Immersif. C'est
le mot qui vient en premier à l'esprit
après quelques secondes de jeu dans Call
of Duty 2. Pas d'entraînement
dans un camp tranquille pour le bleu que vous
êtes au début de la campagne. Vasili,
jeune russe bien décidé à
repousser l'envahisseur fasciste en 1941, verra
sa brève découverte de ses armes
et de leur fonctionnement interrompue par un
assaut allemand. Une minute trente de jeu à
peine et on est déjà projeté
dans les combats et dans l'action. En immersion
totale dans le conflit, et cela jusqu'à
la fin du jeu, après avoir pris en main
les destins de Vasili, soldat russe, Davis et
Welsh, tout deux britanniques, respectivement
sergent et pilote de char et enfin Taylor, américain
spécialiste du tir de précision.
Leurs affectations vous feront combattre en
Russie (Moscou, Stalingrad), en Afrique du Nord
(Lybie, Tunisie...) et en Normandie pendant
une petite quinzaine d'heures dans la difficulté
standard.
Ce FPS explosif qu'est Call
of Duty 2 laisse une impression presque physique au joueur. Son gameplay, parfaitement
efficace, se fait oublier après quelques minutes et le joueur peut alors
se plonger dans l'action. Une gâchette pour tirer, l'autre pour zoomer,
les deux boutons de tranche pour les deux sortes de grenade, explosives et fumigènes
(l'idée sera reprise, n'en doutez pas), le stick droit pour les coups de
crosse, le Y pour changer d'arme, le X pour recharger, les boutons blanc et noirs
pour... ah non, on les a virés ces deux là. Call of Duty 2 fait
un sans faute sur la prise en main. Une impression physique, nous disions donc.
Oui, car pour la première fois, un jeu de tir à la première
personne prenant pour cadre la Seconde Guerre Mondiale donne la sensation d'être
réellement face aux ennemis et, surtout, aux côté de nos frères
d'armes. C'est certainement cela la force de Call of Duty 2. A la guerre, la solitude
est intérieure mais jamais réelle. Sur les champs de bataille, qu'ils
se situent dans la neige moscovite ou le sable de l'Afrique du Nord, on ne meurt
jamais seul. Les développeurs du jeu l'ont bien compris. Sans cesse, votre
quota d'alliés varie entre grand (cinq ou six hommes) et immense (des dizaines
de soldats). Vos compagnons vivent l'action avec vous. Ils crient de peur, insultent
l'ennemi, vous préviennent du danger, vous demandent de l'aide, meurent
en vous sauvant la vie, évacuent des blessés, etc. Chacun d'entre
eux a un nom, lisible lorsque vous les visez, mais leur espérance de vie
est faible, comme le veulent ces rudes affrontements. Pour chaque homme tombé,
il y en a presque toujours un autre pour le remplacer. Le nombre d'opposants est
à l'avenant. Résultat, on vit les combats avec une intensité
inédite.
La
quantité ne pouvant remplacer la qualité, les aspects graphiques
et sonores sont soignés. Call of Duty 2 ne propose pas le même niveau
de textures que Kameo
ou Perfect Dark Zero,
mais celles des vêtements, des visages et de nombreux murs sont très
jolies. Par contre, d'autres, dans les décors en particulier, n'auraient
pas dépareillé sur Xbox. L'animation de tout ce beau monde est réussie.
Couplée à des explosions de grande envergure et à des effets
de fumée et de chaleur grandioses, elle impressionne et le jeu ne ralentit
quasiment jamais. Les nombreux petits et grands gestes des soldats les rendent
très vivants: ils renvoient les grenades des ennemis, retournent une table
pour s'en faire un abri, se planquent où ils peuvent, tirent un dernier
coup de feu avec leur arme de poing alors qu'ils agonisent... On se sent investi
de la mission de les aider du mieux possible. Les modélisations des soldats
sont bonnes mais ils ont tendance à tous se ressembler un peu. Celles des
armes est très convaincante. Les décors, eux, sont très grands.
Les effets de particules ne donnent pas encore l'impression "next gen",
ils sont très simples. Les graphismes de Call of Duty 2 ne sont pas les
plus flamboyants du lancement de la 360. Mais si on calculait un ratio nombre
d'éléments à l'écran / qualité technique, ce
soft remporterait le trophée haut la main. Et comme vous l'avez compris,
les graphismes sont auxiliaires à l'immersion. Donc on oublie vite les
quelques textures ternes ou de rares bugs de collision.
Le
son, lui, frise la perfection. Les bruitages divers, qu'il s'agisse d'explosions,
du bruit d'une grenade qui tombe à vos pieds, de cris de soldats blessés
ou encore d'un bombardier qui survole votre position, sont exemplaires. Pour peu
que vous disposiez d'un système sonore ad hoc, vous allez en prendre plein
les oreilles. Et sentir les balles siffler ou le souffle d'une grenade un peu
trop proche, rien de mieux pour s'y croire vraiment. Les musiques, très
typées "films de guerre" sont elles aussi de grande qualité.
Elles savent augmenter la tension ou faire ressortir l'aspect héroïque
d'une charge par exemple. Les cris de peur et autres vociférations des
alliés et des opposants sont très crédibles. Vous risquez
bien de sursauter lorsque un soldat hostile sortira de l'ombre en vous chargeant
et en hurlant ! Nos acolytes se parlent aussi entre eux, se vannent et commentent
échecs et victoires. Fait trop rare et qui mérite donc d'être
signalé, musiques, bruitages et voix sont réglés de manière
optimale et on peut profiter des trois en même temps sans devoir tendre
l'oreille.
