Dans une ville
où la moindre information est filtrée par les autorités, où la liberté d’expression
n’est plus, vivent les Messagers. Une sorte de yamakasi, agiles, rapides et organisés,
qui travaillent pour toutes personnes désirant communiquer librement, ou appartenant
à la résistance. Dotés d’un Sens Urbain qui leurs permettent de tracer leur chemin
en « colorant virtuellement » les murs et les supports utilisables, les Messagers
sautent de toit en toit sans hésitation et avec une grande fluidité pour faire
transiter des informations. Jeu de plateforme et de temps en temps de shoot, Mirror’s
Edge propose de nouvelles sensations et un tout nouveau concept. Le joueur se
retrouve dans la peau de Faith, une messagère asiatique, et plus précisément dans
ses yeux, puisque, contrairement à d’autres jeux du même genre, le tout se déroule
à la première personne. Mais le principe du « Free-Running » que propose
Mirror's Edge n'est pas totalement nouveau. Assassin's
Creed a par exemple déjà exploité la chose avec
brio. Avec un style graphique bien particulier, mais néanmoins joli, et en étant
le premier à proposer un jeu comme celui-ci, Mirror’s Edge a de quoi séduire le
public. Mais alors, a-t-il des défauts, et quels sont-ils ? Réponse dans ce test.
Il
faut le dire tout de suite, Mirrors Edge n’est pas parfait. Son principal défaut,
sa très faible durée de vie. Le mode principal, en difficulté moyenne, ne demande
pas plus de cinq ou six heures au joueur lambda pour en venir à bout. Ceux voulant
commencer directement en difficile peuvent déjà oublier, puisque cette possibilité
se débloque seulement après avoir terminé l’histoire en normal. Heureusement,
d’autres modes de jeux sont présents pour augmenter un minimum la durée de vie,
mais pas le Xbox Live. L’autre point faible de Mirror’s Edge est moins technique,
mais très important, c’est le scénario. L’aspect « Messagers » et le transport
de mallettes à travers la ville sont totalement mis de côté. Par exemple, il n’y
a aucune mission qui consiste à aller d’un point à un autre juste pour transmettre
des informations, ce qui est habituellement l’activité principale de l’héroïne.
On aurait pu imaginer plusieurs missions secondaires et facultatives de ce style,
pour permettre au joueur de se balader sur les toits en étant un minimum détendu.
Faudrait-il encore qu’il y en ait des missions secondaires. Faith va donc devoir
passer de l’autre coté du miroir et affronter la police ainsi que des soldats
appartenant à des entreprises privées de sécurité, pour pouvoir innocenter sa
sœur, également policière, accusée à tort d’avoir commis un crime contre un homme
politique. On consacre donc tout son temps sur cette histoire, en tentant de coopérer
et d’enquêter sur différents personnages : chef de la police, homme d’affaire,
messagers douteux, etc.
Les Messagers n’utilisent pas uniquement les toits,
ils passent aussi par d’autres endroits. Dans des bureaux, à l’intérieur d’un
centre commercial ou encore entre les armoires d’une salle des serveurs, ou carrément
en sous-sol et dans les conduits d’aérations. Le joueur peut donc évoluer dans
un univers varié et original. Sauf que les niveaux en intérieur sont souvent synonymes
de courses poursuites entre l’héroïne et les forces de l’ordre et de répétitivité.
Pour ne pas dire linéarité. En effet, la plupart des scènes intérieures ne sont
faisables en empruntant qu’un seul chemin et ne donnent pas la possibilité d’évoluer
librement. Cela concerne aussi, dans une moindre mesure, ce qui se déroule en
extérieur. Malgré l’impression de liberté totale sur les toits, le joueur ne peut
pas réellement choisir son itinéraire. Bien sur, c’est à lui de décider s'il passe
au dessus ou en dessous d’une barre de fer, mais au final, tout le monde prend
le même chemin, saute avec les mêmes rampes et utilise des astuces similaires.
