Avec 4.5 millions d'unités vendues, Gears
of War est devenu, à l'instar de la licence Halo,
un fer de lance de la console de Microsoft. On peut sans autre affirmer qu'il
y a eu un avant et un après Gears of War tant celui-ci a marqué
les esprits avec ses graphismes éblouissants, son système de couverture
maintes fois copié sans jamais atteindre son niveau et un mode coop grisant.
Dire que cette suite est attendue au tournant par toute une communauté
qui squatte encore les réseaux du premier est alors un doux euphémisme
surtout que les gars d'Epic Games nous ont promis un jeu plus grand, plus fort
et plus extrême.
Six mois après
la fin du premier épisode et l'utilisation de la bombe-lumière sensée
éliminer complètement les Locustes de la planète Sera, Marcus
Fenix et Dominic Santiago ainsi que les autres membres de l'unité Delta
de la CGU reprennent du service. En effet, cette tentative d'éradication
n'a pas eu les effets escomptés et ces monstres reviennent plus forts que
jamais avec dans leur rang, une arme dévastatrice qui engloutit les villes
les unes après les autres. Bien conscients que leur avenir est compté,
les humains tentent alors un dernier baroud d'honneur en lançant une offensive
dans les profondeurs de la terre, au coeur même de l'antre des Locustes.
Il faut bien l'avouer, le scénario n'est pas l'atout majeur de ce Gears
of War 2 malgré la volonté évidente des développeurs
d'apporter une dimension humaine par le biais de Dom Santiago qui recherche désespérément
sa femme et l'ajout de divers écrits à ramasser, via lesquels on
en apprend un peu plus sur l'histoire..
Mais
Gears of War 2 c'est avant tout un jeu de tir à la troisième personne
intense, spectaculaire qui ne nous laisse aucun répit lors des 12 ou 13
heures que dure l'aventure. Après un acte initial qui nous renvoie l'impression
d'être face au précédent épisode, ce titre monte progressivement
en puissance pour enfin nous en mettre plein la vue. Ce second volet va donc encore
plus loin graphiquement parlant et décroche sans peine la palme du plus
beau jeu de cette génération. On ne peut qu'être ébahi
devant la richesse des textures qui gagnent encore en détails, des protagonistes
parfaitement modélisés et une distance d'affichage enfin à
la hauteur de cette production. On trouve également quelques éléments
destructibles, spécificité mise en avant lors de la diffusion d'une
démo
technique à l'E3 dernier mais sans réellement influencer
le gameplay. En effet, seuls les rares éléments en bois présents
peuvent être totalement détruits tandis que les murs et autres couvertures
en dur s'effritent tout juste sous l'impact des différents projectiles
sans toutefois mettre en danger notre position. Dommage alors que Epic Games n'ait
pas poussé cet aspect un peu plus loin, quitte à bouleverser quelque
peu les mécanismes de leur titre. Néanmoins, ils nous délivrent
un jeu, certes toujours aussi linéaire mais avec des niveaux bien plus
grands et variés, tant au niveau de l'environnement que de l'ambiance.
Du manoir flippant à la ville en feu en passant par l'inquiétant
et impressionnant antre des Locustes, Gears of War 2 ne cesse de nous impressionner
et certains actes resteront à coup sûr encore longtemps dans les
mémoires. Qui plus est et ceci malgré quelques micro-saccades après
le chargement d'un chapitre, la fluidité est au rendez-vous. Une véritable
prouesse quand on peut admirer autant de détails alors que l'action bat
son plein. Il faut bien l'avouer, aucun studio ne maitrise aujourd'hui l'Unreal
Engine comme le font les concepteurs de ce moteur. En ce qui concerne l'aspect
audio, il est une fois de plus très réussi avec son lot de musiques
épiques signées Kevin Riepl (déjà auteur de la bande
son du premier) et Steve Jablonsky accompagnées de bruitages fort convaincants
et très crédibles. Quant aux dialogues, toujours très caricaturaux,
ils siéent parfaitement aux personnages, pour autant que l'on adhère
à cet esprit très série B.
