Les Néerlandais de Triumph Studios,
à qui l'on doit la série Age of Wonders sur PC, proposent avec Overlord
d'incarner un seigneur du mal, dont le but est la domination totale des contrées
avoisinantes grâce à sa horde de larbins. Humour, heroic-fantasy
et originalité sont au programme.
Tout
commence dans les oubliettes de notre tour, où l'on se fait réveiller
par nos serviteurs. La bâtisse est en ruine, et l'on ne dispose que d'une
poignée de larbins pour commencer. Y'a du chemin à faire avant d'asseoir
sa domination sur la région, et de montrer à ses sujets que l'on
est leur suzerain, au choix impitoyable et cruel, ou fort mais compatissant. Les
premières missions consistent à retrouver l'orbe de la tour pour
permettre de se téléporter en divers lieux depuis sa demeure, de
libérer les habitants d'un village emprisonnés par des Halflings,
puis de trouver une grue pour entamer les réparations de la tour. Pour
obtenir plus de larbins, il est nécessaire de tuer diverses créatures
vivantes, afin de ramasser des orbes de vie qu'elles laissent derrière
elles. Chaque orbe ainsi récoltée permet d'invoquer un larbin depuis
les puits que l'on trouve dans chaque région. Si au début du jeu
on ne peut contrôler que cinq larbins, même en possédant un
stock plus élevé d'orbes en réserve, on peut par la suite
découvrir des artefacts permettant d'augmenter son maximum de serviteurs,
et l'on finit par contrôler plusieurs dizaines de créatures en même
temps.
Ces larbins peuvent être
dirigés de plusieurs manières. La gâchette droite les envoie
droit devant dans la direction pointée par l'Overlord, afin d'attaquer
ou de piller un secteur. On peut combiner cela en plus avec la gâchette
gauche pour cibler avec plus de précision un ennemi ou un mécanisme
à actionner et y envoyer des serviteurs. Grâce au stick droit, il
est également possible de les diriger de façon plus précise
en prenant directement les rênes de la horde. Le bouton Y permet d'assigner
un point de garde avec drapeau pour y fixer une partie ou tous ses larbins; point
de garde que l'on peut d'ailleurs déplacer en le ciblant puis en bougeant
le stick droit. Quatre types de larbins existent et tous ont leur utilité
selon les situations. Par exemple, les bruns, les premiers à rejoindre
nos rangs, sont les soldats de base, bien adaptés au combat direct. Les
bleus de leur côté sont très faibles au corps à corps,
mais peuvent sans risque traverser des étendues d'eau et régénérer
d'autres larbins tombés sur le champ de bataille. Overlord ne propose pas
que des situations de carnage et de pillage pur et de nombreuses petites énigmes
sont présentes, où il faut utiliser à bon escient les diverses
races de larbins. Par exemple, si l'on doit actionner un mécanisme d'ouverture
de porte qui se trouve sur un petit îlot et défendu par de grosses
autruches, on ne peut y envoyer que des larbins bleus. Le problème est
qu'ils ne sont pas de taille à affronter l'adversaire. La solution consiste
à mettre nos larbins bruns à proximité, puis de voler un
oeuf d'autruche avec un larbin bleu et de le ramener vers les bruns. Les volatiles
voulant récupérer l'oeuf se font tailler en pièces par les
bruns, laissant la voie libre aux bleus pour actionner le mécanisme. Il
est souvent possible et tentant de foncer tête baissée dans ce genre
de cas, mais le nombre élevé de larbins perdus par moments invite
à la prudence et à la réflexion (une horde entière
de dizaines de larbins peut parfois se faire décimer en un clin d'oeil
si l'on s'y prend mal). En situation de combat classique, contre un ou plusieurs
adversaires coriaces, il peut être utile de positionner en retrait ses larbins
bleus en leur assignant un point de garde (qu'ils utiliseront pour ramener à
la vie les larbins morts au combat), de mettre quelques verts en embuscade (devenant
ainsi quasi invisibles et pouvant sauter sur le dos d'un ennemi), de placer les
rouges en hauteur pour faire feu à distance puis d'envoyer le reste de
ses troupes (les bruns) sur l'adversaire.
En tant que héros, on peut également
prendre part aux combats grâce à son arme et à divers sorts
que l'on acquière au fil de l'aventure (boules de feu, bouclier, ralentissements
de l'adversaire, ...). Malheureusement la caméra n'est pas notre alliée
dans ce genre de situation. Le stick droit étant assigné au déplacement
des larbins, il faut maintenir LB enfoncé pour changer la fonction du stick
et l'utiliser ainsi comme caméra. Et il arrive souvent qu'en situation
de combat, on déplace ses serviteurs au lieu de la caméra, ou alors
on cible un ennemi à distance alors qu'un autre est tout proche devant
soi, ou pire dans notre dos. La relative faiblesse de notre avatar en début
d'aventure, la rigidité de ses mouvements combinés avec ces quelques
soucis de caméra, font que l'on privilégie très souvent l'utilisation
des larbins pour le combat, au détriment d'une action plus directe par
notre Overlord. Mais ceci n'est finalement que peu gênant, vu que les serviteurs
se contrôlent plutôt bien. Il arrive parfois qu'ils restent bloqués
par un élément de décor, mais le plus souvent ils reviennent
sans encombre vers leur maître, les mains pleines de trésors pillés
(on peut détruire, ou faire détruire de nombreux éléments
de décor), et d'orbes. Les larbins ramassent aussi divers équipements
qu'ils trouvent dans les caisses ou sur les cadavres d'ennemis, et qu'ils utilisent
automatiquement pour s'équiper et augmenter leur force guerrière,
représentée par un pourcentage à l'écran. Ces équipements
sont souvent assez drôles d'ailleurs, et l'on peut voir ainsi nos larbins
se coiffer de toques de cuisinier, de citrouilles, de peaux de rats, et s'armer
de poêles à frire, gourdins ou haches de nains surdimensionnées.
