Le véritable retour de la saga Silent
Hill se fait sur consoles HD, via ce Silent
Hill Homecoming. Épisodes PSP et remake
mis à part, cela fait quatre bonnes années
que la terreur de cette célèbre
et effroyable ville ne nous a pas glacé
le sang, pris aux tripes. C'est donc un cinquième
épisode qui nous arrive entre les mains,
avec tout ce qu'il faut pour satisfaire les
adeptes de jeux bien gores, au détriment
parfois d'une finition mal élaborée...
Cette fois-ci,
c'est au tour d'Alex Sheperd d'aller se perdre
dans les méandres de Silent Hill, et
comme le veut la tradition, il s'y rendra plus
par obligation que par pur envie touristique.
En effet, de retour dans sa ville natale, Sheperd's
Glen, il aura pour but de retrouver son petit
frère, Joshua. Sans nouvelles de lui
depuis bien longtemps, ses recherches mènent
notre héros - militaire en congé
forcé de son état dans
la demeure familiale, au nord de la ville. Avant
d'en arriver là, le joueur va devoir
se familiariser avec les commandes du jeu et
la nouvelle orientation de la série.
C'est en effet très vite que dans l'aventure,
on tombe nez-à-nez avec nos premiers
ennemis : une ribambelle d'infirmières
à moitié dénudées
sorties tout droit du film de Gans. On apprend
grâce à elles les rudiments de
l'attaque et de la contre-attaque. Très
simple, on « locke » la cible à
l'aide de la gâchette gauche, on attaque
avec X ou A, respectivement coups puissants
et faibles et on se défend avec la touche
B. Les esquives s'exécutent quant à
elles grâce à la combinaison du
joystick gauche et du bouton B. Une interface
de jeu assez simple et relativement intuitive,
si ce n'est le manque de souplesse d'Alex. L'anticipation
lors des combats devient alors vraiment la clé
du succès, y compris lors des combats
contre les nombreux et très divers boss.
En plus des armes de poings (couteau, canalisation, hâche, etc.) Alex pourra mettre à profit son expérience de l'armée en utilisant des armes à feux telles que le fusil
et le classique pistolet entre autre. Mais gare aux munitions qui sont réellement rares, à n'utiliser qu'en dernier recours, surtout sachant qu'un chargeur de pistolet entier est juste suffisant
pour certaines créatures. A bon entendeur.
Si jusqu'ici, cette description du système de jeu vous rappelle un beat-them-all, vous n'êtes pas si loin de la vérité. A la différence que les combats sont ici bien moins
nombreux que dans n'importe quel Devil May Cry, et heureusement. Les combats dans ce Silent Hill sont justement
plus récurrents que dans les autres épisodes de cette majestueuse série. Plus récurrents, avec une interface plus intuitive, mais globalement, toujours avec les même tares
: Rigidité et IA à l'ouest.
Fort heureusement, Silent Hill Homecoming ne
se limite pas à cela et la partie exploration
joue un rôle majoritaire dans l'aventure.
Exploration en ce sens que les immanquables
allez et retours seront nécessaires pour
récupérer tel item, qui actionnera
tel interrupteur que l'on ne pourra activer
qu'au moment propice. Les lois du survival horror
sont ici appliquées à la lettre.
Ce principe, qui pourrait dans d'autres genres
s'avérer ennuyeux, n'est ici qu'un prétexte
à des séquences qui foutent les
chocottes. On a beau connaître le coin
par cur depuis les premiers épisodes,
il y aura toujours ce petit détail en
plus qui nous fera sursauter au moment le moins
opportun. A ce titre, il faut également
lever notre verre à ce bon vieux Akira
Yamaoka et son équipe qui a eux seuls
parviennent à distiller une ambiance
sonore des plus favorables à la crainte,
au mal à l'aise, à l'insécurité.
Ces tonnes de bruitages lugubres à souhait,
ces musiques douces, mais avec un je-ne-sais-quoi
de dérangé. Mention spéciale
à la musique de fin, d'une beauté
à la hauteur de la tension que l'on a
endurée tout au long de notre périple.
