Test : Outrun 2
Outrun
2, fait partie de ces jeux qui nous ont laissés dans un drôle d'état
en l'attente de sa confirmation sur Xbox. Initialement développé
sur la carte arcade Chihiro, à l'architecture proche de la Xbox, le portage
ne posait pas de problème, mais Sega se posait tout de même des questions
concernant la viabilité de ce jeu sur Xbox. En effet, s'il est un genre
qui a la cote sur cette machine, c'est bien les jeux de courses : Project Gotham
Racing 1 et 2, Rallisport Challenge 1 et 2, Les Colin McRae, les Toca, les Burnout
et encore quelques autres jeux moins médiatisés comme Racing Evoluzione,
Rally Fusion et autres Sega GT (2002 et Online). On le voit donc, Sega prenait
un risque en choisissant d'adapter son hit arcade sorti en décembre 2003
dans les salles japonaises. Des risques comme celui-ci, on aimerait en voir plus
régulièrement.
Les personnages | Outrun 2, c'est
le summum de l'arcade sur Xbox, la simplicité même. C'est un fait,
la jouabilité de ce titre est un régal. La clé de la réussite,
ce sont les dérapages. Mais un dérapage, qu'est-ce que c'est ? C'est
un phénomène étrange apprécié des beaufs en
Twingo qui consiste à faire du bruit avec ses pneus, à prendre un
virage transversalement et à faire perdre des points sur le permis. Dans
Outrun 2 c'est la même chose, mis à part le fait que ce sont des
Ferrari et que votre immunité diplomatique vous permet de faire ce que
bon vous semble sur les routes. Maîtriser les dérapages sera la seule
et unique chose qui pourra vous poser problème au départ mais après
une bonne demi-heure de jeu, leurs subtilités n'auront plus de secrets
pour vous, ensuite, ce sera le bonheur. Pour les personnes ne connaissant
pas la préhistoire des jeux vidéos, une chose les laissera dubitatifs.
Malgré le prix et les performances d'une Ferrari, la marche arrière
est aux abonnées absentes et le rayon de braquage n'excède guère
les 180°. Par souci de fidélité au jeu original (sorti en 1986)
l'AM2 a gardé sensiblement le même gameplay en y ajoutant quelques
attributs comme le choix du passage des vitesses ou le changement de vues (deux
intérieures et une extérieure). Mis à part cela, on roule
vite, on roule très vite, on slalome dans le trafic routier et on dérape
à près de 300 km/h, comme il y a maintenant plus de 18 ans.
La sensation de vitesse au volant de l'une des douze Ferrari est ahurissante.
Rarement vitesse et jouabilité ont fait tel ménage, si bien que
très souvent, les fesses sur le bord du fauteuil, on pivote pour accompagner
l'élan de la voiture dans les virages. Outrun 2 propose un gameplay diablement
efficace qui se focalise sur une propriété que Sega a depuis toujours
dans les gènes : le fun. La fidélité à
l'original ne s'arrête pas là puisque la progression dans le mode
Outrun est identique. A savoir qu'il n'y a qu'un point de départ (Palm
Beach) pour cinq arrivées (Ancient Ruins, Metropolis, Imperial Avenue et
Cape Way). Le principe est simple, en venant à bout de Palm Beach, vous
aurez à faire un choix entre deux sorties, l'une vers Deep Lake, l'autre
vers Alpine. A la fin d'une de ces deux portions de route, un autre choix vous
sera proposé et ainsi de suite jusqu'à la cinquième étape.
Une course complète prendra en moyenne quatre à cinq minutes selon
la difficulté sciemment choisie. Toujours prendre la bifurcation de droite
est synonyme de portions de route plus complexes et/ou techniques tandis que prendre
la gauche vous proposera une ballade plus facile. Cela dit, c'est ce que l'AM2
souhaitait réaliser et concrètement, ce n'est pas toujours le cas,
notamment pour Castle Wall qui est censé être la portion la plus
facile de la troisième section d'une course. Pour vous faire une idée
du principe, cliquez sur l'image ci-dessous.
Terrain de jeu |
Palm Beach | L'aspect graphique a
quant à lui heureusement évolué depuis deux décennies
et Outrun 2 propose une très grande diversité d'environnements plus
jolis les uns que les autres. Que ce soit les routes désertiques brûlées
par la chaleur du soleil, ou la chaussée traversant les plaines anglaises
sous un lourd ciel gris, on atteint ce qui se fait de mieux en la matière.
Les exemples illustrants ce test vous le confirmeront. Mais bien plus que les
graphismes, Outrun 2 dispose de nombreux effets spéciaux remarquables.