Le Sens Urbain contribue aussi à cette linéarité. À l’aide de couleurs, celui-ci
indique l’endroit où le joueur doit se rendre, en orange, et les éléments importants,
comme les tremplins, en rouge. Il est toutefois possible de le désactiver pour
augmenter le réalisme et pour avoir l’impression de ne pas être dirigé perpétuellement.
Certains passages sur les toits et tous ceux en intérieur ne se déroulent pas
sans embûches. Des ennemis ou des snipers essaient continuellement de stopper
la messagère dans son élan. Contrairement aux séquences qui se déroulent dedans,
les soldats des toits sont en petit nombre et ne sont pas très efficaces. Faith
étant dans son éléments, on peut le comprendre. En plus, l’IA des adversaires
laisse à désirer. Même si ce n’est pas toujours dérangeant, on regrette parfois
le coté humain que pourraient avoir les soldats. Si le joueur est loin, ils tirent,
et s’il est proche, ils frappent avec la crosse de leurs fusils. C’est à ce moment
là, lors du coup donné par l’ennemi, qu’il est possible de s’emparer de son arme
en effectuant un contre au bon moment. Le joueur peut alors appuyer sur la touche
prévue et admirer Faith mettre KO son rival. Dans la précipitation, il n’est pas
facile d’esquiver les balles, de glisser vers son adversaire et d’appuyer ensuite
sur le bouton. Surtout qu’il n’y a qu’un seul moment où le contre peut passer,
et si l’on le rate, le coup de crosse ennemi est placé et envoie valser Faith.
Heureusement, il est possible d’actionner un ralenti pour maîtriser un peu mieux
les combats. Tout cela reste très limité. Déjà, à cause du placement difficile
et foireux du contre, et parce qu’il n’y a pas plus de cinq animations différentes.
Une fois ce calvaire passé, on récupère l’arme et on peut l’utiliser. Il n’y a
pas d’indicateurs de munitions et il peut rester trois ou trente balles, on ne
le sait pas avant d’avoir vidé le chargeur. Avoir un fusil dans les mains, c’est
d’habitude très réjouissant, mais dans Mirror’s Edge, ce ne l’est pas du tout.
Une visée foireuse, un recul monstrueux, bref, il faut se débarrasser de ça rapidement.
Et c’est d’ailleurs ce qu’il est conseillé de faire puisque les mouvements de
l’héroïne sont réduits dès qu’elle est armée. Les systèmes de combat ne sont donc
pas des plus réussis et ne donnent pas envie d’expérimenter la chose un peu plus.
Il vaut mieux éviter l’affrontement.
D'un
point de vue technique, Mirror's Edge satisfait amplement. Avec un gameplay simple,
une prise en main aisée, de jolis graphismes et une bande son plutôt réussie,
on ne peut passer que du bon temps avec ce jeu. Tous les mouvements principaux
sont exécutables avec les gâchettes. Une pour le saut, une pour se baisser et
effectuer des roulades, une autre pour frapper, et la dernière permet de faire
une rotation de 360 degrés. Ces commandes peuvent paraître bizarres, mais on s’y
fait rapidement et on les apprécie, malgré leur originalité. Pour les sauvegardes,
tout est automatique et le joueur n’est jamais sollicité. C’est agréable de ne
pas avoir besoin de s’en occuper soi-même, car les chutes et les morts sont nombreuses
et que l’on répète des passages plusieurs fois. S’il avait fallu enregistrer manuellement,
le jeu aurait perdu toute sa saveur. Par contre, quelques chargements, courts,
apparaissent en plein millieu de certaines courses, coupant ainsi le joueur dans
son élan. Mais ce n'est malheureusement pas les seuls chargements, il y
en a d'autres. Beaucoup plus longs cette fois. Ceux-ci interviennent la plupart
du temps lorsque l'héroïne entre dans un ascenseur ou dans tout autre
refuge à l'abri des ennemis. Les dialogues sont entièrement en français.
