Le
temps d'une mission, Blacksite commence en Irak, il y a quelques années.
Le héros, le capitaine Pierce, se retrouve en plein dans un conflit que
l'on ne connaît que trop bien, isolé du reste de son armée,
en compagnie de quelques uns de ses hommes. Grayson et Sommers, deux soldats qui
ne font pas dans la finesse, accompagnent le joueur lors des premières
séquences de jeu, alors que la petite escouade subit une embuscade. Après
quelques minutes d'échauffement contre des soldats irakiens pas vraiment
résistants, la poignée d'hommes (auxquels viendront s'ajouter Ambrose
- soldat - et Noa Weis, une médecin spécialiste en armement chimique)
se retrouve rapidement devant des ennemis plus
surprenants. Alors qu'ils
sont censés fouiller une cache d'arme pour y trouver des armes chimiques,
les malheureux tombent sur des créatures pour le moins étranges,
qu'il s'agisse de soldats ayant mutés ou d'araignées explosives
et fort dangereuses. La garde républicaine de Saddam, à côté
de tout cela, c'est de la rigolade
L'escapade
moyen-orientale ne durera que le temps d'une heure et de remplir cette première
mission, qui met rapidement dans le ton du jeu. FPS simple et explosif, Blacksite
montre rapidement ses intentions au gamer. Lui faire passer un bon moment, défoulant
et souvent drôle. En effet, dès les premières minutes de jeu,
Grayson et Sommers passent leur temps à commenter les affrontements, à
se vanner entre eux ou à vous lancer des piques. Tout cela avec beaucoup
d'humour, un peu comme nous ont habitués à le faire les marines
de Halo, mais aussi avec de la dérision et du recul vis-à-vis de
la guerre en général, en Irak en particulier. Un excellent point,
trop rare dans les jeux vidéo. Le doublage est excellent, on reconnaît
d'ailleurs, pour les voix de Grayson et d'Ambrose (vos deux acolytes lors de la
majeure partie de l'aventure), les doubleurs qui prêtent leur timbre à
Bellick et C-Note dans la série Prison Break. Traverser les six missions
de Blacksite en compagnie de ces personnages est donc un vrai plaisir, puisqu'ils
ajoutent un plus sympathique à l'ambiance du jeu, relativement classique
pour un FPS. Les entendre comparer l'état des routes du Nevada à
celui des digues de la Nouvelle-Orléans, ironiser sur la provenance - chinoise
- de leurs armes ou bien constater avec amusement que les ingénieurs d'une
raffinerie leur tirent dessus sans doute parce que les Irakiens ont racheté
la raffinerie aux USA amuse et donne une bonne bouffée d'air frais, en
comparaison d'autres titres à la morale moins libre.
Trois
ans après cette petite campagne irakienne, Pierce est affecté à
une intervention curieuse dans la ville de Rachel, au Nevada. Officiellement,
des insurgés un peu dingos auraient attaqué la région et
l'armée est appelée pour les mater. Mais comme vous l'explique Noa
Weis, ce n'est pas un hasard si ce sont ceux qui ont pu voir les abominations
citées plus haut en Irak qui sont appelés pour régler ce
problème
Rapidement, le joueur découvre que, là aussi,
quelques expériences de savants fous ont dû mal tourner, et que l'armée
n'est pas totalement innocente dans ces problèmes
Il s'agit alors,
pour le joueur, de faire parler la poudre, bien évidemment, mais aussi
de gérer le duo qui lui sert de soutien. Le gameplay de base (tirer, recharger,
zoomer, donner un coup de crosse, s'accroupir, alterner entre les deux armes,
lancer des grenades, etc.) reprend les grands principes maintenant bien établis
pour le genre FPS sur console. La gestion d'équipe, elle, se fait le plus
simplement possible. Avec la petite gâchette droite, on peut indiquer un
endroit à son équipe, qui s'y rend aussitôt. S'il y a une
porte à ouvrir ou une mitrailleuse à occuper, gâchette droite
aussi. Simplissime, ce système suffit, compte tenu de la relative facilité
du jeu, à gérer les quelques moments où un peu de stratégie
est nécessaire. Mais dans l'ensemble, on n'hésite pas à avancer
sans trop se servir de ce système d'ordres, d'autant plus que l'on peut
assez bien se reposer sur le travail de nos gars, réactifs, plutôt
malins et donc efficaces (quand ils ne sont pas déprimés, voir ci-dessous).