Il y a les classiques, mais néanmoins superbes, rayons de soleil qui transpercent
le feuillage des arbres, ou qui éblouissent en haut d'une colline, ainsi
que cet effet de relief des plus jolis sur les route . Mais s'il y a un élément
pour lequel l'AM2 a fait fort, c'est bien le ciel. Et oui, bizarrement le ciel
a fait l'objet d'une grande attention pour un jeu de course. Celui-ci, splendide
sur certaines portions, devient complètement incroyable sur les routes
de Cloudy Highland. Défilant à une vitesse au moins égale
à celle de votre Ferrari, il le fait de façon inédite et
en relief. Il prend son origine à l'horizon pour venir s'échouer
sur le haut de l'écran à tel point que l'impression de rouler à
4'000 mètres d'altitude se fait sentir. Les fameuses bifurcations ont également
un rapport privilégié avec le ciel. Dépendant de la destination
choisie, le ciel s'assombrira ou s'éclaircira en l'espace de quelques secondes
pour être en phase une fois le check point passé. Du très
beau travail. Autre détail bien réalisé : l'herbe projetée
lors des sorties de routes. Pour contrebalancer avec toutes ces éloges,
on peut trouver regrettable que les voitures soient affublées d'alliasing.
Il est certes peu visible dans le feu de l'action, mais au départ ainsi
qu'à l'arrivée, impossible de ne pas l'apercevoir.
Deep Lake |
Alpine |
Castle Wall | Le contenu du jeu,
bien que provenant d'une borne d'arcade, n'est pas en reste. En plus du mode "Outrun
Arcade" dans lequel on peut jouer au jeu afin d'écrire son nom au
tableau des scores dans différents domaines (Outrun, contre la montre et
chasse au cur) on retrouve un mode Xbox Live, dont vous devinerez la finalité
et surtout le mode " Outrun Défi " sur lequel on passera de nombreuses
heures à réaliser les quelques 101 missions réparties en
15 étapes. Si les missions proposées sont pour la plupart sans surprises
(renverser des cônes, passer des barrières, relier les check point
en un minimum de temps, etc.) l'étonnement sera grand la première
fois qu'une course de calculs nous sera imposée. Dans celles-ci, il faudra
combiner votre intellect à vos réflexes. A plusieurs moments de
la course apparaîtront des chiffres ou nombres accompagnés d'opérateur,
durant votre périple vous aurez alors pour tâche de faire du calcul
mental. A la fin de la session, la route se divisera en deux et vous devrez prendre
la sortie qui propose la bonne solution, sinon votre accompagnatrice vous remuera
les puces. Ces missions, bien que jouissives, sont un réel calvaire pour
les neurones, jamais "l'équation" 8+7 n'aura paru si difficile
alors que vous tentez de réaliser un dérapage entre un bus et un
camion citerne. Dans le même style, il y a également des séquences
à mémoriser (melon, banane, orange, etc.). Bien répondre
à toutes les questions ou effectuer la meilleure performance lors d'une
mission rapportera un " AAA ", le grade ultime dans ce mode de jeu.
A chaque fin de mission, un objet s'ajoute à la galerie qui peut en contenir
plus de 140. Ces objets sont en réalité des cartes présentant
en général des objets de la marque Ferrari (une photo d'une casquette,
j'en rêvais
) mais dont le contenu, parfois plaisant, débloque
des bonus : voitures, courses inversées ou musiques. Enfin, pour les déficients
du Live, une sorte de mini championnat peut être organisé permettant
à 2, 3 ou 4 joueurs de s'affronter
à tour de rôle malheureusement.
Chacun son tour, on devra essayer de battre le score établit par le précédent
pour grignoter des places et des points au classement. La durée de
vie n'a donc pas à rougir de la concurrence, bien au contraire, et la lassitude
qui peut s'installer dans d'autres productions du genre au bout de dix heures
de jeu n'a pas sa place dans Outrun 2. Les nostalgiques
remarqueront sans doutes que les thèmes musicaux sont en fait des mises
à jour de la version de 86, le mythique Splash Wave ou encore le décontractant
Magical Sound Shower sont donc présents. Mais l'idée de génie
de Sega vient du fait d'avoir inclus les versions originales de ces morceaux en
bonus. Rien de tel que de partir rouler au bord d'un lac avec ses sonorités
dignes des meilleurs synthé Bontempi©. Sega a d'ailleurs pensé
à nous laisser le choix de la musique avant de prendre part à la
course, leur donnant ainsi un statut similaire à celui des voitures, celui
de l'aura Outrun.
Coniferous Forest |
Desert |
Cloudy Highland | Outrun 2 renoue
avec la tradition Sega sur console qui, il faut l'avouer, avait disparu depuis
les sorties de Panzer Dragoon Orta,
Shenmue II et House
of the Dead III (un mois de mars 2003 fantastique), à savoir
la tradition du très bon. Outrun 2 est sans réelles surprises un
des meilleurs jeux de course, un des meilleurs jeux de cette fin d'année
sur Xbox, un des meilleurs jeux Sega et surtout un des meilleurs jeux tout court.
Inspecteur Gadget - 08.10.04 |