Sous
la tutelle de Microsoft, le studio américain Day 1 avait développé
deux bons jeux de mechs sur Xbox, Mechassault
et Mechassault
2 : Lone Wolf puis le non moins très bon F.E.A.R.
en collaboration avec Vivendi Games sur Xbox 360. C'est donc avec une certaine
confiance que l'on aborde leur nouveau bébé, Fracture, avec le soutien
cette fois de LucasArts. La promesse d'un gameplay révolutionnaire basé
sur la déformation du terrain renforce encore notre curiosité devant
cette nouvelle licence. A tord ou à raison, c'est ce que l'on va découvrir
ensemble.
Fracture se déroule
en 2161. Le réchauffement climatique a alors pris le dessus sur notre bonne
vieille terre et la montée des eaux due à la fonte des glaces arctiques
a fini par diviser les Etats-Unis en deux et par la même occasion le monde.
On trouve alors deux camps bien distincts avec à l'ouest les Pacificains
qui sont passés maîtres dans la manipulation génétique,
et à l'est l'Alliance Atlantique qui eux ont plutôt focalisé
leurs recherches sur la technologie cybernétique. Une perception de l'avenir
différente qui va conduire ces deux parties du globe à une guerre
certaine. Sous l'impulsion d'un certain général Shepard, les Pacificains
sont bien décidés à réfuter le pouvoir de Washington
et ainsi imposer leur point de vue en mettant à feu et à sang le
pays. On incarne alors un soldat de l'Alliance Atlantique prêt à
tout pour mettre fin aux plans de ce général sans scrupule. Fracture
propose donc une base scénaristique intéressante et originale mais
qui se résume malheureusement à l'introduction. En effet, l'aventure
tombe rapidement dans le classicisme, c'est-à-dire un jeu de tir à
la troisième personne bien bourrin posé sur des rails avec une course
poursuite entre le bien et le mal tout ce qu'il y a de plus banale. On en vient
même à se demander ce que l'on fout là. Les cinématiques
ne parviennent pas à captiver notre attention à cause notamment
d'une version française caricaturale, des dialogues peu recherchés
et des personnages peu charismatiques. On aurait aimé que les développeurs
approfondissent la bonne idée de départ mais c'est sans doute trop
demander pour ce type de jeu qui mise plutôt sur de l'action soutenue en
lieu et place d'une bonne histoire. A ce niveau, ce titre remplit parfaitement
son rôle.
Au niveau des spécificités
de gameplay, notre soldat est un muni d'un équipement dernier cri avec
une cyber-armure qui, à l'instar du Masterchief,
se recharge avec le temps et surtout d'un canon sur son bras droit capable de
déformer le terrain. Une simple pression sur la gâchette haute gauche
ou droite permet d'augmenter ou d'abaisser le niveau du sol, pour autant qu'il
soit en terre. Certaines grenades permettent aussi d'obtenir le même résultat
mais aussi de provoquer un vortex ou encore un stalagmite. Ce qui aurait pu apporter
une dimension intéressante à Fracture n'est en fin de compte qu'un
simple gadget, puisque utile uniquement pour prendre de la hauteur pour passer
un obstacle ou dégager un tunnel obstrué afin de poursuivre notre
progression. Il y a bien quelques énigmes qui nécessitent l'utilisation
de cette particularité mais cela ne casse pas trois pattes à un
canard, car plus qu'évidentes. On peut également utiliser nos monticules
pour se couvrir mais étonnamment, nos abris de fortune ainsi créés
sont sensibles au tirs ennemis et se verront alors réduits à néant
en quelques secondes. Enfin, pour compléter notre équipement, une
dizaine d'armes futuristes sont disponibles. Si certaines sont classiques comme
la mitraillette ou encore le fusil à pompe, d'autres sortent un peu de
l'ordinaire comme le fusil-taupe qui propulse des projectiles sous le terrain
et que l'on peut faire sauter à tout moment ou encore un canon qui transforme
nos ennemis en bloc de glace. En ce qui concerne la maniabilité, la prise
en main est immédiate et malgré quelques passages un peu pénibles,
ce titre se laisse agréablement parcourir.
Techniquement,
Day 1 a fait du très bon travail. Les graphismes sont à la hauteur
avec des textures détaillées, une bonne modélisation des
personnages et des effets en tous genres réussis. On apprécie également
les nombreux éléments destructibles qui viennent s'écraser
sur le sol avec un effet de masse fort convaincant. L'IA ennemie, sans être
exceptionnelle, tient elle aussi bien la route avec des opposants qui n'hésitent
pas à se mettre à couvert, à effectuer un plongeon pour éviter
une grenade ou encore à remplacer un frère d'arme sur une tourelle
offensive lorsque celui-ci est tombé sous les balles. La bande son est
du même acabit avec son lot de bruitages réussis et de musiques épiques.
On peut toutefois regretter que l'armée adverse ne soit pas plus variée.
On compte en effet tout au plus cinq soldats différents sur l'ensemble
de l'aventure qui nous occupera mois de sept heures en mode normal. On pourrait
alors conseiller de se rabattre directement sur le niveau de difficulté
supérieur mais l'écart est tellement grand qu'il en rebutera plus
d'un après quelques minutes de jeu.
Pour
augmenter cette faible durée de vie, pas de coopération mais des
affrontements en ligne, jusqu'à 12 joueurs, classiques mais complets. On
retrouve alors du Deathmatch, Team Deathmatch, capture de drapeau, conquête
seul ou en équipe et, plus original, le mode Excavation. Celui-ci consiste
à trouver et à déterrer une balise à l'aide du canon
à déformation de terrain et de la protéger le plus longtemps
possible. Un multijoueur qui, sans révolutionner le genre, est intéressant
grâce à des cartes bien conçues et des nombreuses armes disponibles
mais qui aura toutefois bien du mal à se faire une place sur le Live, les
serveurs étant déjà pratiquement déserts.
Fracture
avait sur le papier bien des arguments à faire valoir pour marquer les
esprits en cette fin d'année. Malheureusement, les bonnes idées
de départ ont été bien mal exploitées et la déformation
du terrain, qui devait révolutionner le gameplay n'est qu'un artifice comme
un autre. On se retrouve alors devant un bon mais classique et court jeu de tir
à la troisième personne bien bourrin, à l'action non-stop
et à la réalisation correcte. Il ne laissera donc pas une empreinte
indélébile dans l'histoire du jeu vidéo surtout qu'un autre
TPS se profile gentiment à l'horizon et va sans aucun doute une fois de
plus mettre tout le monde d'accord.
Strongbow
- 06.11.2008