Tommy est mécanicien dans une réserve amérindienne, de Cherokee plus précisément, au fin fond du Texas. Ce n'est pas vraiment la vie qu'il
espérait et désire quitter ce patelin pour vivre la grande aventure avec Jen, tenancière d'un petit bar de la réserve, à qui il n'ose lui avouer ses sentiments. Mais contrairement
à lui, elle est très attachée à ses racines et ces terres où elle a grandi. Difficile donc pour Tommy de faire un choix et ce nest pas Enisi son grand-père,
unique membre de sa famille encore vivant, qui va laider avec ses conseils et ses histoires dancêtres et de Dieu Cherokee dont il ne croit pas un mot. Voilà en quelques mots la
vie peu trépidante du héro de Prey jusquau jour où, bien décidé à partir pour laventure, cest elle qui va venir à lui.
Lhistoire commence dans le bar de Jen en compagnie de son grand-père qui lui rappelle quun jour il aura besoin de ses ancêtres et qu'il sent que ce
jour approche, il le sent. Des foutaises, des histoires de personnes âgées se dit Tommy. Deux clients sont également au bar et, ayant un peu abusé de la bouteille sen prennent
à Jen. Cest à ce moment que larme de corps à corps rentre en jeu. Pas un pied de biche mais une imposante clé à molette, évident pour un mécanicien.
Cest donc à coup de clé à molette que Tommy expédie les deux ivrognes au sol à grand renfort dhémoglobine. On se rend vite compte que ce jeu sannonce
plutôt gore. Après cette "petite" altercation, le sol commence à trembler, le plafond s'effondre et de grands faisceaux lumineux le traversent et emmènent tout ce joli
monde. Mais par qui et où ? Et bien ne cherchez pas un coup d'état ou un quelconque complot, c'est tout simplement par des extraterrestres dans un vaisseau à mille lieux de la terre.
Pourquoi ? Vous l'apprendrez bien assez tôt.
Vous vous retrouvez donc en compagnie de Jen et Enisi à explorer ce vaisseau bien malgré vous puisque attaché et véhiculé dans tous les
sens, le tout dans une ambiance très "fonderie". Bien décidé à rentrer chez vous, vous parvenez à vous libérer avec l'aide d'un inconnu qui sabote toute
cette belle mécanique. Vous posez pour la première fois le pied sur le sol de cet étrange vaisseau mi-métallique mi-organique du plus bel effet et partez à la recherche
de vos proches avec comme seul arme votre clé à molette. C'est le cur plein d'espoir que vous retrouvez votre grand-père mais, impuissant, vous ne pouvez que constater qu'il va
mourir dans d'horribles souffrances. C'est donc dans votre quête pour retrouver Jen que vous allez concentrer vos efforts.
Qui dit FPS dit évidemment armes et il faudra croiser le chemin d'un "chasseur" pour découvrir la première arme extraterrestre. On constate
tout de suite que les développeurs ont fait un gros effort pour les modéliser. On peut même les qualifier de vivantes puisque comme le vaisseau elles sont mi-métalliques mi-organiques.
Certaines dégoulinent, d'autres semblent enfermer une créature et les grenades sont tout simplement des bestioles à qui l'on peut arracher les pattes. C'est un vrai régal d'admirer
ces armes mais on aurait aimé voir un arsenal plus important car on en dénombre que sept. Pour ce qui est de leur utilisation, cela reste du classique, gâchette droite pour tirer et
gâchette gauche pour leur deuxième fonction. Puisque l'on est en plein dedans, parlons du gameplay. A ce niveau là pas de surprise, c'est du FPS pur et dur et la prise en main est immédiate.
On notera l'utilisation des deux "bumpers" pour changer d'armes. Pour le reste, on saute avec le bouton A, on lance une bestiole (grenade) avec le bouton X et on s'accroupi avec le B, on bouge
avec le stick analogique gauche et la vue est dirigée par le stick analogique droite.
