S'il
est une série qui a marqué les nuits de bon nombre de joueurs, c'est
bien celle des Silent Hill. Scénarios complexes, situations dérangeantes,
personnages tourmentés, autant d'éléments qui ne laissent
pas de marbre et dont les effets se font encore sentir bien après la fin.
Silent Hill 4 : The Room fait office de hors-série car aucun lien entre
les épisodes précédents n'est présent, si ce n'est
la proximité qu'il y a entre Silent Hill et Ashfield, ville dans laquelle
se produisent également de drôles de phénomènes.
Henry
Townshend est un homme tout ce qu'il y a de plus banal, il approche la trentaine,
une vie sans histoires, bref, le " monsieur tout le monde " en puissance.
Cela fait maintenant deux ans qu'il a emménagé dans le quartier
sud d'Ashfield, dans l'appartement 302 d'un immeuble collectif. Depuis cinq jours,
il ne cesse de faire d'étranges cauchemars, mais à son réveil,
il se retrouve toujours dans son lit, son bon vieux lit. Cette nuit, ce sera différent,
l'issue de ce redondant cauchemar le conduira dans une réalité dont
il ne soupçonnait pas l'existence.
Sa porte est fermement scellée,
non seulement par des chaînes, mais aussi par une force obscure, le téléphone
n'a plus de tonalité, la télé et la radio ne fonctionnent
plus. Coupé du monde extérieur, Henry cherche un moyen de s'enfuir.
Peut-être par la fenêtre ? Hélas, bloquée également,
mais son rapide coup d'il lui fait remarquer une bouche de métro
auprès de laquelle une femme fait les cents pas. Plus de solutions. Que
faire ? Un cri se manifeste, il provient de salle de bain. Stupeur
Un énorme
trou est apparût sur le mur en face de la baignoire. Ne voyant plus d'autres
solutions que de s'y engouffrer, il le franchit et se retrouve dans un monde parallèle
mais bien réel.
Le
premier contact avec Silent Hill 4 est plutôt étonnant. En effet,
les premiers pas que l'on fait manette en mains se font à la première
personne, comme pour un FPS. On comprend rapidement que cette vue est réservée
au monde "original" puisqu'une fois le trou franchit la vue bascule
à la troisième personne, comme pour tous les Survival Horror.
On se souvient que l'un des principaux reproches fait à l'encontre de la
série concernait la jouabilité. Personnages rigides, ergonomie perfectible
et combats scabreux en sont les causes. Konami Tokyo a su remédier à
ce problème en apportant beaucoup de modifications, pas toujours bien venues,
mais qui plairont aux novices. Les combats sont désormais plus agréables
à gérer grâce à une meilleure animation du héros
comparé à James Sunderland par exemple (personnage principal de
Silent Hill 2). Les coups s'enchaînent bien mieux et il est très
rare de frapper à côté car l'apparition d'un lock facilite
grandement la chose. De plus, on note dès les premiers combats qu'une barre
d'énergie ainsi qu'une petite jauge se trouvent dans le coin de l'écran.
Certains crieront au sacrilège : "des jauges à l'écran
dans un Survival Horror ? Et puis quoi encore ? Des minis-jeux ?" et on les
comprendra, cependant, force est de constater que l'ergonomie s'en voit nettement
améliorée et que les passages dans l'inventaire sont moins fréquents
pour constater l'état de santé. D'ailleurs, l'inventaire est devenu
beaucoup plus clair et ne présente que l'essentiel une fois la touche back
pressée. On notera aussi l'intégration d'un coffre pour réunir
tous les objets qui paraissent inutiles dans un premier temps pour laisser de
la place dans vos poches qui ne peuvent pas contenir plus de dix objets.
La
petite jauge en forme d'horloge à côté de la barre d'énergie
est plus mystérieuse. Celle-ci concerne les armes de corps à corps
(hache, club de golf, tube en acier, pioche, etc.) que l'on préférera
soit dit en passant aux armes de tir (pistolet et revolver) de par leur puissance
et leur efficacité : mieux vaut donner un bon coup de hache dans le crâne
que de tirer une petite balle dans le bras. Au gré des coups que vous infligerez
à votre ennemi, la jauge se remplit, pour qu'une fois la limite atteinte
vous puissiez lâcher un coup très puissant, qui se traduit en général
par une plus grande amplitude du mouvement. Si vous êtes de ceux qui veulent
mettre un terme rapidement à cette mascarade, vous pouvez tout à
fait zapper les petits coups et concentrer votre puissance en pressant le bouton
d'action jusqu'à ce que la jauge se remplisse, néanmoins, durant
ce laps de temps, Henry est vulnérable. A vous donc de choisir le bon compromis
selon le type d'ennemis.
Tout cela rend
SH4 moins chaotique que ces aînés pour ce qui est de la jouabilité.