Gears
of War 2 c'est aussi un gameplay nerveux qui se repose une fois de plus sur l'utilisation
d'éléments de couverture. On n'observe donc pas de grands chamboulements
mais quelques améliorations bienvenues comme le découpage des ennemis
à la tronçonneuse bien moins approximatif et beaucoup plus simple
que dans le précédent volet. Ces derniers savent aussi se servir
de cette arme, ce qui peut entraîner alors un duel où le matraquage
d'un bouton détermine le vainqueur. Toujours au niveau de l'interaction
avec les Locustes, on peut désormais les saisir, lorsqu'ils agonisent au
sol, et les utiliser comme bouclier pendant un bref un moment avant que les balles
ennemies ne transpercent leur peau. Un moyen comme un autre de se créer
un abri de fortune et de prolonger quelque peu la vie de ces créatures.
Il est aussi possible de mettre fin à leurs jours plus rapidement grâce
à un choix de mise à mort qui s'est vu étoffé de nouveaux
mouvements plus brutaux les uns que les autres. Une pratique presque jouissive
mais qui se relève quelque peu du gadget puisque l'on peut les achever
simplement avec une rafale de plomb. Il faut néanmoins veiller à
ce qu'ils soient bien morts puisqu'ils peuvent dorénavant, à l'instar
de nos frères d'arme, se relever mutuellement. En ce qui concerne les armes,
on retrouve celles présentes dans Gears of War premier du nom telles que
les classiques pistolets, fusil de sniper ou encore la célèbre baïonnette-tronçonneuse
attachée au fusil-mitrailleur sans oublier évidemment l'arbalète
à tension et le rayon de l'aube qui apparaît malheureusement très
furtivement en fin d'aventure. Au rayon des nouveautés, on peut relever
le lance-flammes ou encore le mortier qui, après un peu d'entraînement
peut s'avérer dévastateur. A noter aussi qu'il est possible maintenant
de détacher les tourelles ou encore d'utiliser les grenades comme mines
en les collant simplement sur un mur.
Gears of War 2 c'est avant tout
une expérience qu'il faut vivre à deux, en écran partagé
ou via le Xbox Live. Le mode coopération, déjà excellent
en 2006, franchit encore une étape cette année avec des séquences,
où les chemins des deux joueurs se séparent, bien plus nombreuses
et surtout mieux pensées. Sans jamais le perdre des yeux, on peut alors
aider notre partenaire en difficulté et, dans bien des situations, une
action spécifique de notre ou de sa part est nécessaire pour débloquer
un passage pour ainsi pouvoir poursuivre l'aventure. Des phases en véhicules
viennent encore renforcer cet aspect coopératif. Malgré le fait
qu'elles apportent un peu de variété, il s'agit trop souvent de
séquences de shoot'em up que l'on ne réussit que rarement la première
fois (en difficulté élevée en tous cas), et pour lesquelles
il faut parfois mémoriser les choses à faire (l'emplacement des
ennemis à descendre) pour les réussir.
Outre
la campagne en coopération, Gears of War 2 propose de nombreuses possibilités
multijoueurs. On trouve tout d'abord un camp d'entraînement où l'on
apprend les règles de chaque type de partie dans des affrontements contre
des bots. Ces derniers, dont on peut régler le niveau d'efficacité,
peuvent également être utilisés dans des parties en local,
histoire de se faire la main et découvrir tranquillement les cartes. Beaucoup
de changements, que ce soit dans le fond et dans la forme, sont intervenus depuis
le premier GOW au niveau multijoueur. Les affrontements se font désormais
avec un maximum de dix joueurs (contre huit auparavant). On peut toujours jouer
à deux en local (écran partagé), en multiconsoles (jusqu'à
10) et sur le Live (10 également). Sur le Live, on retrouve les parties
privées où l'on peut inviter ses amis et définir bon nombre
de paramètres tels que l'emplacement des armes ou les tirs alliés.
Le gros changement se fait en Live public, soit pour les parties classées.