Voilà, vous êtes fin prêt pour explorer ce vaisseau. Au premier abord on peut penser à un remake de Doom III puisque Prey utilise le même moteur
graphique, amélioré évidemment. On s'attend donc à trouver un level-design super répétitif. Et bien non, Human Head Studios ne s'est pas contenté de faire
des kilomètres de couloirs. C'est donc fort appréciable de découvrir également des décors extérieurs. Mais ce sont les changements de gravité qui démarquent
Prey des autres Doom-like. En utilisant des chemins anti-gravité vous passez de haut en bas, de gauche à droite et vice versa pour enfin ne plus savoir dans quel sens vous vous trouvez. C'est
assez déroutant au début mais une fois l'effet de surprise passé, cela devient même jubilatoire de tirer sur des ennemis qui ont la tête en bas. Des interrupteurs permettant
de changer la gravité sont également présents. Il suffit de tirer dessus pour inverser totalement la gravité. Autre idée novatrice de Prey, les portes interdimensionnelles
qui permettent sans aucun chargement de changer totalement de décor. Elles ne sont accessibles que dans un sens, celui où vous apercevez l'univers suivant. Essayez de les contournez et vous
serez surpris de voir qu'il n'y pas de portes. De plus vous pouvez faire feu sur les ennemis au travers de ces "trous". Mais vous n'êtes pas seul à pouvoir les emprunter, les extraterrestres
les utilisent également pour vous surprendre et vous empêcher de poursuivre votre quête.
Les Aliens ne seront pas les seuls à essayer de vous barrer la route. Vous aurez également à résoudre des énigmes et c'est là qu'une
autre particularité de Prey rentre en scène. Après une chute fatale, vous vous retrouvez sur la terre sacrée de vos ancêtres en face de votre grand-père qui vous
explique que votre esprit peut se séparer de votre corps pour franchir des obstacles infranchissables comme des champs de force. Les énigmes se résumeront à utiliser votre âme
pour traverser ces champs afin de trouver un interrupteur à actionner et pouvoir continuer à progresser. Pas de quoi se taper la tête contre les murs donc. De plus, une marque spécifique
sur le sol vous indiquera quand utiliser votre esprit. Mais ce n'est pas tout, lorsque votre jauge de vie est à zéro, vous vous retrouvez dans un monde spirituel où il vous suffira
de décocher des esprits pour récupérer de l'énergie et réapparaître à l'endroit même où vous avez perdu la vie. Ce qui aurait pu être une
bonne idée, plombe en faite toute la durée de vie. Vous n'avez même pas besoin de vous souciez de votre santé puisque en fin de compte vous bénéficiez de quicks
saves à l'infini et à chaque pas.
C'est donc au niveau de la durée de vie que se situe le talon d'Achille de Prey. En plus des énigmes évidentes, de l'impossibilité de mourir, on
peut ajouter également un nombre d'ennemis simultanés très restreints. Certes ils bénéficient d'une IA correcte et évolutive au fil de l'aventure et certains sont
assez grands et agressifs pour vous opposer une certaine résistance mais, mis à part cela, ne comptez pas plus d'une dizaine d'heures pour terminer l'aventure. Dommage.
Dommage, oui, car le soft est plus ou moins bien réalisé. Plus ou moins car, graphiquement, on alterne l'excellent et le médiocre. Les Aliens fourmillent
de détails, on ne se lasse pas d'admirer ces portes interdimensionnelles ainsi que ces armes "vivantes". Mais c'est surtout l'environnement du vaisseau qui vous en met plein la vue avec
ce mélange de vie et de métal qui vous transporte tout au long de cette courte aventure. C'est au niveau terrestre que Prey déçoit. Les humains et les environnements manquent
singulièrement de détails et sont assez loin de la qualité graphique affichée dans l'univers extraterrestre.
En ce qui concerne le son, c'est bon, même très bon. Le thème principal aux couleurs amérindiennes est envoûtant et s'associe très
bien avec l'aspect du vaisseau. Les voix sont excellentes et l'on ressent à merveille la peur de Jen ainsi que la volonté de Tommy de la retrouver. On peut juste regretter que les dialogues
soient uniquement en anglais sous-titrés en français.
Pour finir, quelques mots sur le mode multijoueurs. On pouvait s'attendre à quelque chose d'intéressant puisque il reprend les caractéristiques de l'aventure
solo avec ses portails, ses changements de gravité et bien non. Seuls les modes deathmatch et team deathmatch sont disponibles et les parties sont limitées à huit joueurs maximum sur
huit cartes. De plus, il faudra compter sur des déplacements un peu bizarres et imprévisibles quand ce n'est pas le lag qui rend les parties injouables. Ce qui aurait pu prolonger la durée
de vie de Prey est en fait un mode plus qu'étriqué sur lequel on passe sans vraiment s'arrêter.
Au final, Prey n'est certainement pas le FPS de l'année ni le blockbuster qu'attend la Xbox 360. Mais Human Head Studios a su revisiter le genre avec des idées
novatrices et un level-design original qui rendent le jeu amusant et surprenant mais définitivement trop court. Et ce n'est pas le mode mulitjoueurs, bien maigre, qui va y remédier. Malgré
tout, il serait dommage de passer à côtés de cette incroyable aventure, surtout en cette période calme de l'année.
Strongbow - 07.08.2006