Ils choisissent par exemple des cibles autres que celles que vous êtes en
train de canarder et lancent des grenades à bon escient. On ne leur en
demande pas beaucoup plus. Leur moral est influencé par l'efficacité
du joueur qui dirige Pierce. Des frags en série, des tirs à la tête,
et l'équipe sera " motivée " (elle résiste mieux
aux assauts et prend un peu plus de risques). Des ratés et des dégâts
subis, ou encore l'apparition de monstres très nombreux ou énormes,
on passe alors en mode "déprime", vos hommes meurent rapidement
et n'obéissentt plus aux ordres. A vous de faire remonter le moral de votre
petite troupe en assurant un maximum. Une idée originale, qui n'influence
certes pas beaucoup le déroulement global du jeu, mais qui est bienvenue.
Quelques phases en véhicule, qui vous placent soit au volant (le pilotage
est alors calqués sur Halo
et ses warthogs) soit au tir, viennent agrémenter les missions et permettent,
là encore, aux deux compères de faire montre de leur sens de la
répartie. Lors des affrontements contre les mutants, la variété
manque. On les aligne facilement, on ne meurt que rarement (on évite d'ailleurs
que cela arrive vu la longueur des chargements après un décès
)
et les combats se ressemblent. Bref, le gameplay de ce jeu est bien huilé
mais pas franchement original.
Le mode Live ne propose pas grand-chose de
très nouveau non plus (CDD et Deathmatch
) et, pour l'instant, le
nombre de joueurs connectés est dérisoire. De même qu'il y
a des ralentissements en offline, on doit en subir aussi en ligne. Passer après
les ogres Call of Duty 4
et Halo 3 peut encore
être supportable en solo, mais en multi, on ne donne pas très cher
de la peau de Blacksite, malgré son mode Abduction (ou les méchants
Revenants contaminent les gentils humains).
Techniquement,
Blacksite profite de deux moteurs plutôt réputés. Tout d'abord
l'Unreal Engine 3, qui fait des miracles un peu partout en ce moment, et le Havok,
dédié à la physique des objets. La présence de ces
deux pointures permet d'obtenir un jeu plutôt joli, avec un bon niveau de
détail dans les décors et la possibilité de faire exploser
ou de détruire nombre d'éléments (les barils, classiques,
les murets, les voitures
). La modélisation des personnages, de leurs
visages en particulier, fait plaisir à voir. Bien sûr, il ne s'agit
ici que des personnages alliés. Les soldats irakiens et les abominations
que vous croiserez tout au long du jeu n'ont pas bénéficié
du même soin. Comme d'habitude est-on tenté d'écrire. Les
textures, elles, ne sont pas franchement sublimes. Souvent fades voire carrément
moches, elles font baisser la note technique et graphique de l'ensemble, tout
comme le character design des aliens/mutants, pas franchement original. Des explosions
décevantes, un pop-up des textures indésirable et des bugs de collision
viennent parfois entacher le tableau aussi, tout comme quelques ralentissements.
Blacksite alterne donc le très bon et le très fade, ce qui le laisse
derrière les cadors de la catégorie sortis ces dernières
semaines, mais il se permet de rivaliser avec eux sur la modélisation et
l'animation des persos principaux.
Blacksite est une
bonne série B. Il propose un scénario qui tient bien la route malgré
son manque d'originalité globale, de l'humour, du défoulement et
une réalisation de qualité, bien qu'assez largement inférieure
à celle des maîtres de la discipline FPS. Il ne choisit sans doute
pas le meilleur moment pour faire son apparition dans les bacs, mais il ravira
certains fans de FPS et convaincra (à prix réduit peut-être)
bon nombre de joueurs désireux d'exterminer des mutants sans se prendre
la tête. On râle tout de même sur la durée de vie (comptez
moins de cinq heures !), qui aurait pu être bien plus conséquente,
ce qui aurait donné à Blacksite un atout face à sa rude concurrence
qui souffre souvent de la même tare. Dommage aussi que les affrontements
contre les mutants Xenos ne soient pas plus stimulants et que toutes les idées
du jeu semblent venir d'autres. Blacksite est donc un bon petit jeu, sans trop
d'ambitions mais qui assure seulement le minimum.