Merci à Melissa Williamson pour sa voix
toujours aussi en accord avec l'aura de la série.
La durée
de vie de Homecoming reste équivalente
aux précédents épisodes.
Pour une première partie en facile, on
en vient au dénouement après quelques
huit heures de jeu. Ce n'est pas un défaut
en soi, même si cela peut paraître
insuffisant. On lui pardonne cette durée
car comme souvent dans pareil genre, la rejouabilité
est assez intéressante, de quoi récupérer
des objets manqués, récupérer
des armes dévastatrices, entre autres
la scie circulaire, et de découvrir les
autres fins. Cet épisode en comporterait
quatre, les scènes de fin dépendront
du parcours et des choix, réellement
cruciaux, lors de certaines phases assez dures
pour les yeux et la conscience. Impossible d'en
dire plus au risque de gâcher de très
bons/mauvais moments.
Concernant la difficulté, il faut avouer
que le dosage est assez mal équilibré.
Jusqu'à la moitié de l'aventure,
on peine à conserver ses boissons de
santé et ses trousses de soins si bien
qu'à de nombreuses reprises, il faut
envisager de faire un parcours parfait, sans
heurts avec les ennemis, afin de récolter
plus loin, bien plus loin, ces items salvateurs.
De fait, on arrive parfois devant un boss avec
en tout et pour tout qu'une boisson de soin
et deux balles de fusil... Assez délicat
quand ce même boss dispose de bras aussi
grands qu'Alex tout entier et qu'il faut se
résigner à amocher cet énergumène
cauchemardesque à grands coups de hâche.
On s'y fait, aux game over aussi d'ailleurs...
Finissons sur la
partie graphique de Silent Hill Homecoming.
Alors qu'il atterrit sur les plateformes HD,
on s'attendait à une réalisation
de haute volée. Beaucoup seront déçus
de ne pas se retrouver devant un jeu aussi impressionnant
qu'un Gears
Of War 2 ou qu'un Assassin's
Creed, mais la force d'un Silent
Hill ne se situe pas, et ne s'est jamais située
là. Les graphismes sont justes acceptables,
pas de fioritures, un peu de sang par-ci, beaucoup
de chair par là, des couloirs sombres,
des portes rouillées qui grincent, une
ville envahie par la brume, ce cimetière
éclairé par des torches, les passages
dans « l'autre monde » alors que
le décors se décomposent. Bref,
du déjà vu, du déjà
fait, du déjà parcouru, mais ici
avec quelques polygones supplémentaires.
L'essentiel étant que la base graphique
soit de la partie : la pénombre, l'obscurité
et les projections lumineuses de notre lampe
torche. Des éléments primordiaux
à tout Silent Hill qui se respecte. Il
faut les voir ces reflets de chacun des objets
contre les murs, ces ennemis qui grandissent
par-delà le faisceau de vie de cette
lampe qui sera bien plus que votre meilleure
alliée. Silent Hill Homecoming est fidèle
à la série sur ce point-là
aussi, grand bien lui fasse.
Double Helix, qui s'est chargé de cette première itération haute définition, est plutôt nouveau sur le sol de la Xbox 360. Sans doute par
peur de devoir se justifier auprès des fans, ils ont préféré opter pour la facilité. Reprendre les recettes qui font tout le charme de la série et les mettre au
goût du jour. Parfois fait avec maladresse, notamment pour l'ergonomie que l'on aurait préféré plus souple, qu'il s'agisse d'Alex ou des menus. Il en ressort néanmoins
qu'au moment où s'inscrivent les crédits de fin sur notre écran, on ressent une certaine satisfaction, celle d'avoir vu un beau jeu, qui plus est bon, avec un challenge à la
hauteur. Une aventure à vivre pour tout fan de Silent Hill ou simplement pour s'initier à la saga d'une bien belle manière.
Inspecteur Gadget - 11.10.09