Les larbins sont très polyvalents, et peuvent, comme on l'a vu plus haut,
se battre, piller, s'équiper, actionner divers mécanismes, mais
aussi transporter de gros artefacts ou objets s'ils se mettent à plusieurs,
afin de les ramener à la tour via un cercle de téléportation.
Parmi ces objets, on trouve notamment ceux augmentant la santé et la mana
du héros, de nouveaux sorts, ou encore des fourneaux. Ces derniers permettent
de forger de nouvelles armes et armures dans une salle de la tour, en ajoutant
si désir une bonne poignée de larbins au mélange en fusion,
afin d'améliorer les statistiques de l'équipement destiné
à l'Overlord.
Le jeu propose une
demi-douzaine de régions à visiter pour autant de boss principaux
à affronter. De nombreuses quêtes sont présentes, certaines
obligatoires et d'autres optionnelles, que l'on peut parfois résoudre en
suivant la voie démoniaque ou alors en choisissant d'être un suzerain
modèle et magnanime. Overlord mélange les genres de façon
réussie, avec une partie gestion et tactique concernant les larbins, de
l'aventure, de l'action, de la découverte et même un soupçon
de jeu de rôle avec ces quêtes et l'amélioration de son personnage.
L'humour est bien présent et on a droit à un univers d'heroic-fantasy
quelque peu décalé et satirique avec un paladin corrompu, des Halflings
obèses ressemblant fortement aux Hobbits mais obsédés par
la nourriture, des nains ivrognes se faisant dévorer par des limaces géantes,
ou encore des licornes assoiffées de sang. En dehors des quêtes,
notre héros peut se délasser dans sa tour en affrontant dans l'arène
divers ennemis déjà rencontrés (très utile pour refaire
le plein d'orbes de vie), se rendre à la forge pour améliorer son
équipement, décorer les lieux selon les désirs de sa maîtresse
en achetant diverses pièces de mobilier, et contempler sa salle au trésor
qui se remplit petit à petit. De quoi apporter de la variété
à l'ensemble, parfois quand même un poil répétitif,
et une durée de vie conséquente d'une trentaine d'heures de jeu
si on prend le temps de découvrir chaque recoin et que l'on s'attarde sur
toutes les quêtes.
Côté
réalisation, les diverses régions traversées sont variées
et possèdent un charme certain qui fait par moments penser à Fable.
Si l'on devait citer un autre jeu auquel on pense pour l'ambiance, ce serait Dungeon
Keeper. Il y a pire comme références. Les décors sont réussis
et de nombreux éléments de décor sont destructibles (chaises,
tables, coffres, panneaux, barrières, champignons, champs de blé,
etc.), mais manquent parfois d'un peu de relief. Les ennemis sont très
variés, bien modélisés et animés. La rigidité
du héros dans ses contrôles se retrouve hélas quelque peu
dans ses mouvements, et l'Overlord semble un peu rouillé dans son armure.
Même si l'on constate quelques rares ralentissements, le jeu s'en sort plutôt
bien même quand des dizaines d'ennemis et de larbins sont présents
à l'écran. Quelques bugs de collision et des serviteurs coincés
définitivement par le décor sont à noter, ainsi qu'un bug
concernant le premier boss qui réapparaît après avoir été
tué si l'on revisite la région (sans conséquence réelle
sur le jeu heureusement). Si les musiques sont correctes sans être inoubliables,
les voix françaises sont de leur côté excellentes, notamment
celles de nos serviteurs.
Overlord est
jouable aussi en multijoueur, mais uniquement sur Xbox Live. Trois modes de jeu
sont à disposition, tous prévus pour deux personnes. Le mode coopération
ne permet hélas pas de revivre l'aventure solo accompagné de quelqu'un,
mais de résister en survie à des vagues d'ennemis toujours plus
coriaces. Il existe deux autres modes multi, en affrontement cette fois : massacre
et pillage. Dans le premier, chaque ennemi tué rapporte des points, et
occire le joueur adverse en rapporte bien d'avantage. Un mode assez tactique où
il faut décider de sa stratégie à employer, à savoir
prendre du temps pour construire ses forces en ramassant orbes et artefacts, ou
au contraire rusher sur l'adversaire humain dès le début de partie
et si possible par surprise. Dans le mode pillage, les joueurs ont pour but de
récolter des trésors le plus rapidement possible. Sachant que les
gros sacs d'or doivent être transportés par une dizaine de larbins,
il peut être intéressant d'attendre que l'ennemi humain fasse transporter
un de ces sacs par ses troupes, puis l'attaquer, décimer ses forces et
s'enfuir avec son butin. Des modes bien pensés et intéressants,
mais malheureusement un peu gâchés par le très faible nombre
de cartes disponibles (deux par mode de jeu, soit un total de six), et par des
soucis fréquents de lag (oui même à deux) et de déconnexions.
Overlord
mélange avec réussite les genres et propose une aventure originale,
bien réalisée et remplie d'humour que ce soit dans les dialogues
ou dans les situations. On regrette quelques soucis de caméra, la rigidité
du héros, des sauvegardes automatiques pas toujours pratiques et une certaine
répétitivité. Malgré cela, la gestion et le contrôle
des larbins sont plaisants, et le gameplay basé sur les énigmes,
les combats et le plaisir de la découverte est réussi. Un titre
qui devrait convaincre tous les amateurs d'heroic-fantasy qui sont prêts
à découvrir un jeu différent, rafraîchissant, doté
d'une bonne durée de vie et d'une ambiance unique.
Max73
- 27.06.2007