Test : Myst III - Exile
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Ah! Myst III, qu'il est
vieux ce jeu, mais qu'il est bon. Sorti en septembre
2001 sur PC puis en septembre 2002 sur Xbox, soit
bientôt deux ans, il n'a pas pris une ride
et rivalise encore aisément face aux récents
Syberia 1 et 2 au niveau graphique. Appartenant
au genre des jeux d'aventures/réflexions,
Myst III Exile vous emmènera dans un long
voyage vous faisant découvrir un monde au
design unique et à l'ambiance très
particulière. |
Faisant suite à Myst puis Riven,
ce troisième épisode de la série
plongera le joueur dans un monde imaginaire créé
de toutes pièces par Atrus, un écrivain
qui possède la faculté de matérialiser
ce qu'il écrit, ce qu'il imagine. Sa dernière
oeuvre, Releeshan, est convoitée par un certain
Saavedro, qui ne tardera pas à s'en emparer.
Dans quel but? Il souhaite restaurer son monde détruit
par les deux fils d'Atrus: Sirrus et Achenar. Seulement,
s'il modifie son monde, les autres mondes d'Atrus se
retrouveront anéantis, et c'est égoïstement
qu'il tentera par tous les moyens de réaliser
son souhait. Seulement, Atrus est un génie, et
les mystères et systèmes peuplant les
mondes qu'il a engendrés sont aussi nombreux
qu'incompréhensibles. Pendant que Saavedro déjoue
ces pièges, vous aurez pour seul objectif son
arrestation, c'est en quelque sorte une chasse à
l'homme.
Toute l'aventure se déroule sur
six mondes. Il y a tout d'abord Tomahna, le monde "normal",
dans lequel vit Atrus et sa femme Catherine, c'est le
monde où tout commence. Ensuite c'est dans le
monde de J'nanin que l'on atterira. J'nanin joue en
fait le rôle de portail, peu d'énigmes
y sont présentes. Toutefois, certaines restent
corsées et c'est seulement après avoir
acquis l'esprit de logique Myst qu'il sera possible
de voyager dans les autres mondes, en découvrant
les livres écrit par Atrus. J'nanin est un monde
relativement peu étendu où l'ambiance
y régnant est comparable à un bord de
mer caillouteux, avec des ravins et des rochers lissés
par l'érosion. Au centre s'y trouve une tour
qui joue un rôle très important dans l'aventure.
Après avoir exploré J'nanin de fond en
comble, vous pourrez vous orienter vers le monde de
votre choix: Voltaic, Edanna ou Amateria. Chacun de
ces mondes possède un environnement très
particulier et des énigmes qui demanderont énormément
de réflexion. Edanna est un monde dans lequel
tout est d'apparence organique, on progresse à
l'intérieur d'un arbre gigantesque qui abrite
un énorme oiseau, source de petits ennuis. Les
feuilles et les lianes sont légions et les puzzles
tournent autour de la lumière et de la flore.
Pour Amateria, les énigmes font plus appel à
la mécanique, aux systèmes et aux mouvements,
ce monde est traversé par des rails faisant véhiculer
les boules résultant de la résolution
des puzzles. Il faudra beaucoup de logique pour s'en
sortir. Enfin, Voltaic est le monde qui porte sur la
chaleur, la vapeur et l'eau, dans un environnement aux
tons orangés que l'on retrouve dans les canyons.
Dans tous ces mondes, les différentes énigmes
peuvent se résoudre dans un ordre quelconque,
cependant certaines d'entres elles, pour devenir accessible,
exigent d'avoir réalisé divers événements.
Si les prises de tête commencent à se faire
sentir, et ça arrivera, je m'en porte garant,
il est tout à fait possible de quitter un monde
pour se changer les idées ailleurs et ainsi tenter
de résoudre des énigmes moins complexes.
Les graphismes de Myst III font partie
de ce qu'il y a de mieux sur Xbox. Non seulement le
design est réellement original, mais en plus
nous avons affaire à un jeu avec des écrans
fixes, ce qui signifie extrêmement détaillés.
Contrairement à d'autres jeux du genre, comme
par exemple les Chevaliers de Baphomet ou Syberia pour
les plus connus, on ne dirige pas un curseur à
l'écran, mais on se déplace dans un environnement
panoramique où le joueur peut regarder où
bon lui semble, un jeu à la première personne
en quelque sorte. Dans Myst III, on avance par étapes,
c'est à dire qu'en appuyant sur le bouton A,
synonyme d'action, on avance vers un endroit où
il est possible de se rendre, mais en faisant un "bond".
Concrètement, si on a les pieds au bord d'un
pont, et qu'on regarde en direction de son extrémité,
on passera d'un coup d'un seul au quart de celui-ci,
puis, après une nouvelle pression du bouton A,
à sa moitié, et ainsi de suite... Heureusement
qu'il n'y a pas de chargements entre ces étapes,
mais les transitions prennent en général
une seconde, sans écrans noirs. Ce mode de déplacement
peut paraître dérangeant, mais à
la longue ça devient agréable quand on
fait de nombreux aller-retours, ce sont en quelque sorte
des raccourcis. Et c'était indispensable pour
conserver la beauté des écrans en 2D panoramique.
