Déjà disponible
depuis septembre de l'année dernière sur PC, le FPS des Polonais
de Techland débarque cette fois sur Xbox 360. L'univers décrit ici
est celui des westerns, avec une inspiration tirée des grands classiques
du cinéma italien des années 60 ou encore de la récente et
succulente série Deadwood. Pas de John Wayne dans les parages, on est sauvé.
Texas,
1882. Billy la Bougie, accusé à tort du meurtre de ses parents,
est un jeune mexicain qui passe son temps entre la fuite et un mystérieux
appel de Juarez. A ses trousses, le révérend Ray, un ancien hors-la-loi
repenti, persuadé d'être l'instrument de la justice divine, et qui
revient bien vite à ses vieilles habitudes violentes. La principale originalité
de Call of Juarez est basée sur ces deux personnages que l'on incarne à
tour de rôle au fil des quinze chapitres. Deux gameplays bien différents
sont ainsi au programme. Billy peut compter sur sa jeunesse pour escalader avec
agilité divers endroits, user de discrétion en progressant accroupi
et dans l'ombre. De son côté, le révérend est plus
du genre rentre-dedans, avec certes moins d'agilité mais une force de frappe
plus importante aux poings et aux pieds, et surtout armes en mains et protégé
par sa cuirasse de métal.
Chaque
personnage possède en outre des capacités propres. Le révérend
Ray peut notamment utiliser deux revolvers en même temps, ou encore passer
en mode concentration, mode qui ralentit l'action pendant quelques secondes, le
temps qu'il faut pour viser correctement deux ou trois ennemis à la tête.
Ce personnage peut également utiliser sa bible pour lire un verset, histoire
de distraire les ennemis un instant, souvent suffisant pour les envoyer rejoindre
le Créateur en les libérant de leur fardeau terrestre. De son côté,
Billy utilise fréquemment son arc, une des armes les plus puissantes du
jeu, puisque la gâchette gauche utile pour bander l'arc fait office à
la fois de bullet time et de zoom. Une sorte de fusil de sniper primitif et terriblement
efficace si l'on vise juste sous le chapeau, sombrero, ou scalp. Le jeune fugitif
peut également utiliser son fouet pour s'accrocher à diverses branches
d'arbres lors de séquences d'escalades. Malheureusement, même si
l'on peut voir une partie de son corps et ses pieds en baissant la vue, ces phases
de plate-forme deviennent souvent vite très pénibles et frustrantes
en raison d'une maniabilité peu adéquate avec le fouet, les sauts
et l'escalade. Cette frustration se fait hélas sentir à plusieurs
reprises lors de l'aventure, à cause de moments linéaires, très
dirigistes et pas forcément toujours logiques. Certaines phases de jeu
demandent ainsi de comprendre clairement ce qu'il faut faire et comment le faire
au millimètre près, sous peine de game over à répétition.
On pense notamment à certaines séquences où la discrétion
est de mise, à la plupart des moments d'escalade, ou aux passages chronométrés
pour réaliser une action ou atteindre un lieu en un temps limité.
Heureusement, le jeu dispose de sauvegardes automatiques disséminées
dans les niveaux de façon assez généreuse et souvent adéquate.
En dehors de ces passages pénibles, Call of Juarez dispose de séquences
fort sympathiques, avec bon nombre des classiques du genre western, à savoir
les galeries d'une mine et ses wagonnets, l'attaque de train et de diligence,
les grands canyons, le mitraillage avec gatling, ou encore le saloon. Outre le
gameplay qui diffère entre les deux personnages que l'on incarne, les développeurs
ont intégré la possibilité de chevaucher un cheval (depuis
lequel on peut tirer), et des séquences de duels au pistolet. Ces affrontements
se déroulent au ralenti, et à la fin du compte à rebours,
il faut dégainer son arme en baissant le stick droit vers le bas, puis
viser l'adversaire sans trop se précipiter si l'on ne veut pas voir son
viseur trembler dans tous les sens. Ces duels ne sont pas vraiment exceptionnels,
en raison d'une maniabilité un peu délicate, mais ajoutent également
de la variété à l'ensemble déjà riche sur ce
point.