Désormais, on ne choisit plus sa partie dans une liste, ni la carte, ni
même dans quel camp on souhaite jouer. Un peu à la manière
d'Halo 3 on choisit
un groupe de parties; le groupe Elimination par exemple contient les modes de
jeu Zone de Guerre, Elimination et Leader. Une fois les deux équipes remplies,
ce qui se fait sans intervention ou choix du joueur, on peut voter pour un type
de partie et ensuite pour une carte, la majorité l'emporte. Ces changements
ont l'avantage de limiter l'avantage d'un joueur qui décidait systématiquement
d'être l'hôte d'une partie (désormais on ne sait plus qui l'est),
et d'obliger les joueurs à essayer diverses parties sans se cantonner à
une seule carte ou deux. Le rythme des parties a également changé,
avec un renforcement de la prudence et de l'utilisation des couvertures. Les rush
au shotgun peuvent en effet être plus facilement stoppés en tirant
sur un joueur, et les grenades (même les fumigènes) peuvent être
plantées sur tous les murs pour tendre des pièges, ce qui incite
les joueurs à plus de prudence, sous peine de se voir exploser, ou au moins
jeté à terre.
Concernant
les modes de jeu, on retrouve Zone de Guerre (Deathmatch en équipes), Exécution
(idem, mais avec l'obligation d'achever un ennemi à terre), Ailier (affrontements
par équipes de deux), Annexion (capture de territoires, avec vies illimitées).
Ceux-ci sont complétés par Leader, qui est une remise à neuf
de l'ancien mode Assassinat, où l'on doit toujours protéger le chef
de son groupe qui permet, cette fois et tant qu'il est en vie, d'avoir un nombre
illimité de respawns. On trouve également Roi de la colline, une
variante d'Annexion où il faut rester à l'intérieur d'une
zone en permanence, et enfin, le mode le plus original : Horde. Dans celui-ci,
jusqu'à cinq joueurs oeuvrent en coopération en affrontant des vagues
d'ennemis les unes après les autres, avec une difficulté croissante.
Les joueurs peuvent secourir les alliers s'ils sont à terre, et les joueurs
éliminés réapparaissent lors de la manche suivante pour autant
qu'au moins un joueur ait tenu le coup jusqu'à la fin d'une vague. Un mode
de jeu très sympathique qui met en avant la coopération entre joueurs
et qui complète très bien les sept autres modes de jeu existants.
Dix cartes sont incluses avec GOW 2, et en achetant le jeu neuf on trouve dans
la boîte un code permettant de télécharger cinq autres cartes
sur le Marché Xbox Live (116.07 Mo). Ces cinq cartes « flash-back
» sont des maps à succès du premier Gears, à savoir
Impasse, Métro, Canaux, Manoir et Gare de Tyro. Toutes ont subi un lifting,
notamment graphique, pas toujours très réussi (la superbe eau de
Canaux est gelée désormais), mais difficile de trop chipoter quand
on sait que ces cinq cartes sont gratuites. Dommage cependant qu'il faille avoir
un code pour les télécharger, ce qui risque de rendre ce jeu peu
intéressant en occasion pour ceux qui désirent jouer en ligne. GOW
2 propose donc un contenu riche en multijoueur avec un nombre très correct
de cartes, de nouveaux modes de jeu, dont le très réussi Horde,
et plusieurs changements en terme de rythme de jeu et de recherche de parties
plutôt bienvenus, même s'ils risquent de ne pas satisfaire totalement
quelques inconditionnels du premier GOW.
Gears
of War 2 poursuit avec brio l'aventure débutée il y a tout juste
deux ans. Plus beau, plus intense, plus long, les gars d'Epic Games ont donc placé
une fois de plus la barre très haut avec ce titre. Il ne révolutionne
certes pas le genre mais grâce à un mode coop encore plus grisant,
des améliorations au niveau du gameplay et un multi très solide,
il confirme sans problème son statut de blockbuster et se classe une fois
de plus comme le jeu à ne pas manquer cette année.
Strongbow & Max73 - 25.11.2008