L'intelligence artificielle
des soldats alliés et ennemis se vaut. Globalement, ils sont un peu trop
"enthousiastes" et légèrement suicidaires par instant.
Mais cela ne les empêche pas de tirer parti du décor de la meilleure
manière, en se cachant, en lançant des grenades dans les cachettes
ennemies, etc. La quantité d'hommes présents permet largement d'en
laisser quelques uns mourir au combat. Les soldats adverses ne cessent de crier
eux aussi et cela permet souvent de savoir où ils se trouvent et ce qu'ils
comptent faire (à condition de comprendre un petit peu l'allemand). Ils
visent très bien. On ne meurt pas trop rapidement pour autant, puisque
le jeu propose un système de santé particulier. Lorsque vous êtes
grièvement blessé, l'écran s'entache de sang et un message
vous intime l'ordre de vous mettre à couvert. Si vous le faites quelques
secondes, vous serez prêts à repartir au front. Dans le cas contraire,
on enverra une lettre de condoléances à votre famille. Ce système
est très bien pensé, s'inspire de celui de Halo et permet d'éviter
la chasse aux "medikits". Pareil pour les armes, elles se trouvent en
quantité sur le champ de bataille. Leur utilisation est simple mais il
faut faire preuve de calme. Dans le cas où vous laisseriez la gâchette
appuyée sans cesse, n'espérez pas avoir la moindre précision.
Evidemment, les fusils sont plus précis que les mitraillettes mais plus
lents; les pistolets sont faibles mais ils peuvent vous sauver la vie et les mitrailleuses
encouragent la dépense de grosses munitions. L'efficacité des ennemis
procure quelques moments de stress, lorsque l'on prend d'assaut une pièce
où se trouvent plusieurs ennemis par exemple. Même si on n'est pas
totalement libre d'aller où l'on veut, les missions laissent une bonne
liberté dans la manière d'aborder l'ennemi, plus ou moins discrète
et détournée. Nos camarades comprennent lorsqu'il nous faut une
couverture, savent tirer parti du nuage de fumée que l'on crée ou
restent lâchement dissimulés pendant que l'on investit un bâtiment.
Les plus courageux se lanceront dans le mode de difficulté ultime, où
la moindre erreur se paie comptant. Sueur garantie!
Les
parties en solo offrent une expérience de jeu saisissante et dans laquelle
on se sent toujours entouré de dizaines de collègues. Bizarrement,
ce n'est pas le cas sur le Live, où on ne peut jouer qu'à huit simultanément.
Evidemment, à l'heure ou les meilleurs jeux Xbox proposent de jouer à
seize (parfois trente-deux) et que Perfect
Dark Zero, autre FPS du lancement 360, affiche trente-deux joueurs
sans problèmes, on est en droit de se poser des questions. D'autant plus
que les affrontements des campagnes font rêver d'un multi solide. Si vraiment
on veut jouer à seize, il faut se rabattre sur le jeu en LAN (multiconsoles).
Amusez-vous pour trouver quinze joueurs... On se contentera donc en Live de modes
deathmatch, deathmatch en équipe, capture du drapeau, Q.G. et "chercher
et détruire". Je passe sur les trois premiers, peu originaux mais
toujours efficaces. Le mode Q. G. vous demande de placer puis défendre
une radio avant que l'équipe adverse ne le fasse de son côté.
Chercher et détruire s'apparente à des missions, dans lesquelles
Alliés et troupes de l'Axe s'affrontent. Le lag est soit complètement
absent, soit très fort et rend certaines parties injouables, même
si seuls deux ou trois joueurs sont dans la partie. Autre défaut, le fait
d'être renvoyé à l'écran d'accueil Live après
une partie, pas moyen de la rejouer immédiatement. Les cartes (une douzaine)
sont grandes et plutôt bien construites, elles permettent de mettre en place
quelques tactiques. Les cachettes et les voies d'accès sont nombreuses.
Le désert tunisien, le froid de Stalingrad ou la verdure de la Normandie
sont les divers théâtres des opérations en ligne. Lorsque
les conditions de jeu sont bonnes, on prend un certain plaisir. Les parties rappellent
le très bon Return to Castle Wolfenstein, signe de qualité. Les
joutes, en match à mort ou avec des objectifs plus précis, sont
acharnées, car les balles sont très efficaces. Cependant, le multi
de Call of Duty 2 déçoit, par son manque d'ambitions et son classicisme
surtout. Les problèmes de connexions pourraient être corrigés,
mais pas le faible nombre de joueurs potentiels, dommage.
Call
of Duty 2 s'impose donc comme une expérience à vivre en solitaire.
Mais quelle expérience! Jamais jeu de tir à la première personne
n'avait réussi à rendre l'action aussi prenante. Plusieurs passages
des missions marquent l'esprit par leur intensité ou leur originalité.
On pense aux missions dans Stalingrad et Moscou, à la prise puis à
la défense de la colline 400 (chaaaargeeez!), aux passages dans les tanks
ou encore le débarquement à la Pointe du Hoc, épiques, et
à toutes une séries d'instants où le taux d'adrénaline
grimpe en flèche. Les quelques défauts du solo sont très
largement éclipsés par ses énormes qualités. Call
of Duty 2 remporte une ribambelle de médailles pour cette campagne aboutie,
longue et prenante mais déserte rapidement le champ de bataille du Live.
Sam
Fisher - 6.12.2005