En quelques années,
la licence Battlefield s'est forgée une
solide réputation, notamment sur PC,
dans le domaine des FPS multijoueurs. Après
un Battlefield
Modern Combat convainquant et exclusif
aux consoles de salon, les Suédois de
DICE remettent le couvert avec Bad Company sur
Xbox 360 et PS3. La question est évidemment
de savoir s'il a les moyens de s'imposer au
milieu des innombrables jeux de tir à
la première personne déjà
disponibles.
Si les qualités
indéniables de la partie online des Battlefield
ne sont plus à démontrer, DICE
tente toutefois le pari de proposer pour la
première fois une expérience solo
importante. Certes Modern Combat bénéficiait
également d'une campagne hors ligne mais
celle-ci était très anecdotique
et n'était qu'un bon entraînement
pour profiter pleinement du mode multijoueur.
Ce titre nous place donc dans la peau de Preston
Marlow, un soldat au passé nébuleux
et douteux, fraîchement incorporé
dans le 222ème bataillon de l'armée
américaine, appelé plus communément,
la Bad Company. Cette dernière est composée
de bras cassés de l'armée de l'oncle
Sam envoyés en première ligne
pour faire le ménage avant le passage
du gros de la troupe. Accompagné d'un
sergent qui à la tête sur les épaules
et de deux autres acolytes à qui on ne
confierait pas notre poisson rouge, on est directement
parachuté dans un pays fictif de l'Europe
de l'Est au beau milieu d'un conflit américano-russe.
Laissés pour mort et abandonnés
par leurs supérieurs après avoir
une fois de plus dérapés, nos
joyeux troufions vont rapidement trouver une
nouvelle source de motivation : de l'or amassé
par des mercenaires. Cette quête nous
place alors dans une situation peu banale puisque
en sandwich entre le feu ennemi et ami. Une
aventure originale qui a le mérite de
nous changer des sempiternels scénarios
manichéens. En ce qui concerne l'ambiance,
si on pouvait reprocher à Call
of Duty 4 un réalisme qui
pouvait choquer, Bad Company ne se prend quant
à lui jamais au sérieux. L'humour
y est omniprésent, pendant les cut-scènes
mais aussi au milieu des combats avec des répliques
très drôles sans toutefois déborder
dans la vulgarité ou la niaiserie. Alors
que la plupart des FPS relatent des événements
que l'on peut facilement assimiler à
la réalité, ce titre apporte un
bon bol d'air frais au genre grâce à
son scénario et sa mise en scène
en total décalage par rapport à
la violence de la guerre en générale.
Qui plus est, la version française est
de très bonne qualité, ce qui
ne gâche évidemment rien.
Fort de son expérience
dans le domaine, DICE a intégré
la majorité des éléments
qui font la force du multijoueur dans cette
partie solo. C'est donc sans surprise que l'on
retrouve une trentaine d'armes principales parsemées
dans les niveaux mais aussi récupérables
sur les ennemis tombés sous nos balles
ainsi que des armes secondaires comme le lance-roquettes,
les modules pour ordonner un soutien aérien
ou un tir de mortier sur une zone et évidemment
le célèbre outil électrique
pour réparer les véhicules. Ces
derniers, présents en nombre, sont très
variés et parfaitement maniables. Char
blindé lourd, camion, jeep, bateau, voiturette
de golf ou encore hélicoptère
sont à notre disposition pour annihiler
l'opposant et surtout pour parcourir les immenses
terrains de jeu proposés au cours des
sept niveaux que comporte ce titre. La taille
des champs de bataille et leur crédibilité
sont un des points forts de Bad Company. Cela
offre en effet une grande liberté d'action
dans l'approche des objectifs à remplir.
Pour ce qui est des missions, on reste dans
le classique avec des zones à nettoyer,
des batteries de missiles à détruire,
des postes de transmissions à faire taire
etc.
Mais il y a un point qui permet à ce
jeu de se démarquer sensiblement de la
concurrence : la destructibilité des
décors. Arbres, murets, pans de maison,
barrières, tout ou presque peut-être
détruit avec un effet de masse fort convainquant.
Même le sol se déforme sous l'impact
des gros calibres. Il suffit de jeter un petit
coup d'oeil en arrière après avoir
livré bataille dans un petit hameau perdu
au milieu de la campagne pour se rendre compte
de la vraisemblance et du réalisme des
environnements. Tout n'est que gravas et seuls
les murs porteurs et les fondations témoignent
du passé. Cet aspect n'est pas que visuel
et influence considérablement ce gameplay
nerveux. On peut alors déloger un ennemi
planqué dans une maison avec une simple
grenade bien placée mais aussi créer
des brèches pour les prendre à
revers. Les opposants, malgré une IA
peu convaincante compensée toutefois
par des tirs précis, usent aussi régulièrement
de ce stratagème. On n'est donc jamais
vraiment en sécurité dans Bad
Company et rester en mouvement est primordial
si on ne veut pas mourir rapidement.