Myst III donne l'impression d'évoluer dans un
immense film en images de synthèse, sentiment
amplifié par certaines scènes où
des acteurs sont incrustés dans les décors
de très belle façon. Chaque action sur
un interrupteur entraîne un mécanisme bien
spécifique qui se traduit à l'écran
par un film, cette fois-ci, sans transitions. En manipulant
par exemple une valve dans Voltaic, on voit tout d'abord
la valve tourner, puis grâce à un mouvement
de la caméra, on constate son effet. Dans Edanna,
lorsqu'on appuie sur une de ces drôles de plantes,
c'est à un ascenseur en colimaçon autour
d'une liane que l'on fait appel. Ces scènes sont
superbement réalisées. Le seul souci,
c'est qu'à force de rester bloqué sur
une énigme, au hasard celles de Amateria, on
refait toujours les mêmes actions: monter en ascenseur
vers le pupitre, appuyer sur des boutons dans une séquence
qu'on a longuement planifiée, redescendre pour
voir si ce qu'on a fait a changé quelque chose,
si c'est le cas, on prend des notes et on retourne en
haut pour affiner le code, si ce n'est pas le cas, on
remonte quand même et on chamboule tout. C'est
la loi. Les remontées et les aller-retours sont
parfois longs, c'est ce qui agace. Néanmoins,
il est possible de zapper ces scènes en pressant
B, mais cela occasionne parfois un chargement.
En parlant des chargements, il est agréable
de constater qu'ils sont très rares, et que lorsqu'ils
surviennent, ils ne durent en général
pas plus de trente secondes. On s'étonne d'ailleurs
dans un premier temps de ne pas en avoir pendant plus
de deux ou trois heures sur J'nanin. En fait, ils n'arrivent
le plus souvent que lorsque l'on change de monde, et
encore, parfois, on se dit :"C'est déjà
à moi de jouer!" Un très bon point.
De plus il est à tout moment possible de charger
ou sauvegarder sa partie en appuyant sur la touche back.
Et pour peu que l'on veuille charger une partie qui
se trouve dans le même monde, le chargement est
transparent. Ce système est très pratique
et agréable à utiliser.
L'immersion dans l'imaginaire d'Atrus
est magnifiquement rendue par une composition musicale
interprétée par un orchestre philharmonique.
Tous les thèmes sont en phase avec leurs environnements
et les bruitages, créés avec beaucoup
de soin (constaté dans le making-of), se déposent
à merveille dans le tympan du joueur charmé
par la maîtrise du Dolby Digital 5.1... Rarement
le vent aura donné de tels frissons dans un jeu
vidéo.
On insistera sur la difficulté
du jeu qui rebutera dès les premiers instants
les non-initiés. On recommandera chaudement de
commencer sur Xbox par Syberia,
beaucoup plus accessible pour les novices. Pour Myst
III, il est indispensable de se munir de sa plus belle
plume et d'un carnet aux feuilles jaunies par le temps
(ou d'un stylo et d'une feuille selon vos envies) pour
prendre des notes. En effet, les énigmes ne se
laisseront pas apprivoiser de la sorte. Elles nécessitent
de la réflexion, beaucoup, un QI approchant les
150, indispensable, du café (prévoyez
quelques hectolitres) et surtout un bonnet de bain,
vous évitant ainsi les nombreuses extractions
capillaires sans anesthésies. Même après
avoir passé des centaines d'heures à jouer
à ce genre de jeux, pas mal d'énigmes,
dont et surtout l'ultime, m'ont posé problème.
On ne peut pas vraiment chiffrer le nombre d'heures
que l'on passe la manette en mains, mais à cette
inconnue, il faut ajouter les nuits passées à
se dire : "mais si je fais ça, peut-être
que..." ou "mais, je ne suis pas passé
par-là pour aller au fond" ou encore "saperlipopette!
Pourquoi je rêve de ce jeu?". Ajoutons que
Myst III comporte sept fins différentes, que
l'on découvre en changeant la dernière
action que l'on exécute.
Myst III : Exile est un jeu excellent
pour peu que l'on accroche à ce genre fortement
délaissé sur console. C'est un réel
sentiment de fierté qui s'empare de nous à
chaque fois que l'on franchit un obstacle, l'immersion
est de plus parfaite grâce au doublage français
de qualité, aux sublimes musiques et aux graphismes
photo-réalistes. Un jeu à ne pas louper,
mais qui sera vite frustrant pour les non-initiés.
Une chose est sûre, après l'avoir fini,
on se demande bien quel jeu pourra nous poser plus de
problème... Peut-être "Uru Ages Beyond
Myst", la suite sortie sur PC ou "Myst IV:
Révelation" prévu sur PC pour le
30 septembre 2004 et qu'on aimerait grandement voir
débarquer sur Xbox. En attendant, vous avez du
pain sur la planche.
Inspecteur Gadget
- 07.08.04
genre
sous-représenté
la
lisibilté des textes
|
univers
unique
beauté
du jeu
doublage
de très grande qualité
énigmes
incroyablement complexes
loadings
quasiment absents
|