En revanche, pour les énigmes et puzzles, le niveau a baissé de
plusieurs crans. Alors que dans tout Survival Horror qui se respecte, il y a des
puzzles idiots et des énigmes tarabiscotées, dans SH4, il n'y aura
que des énigmes plus ou moins floues. Exit donc les puzzles où il
faut faire cuire un hamburger sur un radiateur pour utiliser le steak carbonisé
à des fins létales, ici, en étant attentif, on sait où
l'on va et quoi y faire, amener un chat empaillé dans sa cage par exemple
(plus simple ne rime pas forcement avec crédible
). La difficulté
du jeu n'est de ce fait pas réellement un obstacle et on avance sans trop
de contraintes en slalomant parfois entre les esprits. Trois modes de difficultés
sont au programme mais le mode normal est déjà bien assez facile
pour ne pas se lancer d'emblée dans le mode de jeu le plus simple. Les
énigmes proposent bien quelques variantes selon le mode choisi, mais c'est
surtout les combats qui diffèrent, la résistance des ennemis étant
proportionnelle à la difficulté. Ces modifications n'influenceront
que très peu la durée de vie qui oscille entre 9 et 11 heures de
jeu pour la première tentative, une bonne moyenne pour le genre. Plusieurs
fins sont également disponibles dépendant de la vitesse à
laquelle vous bouclerez l'aventure et aussi de la vitesse à laquelle vous
tuerez le boss de fin.
La
partie graphique pour sa part n'a pas bénéficié de la même
attention, on peut même sentir une régression en le comparant à
Silent Hill 2. Ce dernier avait su en son temps impressionner par la gestion des
lumières qu'il proposait et par l'utilisation de la lampe torche. Sans
être terriblement beau, l'univers avait le mérite de mettre mal à
l'aise et cela contribuait à son ambiance. Or, pour SH4, on peut rechigner
et trouver qu'il y a quelques raccourcis que Konami s'est permis d'emprunter.
Pour commencer, le jeu peut se diviser en deux parties. Une où Henry est
seul dans cet étrange monde et une seconde que l'on parcourt en compagnie
d'Eileen Galvin (votre voisine), seulement la seconde partie nous ramène
dans les lieux déjà visités (prison, métro, votre
immeuble, la forêt et le bâtiment qui se trouve de l'autre côté
de la rue) en proposant quelques actions supplémentaires à effectuer.
La surprise de la découverte n'étant plus de la partie, les tensions
baissent. Ensuite, les textures choisies sont belles mais beaucoup trop répétées.
En prenant l'exemple de l'immeuble d'Henry, sur la vingtaine d'appartement qu'il
contient, une bonne moitié sont des clones et même si la décoration
varie, on décèle rapidement les facilités de développement.
Idem pour la forêt qui est bizarrement jonchée de grillages, de portes,
et donc de chargements. Enfin, et c'est ce qui manque le plus pour immerger le
joueur dans la terreur que Silent Hill 2 avait su retranscrire, le manque d'effets
de lumière. C'était sûrement une volonté de Konami
de ne pas vouloir faire un Silent Hill 2 " bis ", mais il faut avouer
que c'était cette trouvaille qui faisait (et fait encore) son charme.
Silent Hill 4 a pris un chemin différent dès le départ, il
se veut plus orienté action que les autres épisodes et joue sur
la peur des esprits. Le problème, c'est qu'à aucun moment on ne
se sent oppressé, tendu ou encore effrayé, ces sentiments qui provoquent
chez tout joueur l'envie d'éteindre la console pour écouter l'intégrale
de Carlos.
Comme pour tous les Silent
Hill, la bande son est de grande qualité. Les doublages, toujours aussi
convaincants, traduisent bien l'expression que l'on constate sur le visage du
personnage, et les bruitages sont plus qu'ailleurs un élément important
de l'aventure. Ils arrivent tant bien que mal à déranger, mais ceux-ci
n'interviennent pas au bon moment. On citera ce gros cri rauque qui se fait entendre
alors que l'on s'apprête à monter un escalier, chose peu rassurante,
mais entendue des centaines de fois. Cela dit, la bande son générale
reste le point fort du jeu, grâce à elle les 30 images par seconde
paraissent un tant soit peu plus malsaines. Mention très spéciale
aux rares apparitions angéliques de la voix de Mellisa Williamson, qui
chante le thème principal. Pour avoir une meilleure idée de ce que
l'on peut entendre dans Silent Hill 4, consultez cette
page où vous trouverez 9 extraits de la bande originale.
Silent
Hill 4 : The Room ne convainc pas et ne surprend pas comme avaient si bien su
le faire ses prédécesseurs, Silent
Hill 2 en tête. Il s'avère donc être un jeu où
les émotions, le stress et surtout la peur ne sont pas présent ou
alors dans une proportion très faible, même comparé à
Silent Hill 3 qui n'a pourtant pas eu très bonne presse. Conçu en
peu de temps (annoncé en janvier 2004) Silent Hill 4 est l'épisode
de trop, celui qui n'apporte rien à la série. Si vous appréciez
les survival Horror et que vous avez déjà fini Silent Hill 2 et
Project Zero,
orientez-vous plutôt vers Obscure,
un jeu plein de bonnes idées et dépoussiérant le genre. Quant
à Silent Hill 4, songez-y une fois tous ces jeux finis, lorsque vous serez
en manque.
Inspecteur
Gadget - 01.10.04