Techniquement,
ce titre est la hauteur de son gameplay et ce
malgré du clipping au niveau du sol et
certaines textures un peu en dessous. Compte
tenu de la distance d'affichage et de l'immensité
des terrains de jeu, on peut même le classer
dans le haut du panier des jeux Xbox 360 grâce
à une très bonne modélisation
des personnages et des effets spéciaux
en tous genres très réussis. De
plus le framerate n'est jamais pris en défaut
ce qui est tout de même une sacrée
prouesse quand plusieurs véhicules et
des dizaines de soldats, associés à
la destructibilité des décors,
s'affrontent en même temps. A noter également
que DICE a porté un soin tout particulier
à la partie sonore. Les musiques, composées
par un orchestre symphonique de plus de 50 musiciens
sont excellentes, tout comme les bruitages très
crédibles qui changent même de
tonalité lorsque l'on se trouve à
l'intérieur d'une maison. L'immersion
est quasiment totale avec un système
5.1. La grande classe.
Mais Bad Company
n'est pas exempt de défauts et certains
entachent quelque peu cette excellente expérience.
Premièrement, on peut regretter que cette
campagne solo ne soit pas plus longue; 10 heures
au grand maximum; et que le challenge ne soit
pas plus élevé. En effet, on peut
à tout moment régénérer
notre barre de vie en se faisant une violente
injection en pleine poitrine et si par malheur
on vient tout de même à tomber
sous les balles ennemies, il n'est pas nécessaire
de recommencer ce qui a déjà été
fait. Pour faire simple, les ennemis déjà
tués restent morts ce qui simplifie grandement
la tâche. Autre point noir, la sensation
d'être seul aux yeux des méchants.
Ils en oublient carrément nos frères
d'armes pour se concentrer essentiellement sur
nous.
Enfin, Bad Company
ne serait pas un Battlefield sans sa partie
multijoueur. Le célèbre mode "Conquête",
qui, sous la pression des fans, sera bientôt
disponible gratuitement en téléchargement,
laisse sa place au mode "Ruée vers l'or"
jouable jusqu'à 24 joueurs. On ne va
pas faire durer le suspens plus longtemps, c'est
une fois de plus une réussite. Le principe
est simple, les assaillants ont pour but de
détruire deux caisses d'or placées
dans le camp adverse qui lui doit tout faire
pour les défendre. Une fois cet objectif
atteint, les attaquants héritent de la
base ennemie et de nouveaux renforts tandis
que les défenseurs doivent se replier
afin de protéger deux nouvelles caisses.
La partie se termine quand les assaillant les
ont toutes détruites (en général
six par map) ou si les défenseurs ont
repoussé les assauts ennemis suffisamment
longtemps pour que leur barre de respawn soit
à zéro. Un concept qui recentre
l'action sur une zone précise et offre
donc des combats intenses et spectaculaire grâce
notamment aux décors destructibles et
aux nombreux véhicules présents.
On retrouve évidemment les cinq classes
de soldats (assaut, reconnaissance, soutien,
spécialiste et démolition) que
l'on peut faire évoluer en débloquant
certaines armes grâce à un système
de points. Quant aux huit cartes disponibles,
elles sont toutes très vastes et bien
conçues avec ce qu'il faut de tourelles
défensives et de chemins d'approche.
A relever aussi l'introduction d'un système
de squad. Afin d'éviter que tout le monde
parle en même temps, les joueurs sont
regroupés en équipes de quatre
au maximum. Cela permet de créer un groupe
d'amis avant une partie, de choisir où
l'on veut réapparaître avant chaque
respawn (la base ou au sein de notre groupe
pour être au plus près de l'action)
et renforce aussi par la même occasion
le teamplay.
Au final, Battlefield : Bad Company nous surprend
là où on ne l'attendait pas vraiment
: sa campagne solo. Malgré quelques imperfections
techniques, une aventure un peu courte et facile
et une IA ennemi peu convaincante, ce titre
séduit par son scénario à
l'humour décalé, la crédibilité
et l'immensité de ses environnements
ou encore le fait de pouvoir pratiquement tout
détruire qui apporte une toute autre
dimension à ce genre. Si on ajoute à
cela un mode multijoueur addictif, on obtient
une excellente alternative à Call of
Duty 4 et surtout, jusqu'à maintenant,
le meilleur FPS de l'année sur Xbox 360.
Strongbow
- 24.07.2008