Quelques traductions laissent à désirer et les intonations ne sont pas toujours
très bonnes, mais c’est appréciable d’avoir une version française intégrale, alors
on ne va pas se plaindre. De plus, les musiques (Electro/Pop) présentes dans le
jeu conviennent parfaitement à l’ambiance. Graphiquement, Mirror’s Edge fait fort.
On ne se surprend pas à admirer les décors ou certains paysages certes (plantes
assez moches et pas détaillées par exemple, environnements répétitifs),
mais il n’y a pas non plus de grosses imperfections. C’est beau, sans être magnifique,
et ça suffit.
Les modes secondaires présents n’allongent pas
réellement la durée de vie du jeu, puisque ceux-ci ne sont pas des plus attrayants.
Le premier, tout simple, le contre la montre. Il permet de refaire les niveaux
de l’histoire en un temps record, avec les ennemis et sans bonus ajoutés. Dans
le mode Parcours, le deuxième mode de jeu secondaire, par contre, les cartes sont
vides d’adversaires. Le but principal est aussi de faire un bon chrono, mais cette
fois, il faut passer par des checkpoints dispersés dans le niveau. Il y a une
vingtaine de parcours, qui durent entre une ou deux minutes chacun. Par rapport
au temps effectué, on gagne des étoiles, qui ne sont pas vraiment utiles, à part
pour débloquer des succès. Les cartes utilisées ne sont autres que celles déjà
vues dans le mode principal, légèrement modifiées. Pas très original, et un peu
décevant, ces deux modes proposent néanmoins quelques heures d’amusement en plus,
même si l’on ne découvre rien de nouveau. Seul bon point, les temps réalisés sur
ces parcours sont sauvegardés et comparés avec les autres joueurs via le Xbox
Live, et il est possible de télécharger les fantômes (sous forme d’ombre rouge)
de ceux qui on fait les meilleurs scores, en passant par un compte EA, que l’on
peut créer sur place.
L’idée
qu’un jeu de plateforme puisse être à la première personne intriguait bon nombre
de joueurs, et DICE a démontré que c’était possible, agréable, et que les sensations
éprouvées pouvaient être bonnes, sans donner le tournis aux joueurs. La jouabilité
est quasi-parfaite, à part peut-être les moments de désarmement de l’adversaire,
et les cascades s’enchaînent facilement. On regrette le fait de devoir mourir
trop souvent pour se rendre compte de la direction à prendre et de recommencer
certaines scènes barbantes à cause des tirs ennemis qui sont quelques
fois bien trop précis et trop puissants. Avec ses couleurs flashys et un
style graphique particulier, Mirror’s Edge séduit dès les premières minutes de
jeu. Accompagné d’une bande son réussie, malgré quelques imperfections dans les
traductions, toutes les conditions sont réunies pour faire un bon jeu. Et Mirror’s
Edge en est un, de bon jeu, sauf que sa durée de vie pourrait refroidir bon nombre
d’acheteurs, sachant qu’une petite dizaine d’heures permettent de faire le tour
de ce titre et qu’aucun mode Live n’est disponible. Dommage, quelques courses
sur les toits à quatre ou cinq n’auraient pas été de refus, et auraient facilement
attirées du monde. Un jeu amusant, fun et différent des autres, certes, mais son
faible contenu l’empêche de réellement percer. Surtout en ce moment, où la majorité
des jeux ont une bonne durée de vie. L’avantage est que Mirror’s Edge est le seul
sur le marché à proposer un gameplay comme celui-ci. Il ne reste plus qu’à voir
ce que l’avenir réserve à ce tout nouveau style de jeu très prometteur. En tous
cas, DICE a osé innover et rien que pour cela, on aime Mirror’s Edge.
Crypto
X - 5.12.2008