
le sexe de notre personnage. Par la suite, on
peut au choix parcourir librement San Vanelona
à la recherche des spots à prendre
ou alors enchaîner les nombreuses épreuves
disponibles au fur et à mesure de notre
progression. A ce niveau, il y a en vraiment
pour tous les goûts avec entre autres
des courses de la mort, contests de rue ou de
skatepark, séances photos pour les magasines
Skateboard Mag et Trasher, tournages de vidéos
pour les sponsors ou encore des défis
lancés par les pros. Si on rajoute à
cela les succès à débloquer,
Skate 2 affiche une durée de vie plus
que conséquente. De plus, certains objectifs
sont plutôt ardus et il n'est pas rare
de passer des heures pour les réussir.
On pense notamment à celui du Français
Lucas Puig où il faut poser un tailslide
sur un curb, passer le gap, puis poser un noseslide.
Seul ombre au tableau, les nombreux et parfois
longs chargements avant chaque challenge. Enfin,
pour compléter cette partie hors-ligne,
on peut défier jusqu'à trois amis
sur des épreuves choisies au préalable
ou encore faire du freeskate en définissant
la densité des piétons et des
forces de l'ordre.
Déjà
bien étoffée dans la mouture précédente,
la partie en ligne n'a pas été
oubliée avec des ajouts importants. Si
les affrontements classés ou non jusqu'à
six joueurs sur les épreuves du mode
carrière sont reconduits sans grand changement,
le mode « skate libre » online prend
lui une toute autre dimension. Ici il ne s'agit
pas de terminer en haut du classement mais de
jouer la carte de la coopération afin
d'accomplir les quelques 150 objectifs disponibles
que l'on peut à tout moment proposer
à nos amis alors que l'on parcourt tranquillement
la cité. A souligner qu'aucun lag n'est
venu entacher nos nombreuses parties. Rentrer
la ligne de nos rêves c'est bien mais
la partager c'est encore mieux. Pour ce faire,
on peut sauver nos exploits via des photos ou
des courtes vidéos que l'on peut éditer
à souhait avant de les partager et de
les soumettre aux autres joueurs. Le tout peut-être
consulté directement par le menu Xbox
Live du jeu ou alors par le biais du site skate.reel.
A noter également qu'il est possible
de créer des spots très simplement
grâce un éditeur et de la même
manière, les partager avec la communauté.
Quant au gameplay,
on retrouve avec plaisir les commandes axées
principalement sur les deux sticks analogiques,
soit le gauche pour faire des rotations et le
droit pour les différents sauts. Pas
de révolution donc (elle avait été
opérée lors du premier Skate)
mais une maniabilité qui demande toujours
autant d'entraînement et de persévérance
si on veut maitriser parfaitement l'ensemble
des tricks. Une fois de plus, la marge de progression
est immense et chacun trouvera certainement
son style à la fin du compte. Black Box
ne s'est toutefois pas reposé sur ses
lauriers à ce niveau puisque de nombreux
nouveaux mouvements en plus des classiques Ollie
Flips, Nollie Flips et autres Air Grabs font
leur apparition notamment grâce aux boutons
A et X, chacun associé à un pied.
On peut alors exécuter des One Foot,
Hand Plants Foot Plant, Finger Flips et même
des Hippy Jump. Les connaisseurs et adeptes
de ce style de skate des années 80 apprécieront
certainement. Il est même possible de
s'accrocher à l'arrière des voitures
afin de prendre de la vitesse. Mais la principale
nouveauté de cette suite est certainement
le fait de pouvoir quitter sa planche. Cela
permet de rejoindre les spots et passer des
obstacles plus facilement mais aussi de modifier
l'environnement en bougeant certains éléments
du décor. Malheureusement le déplacement
à pied est si rigide et maladroit que
l'on évitera dans le mesure du possible
de descendre de notre skateboard.
Techniquement,
Skate 2, et ceci malgré certaines textures
en retrait, reste très proche de son
grand frère, c'est-à-dire très
correct. On constate toutefois des améliorations
visuelles avec des graphismes plus fins et contrastés
et des couleurs plus chatoyantes. Des petits
plus viennent également renforcer l'immersion
comme nos vêtements qui se maculent lorsque
l'on chute ainsi que l'apparition d'hématomes
sur les avant-bras et les jambes. Concernant
l'animation, la motion capture fait une fois
de plus des merveilles avec un rendu à
l'écran très réaliste,
que cela soit lors de l'exécution des
tricks ou lorsque l'on se vautre lamentablement.
Qui plus est, il est aisé de distinguer
les pros simplement grâce à leur
style. Pour ce qui est de la gestion de la caméra,
Black Box a conservé la vue proche du
joueur mais en propose aussi une deuxième
plus lointaine. Si on a de ce fait une meilleure
vue d'ensemble, le résultat est toutefois
moins plaisant et immersif. Quant à l'aspect
audio, difficile de reprocher quoi que ce soit
au studio canadien tant la playlist est parfaitement
en raccord avec le milieu avec entre autre des
titres de Motorhead, Judas Priest, RATM ou encore
Public Ennemy et LL Cool J. Les bruitages ont
aussi été particulièrement
soignés et sont d'un réalisme
saisissant.
Au final, il est
évident que ce second volet souffre du
syndrome 1.5 avec relativement peu de nouveautés
et une New San Vanelona qui ressemble beaucoup
à la précédente. Le fait
que Skate premier du nom était déjà
excellent influence sans aucun doute ce sentiment.
Néanmoins, on ne peut que conseiller
ce titre à ceux qui désirent découvrir
cette série mais aussi aux fans qui s'y
retrouveront sans aucun problème. Le
charme opère en effet immédiatement
grâce à un gameplay réaliste
qui offre une marge de progression importante
et une réalisation tout à fait
à la hauteur. Si en plus on rajoute une
durée de vie impressionnante grâce
aux modes hors et en ligne très complets,
de nombreux nouveaux tricks qui viennent compléter
la gamme ou encore la possibilité de
quitter sa planche pour modifier le paysage
urbain, Skate 2 remplit parfaitement son rôle
de digne successeur.
Strongbow - 04.03.2009