Le mode histoire se termine en 8-10 heures,
ce qui est un peu court. Néanmoins, il est possible pour ceux qui le désirent,
de refaire un ou plusieurs niveaux afin de débloquer les succès
manqués et tenter d'obtenir toutes les affiches cachées (les portraits
des développeurs, recherchés morts ou vifs). Côté solo,
on trouve également un mode duel qui reprend la petite dizaine de ces affrontements
pour la plupart déjà vécus en mode histoire, mais jouables
cette fois-ci directement. On compte également trois missions supplémentaires
qui se débloquent une fois l'histoire terminée et qui nous mettent
dans la peau d'un shérif. Pour le multijoueur, il faut se tourner vers
une liaison multiconsoles ou le Live. De deux à seize joueurs peuvent s'affronter
sur une bonne vingtaine de cartes. Plusieurs modes de jeu sont présents
: les classiques Deathmatch et son équivalent en groupe Duel
par Equipe, Subtiliser le sac (similaire à une capture du drapeau),
et d'autres plus originaux tels que Hold-up (une équipe défend
le butin, l'autre tente de le voler), Ruée vers l'or (où
il faut ramasser le plus de sacs et de lingots d'or disséminés sur
la carte), Wanted (un joueur est recherché, pour marquer des points
il faut l'abattre, et on devient ensuite le joueur recherché à son
tour) et enfin Evénements historiques (des parties en hold-up ou
en duel par équipe avec un semblant de fond historique tel que Règlement
de compte à O.K. Corral, ou la fin des frères Dalton). Quatre types
de personnages différents peuvent être incarnés en multi,
tous se distinguant par les armes qu'ils portent au départ : Revolvers
(deux revolvers à rechargement rapide), Tir à distance (fusil de
précision et un revolver standard), Minage (5 bâtons de dynamite,
un fusil à canon scié et un revolver), et enfin Fusils (fusil et
revolver). Même si la conception de certaines cartes laisse un peu à
désirer, et que d'autres sont issues directement de la partie solo, on
apprécie leur nombre. Il en va de même pour les modes de jeu et les
divers types de personnages qui amènent un peu de variété.
Dommage par contre que des déconnexions et que du lag soient souvent présents.
Techniquement, Call of Juarez s'en
sort très bien, avec un moteur physique convaincant. Les ennemis son bien
animés, tombent de façon réaliste sous les balles, et les
chapeaux volent lorsqu'on tire à la tête. De très nombreux
objets peuvent être déplacés, principe qui est utilisé
pour résoudre quelques énigmes d'ailleurs, pour se protéger
ou encore pour créer un escalier composé de caisses. Les lampes
à huile peuvent être lancées pour mettre le feu à une
zone si l'on tire ensuite dessus. Les bidons peuvent être remplis d'eau
puis versés sur une zone en flammes pour l'éteindre. Les chargements
sont nombreux, et présents souvent plusieurs fois au cours d'un même
chapitre, mais leur durée reste raisonnable. La réalisation graphique
n'est pas en reste avec une distance d'affichage confortable montrant des décors
superbes (et qui font vraiment regretter certains passages dirigistes en "couloirs"),
des éclairages et des ombres au sol réussis, des effets de flou
pour les zones hors champ de vision quand on zoome, des nuages qui se font et
se défont (mais un peu trop rapidement). On regrette cependant la présence
d'aliasing, des corps qui disparaissent souvent un peu vite, et quelques passages
visuellement ternes en comparaison du reste. Les musiques quant à elles
mettent bien dans l'ambiance western, et sont appuyées par des voix en
français très convaincantes. On reconnaît d'ailleurs avec
plaisir plusieurs doubleurs de la série Deadwood, à laquelle le
jeu emprunte également ses jurons et son langage cru.
Call
of Juarez est un sympathique FPS à la sauce western. Si l'on regrette plusieurs
passages pénibles et frustrants, le côté dirigiste de l'aventure,
l'IA basique des ennemis et les chargements fréquents, on apprécie
en revanche son ambiance réussie, sa bonne réalisation et ses voix
en français. Son gameplay basé sur l'utilisation de deux personnages
apporte de la variété au genre, qui plus est dans un cadre peu souvent
utilisé dans les jeux vidéo, et qui change agréablement des
titres sur la seconde guerre mondiale.