Loin du conflit de Full
Spectrum Warrior, Pandemic Studios nous transporte ce coup-ci en Corée
où des événements plutôt inquiétants viennent
de se produire. Alors que le processus de paix entre la Corée du Nord et
du Sud avait finalement abouti grâce au président Kim Song, ce dernier
a été froidement assassiné par son propre fils, le général
Choi Song. Installé depuis à la tête de la partie nord du
pays, ce dernier chasse tous les indésirables du territoire. Plus aucun
journaliste ne se trouve là-bas, coupant littéralement la Corée
du Nord du reste du monde. La situation n'aurait certainement pas évolué
si la flotte australienne n'était pas tombée par hasard sur un navire
nord-coréen transportant des missiles nucléaires pour le compte
de plusieurs terroristes indonésiens. La voie diplomatique ne rencontrant
aucun succès, il va donc falloir arrêter le Général
Song et ses hommes par d'autres moyens. C'est là que vous intervenez, professionnel
du mercenariat, rompu à toutes les techniques de combat et de maniement
des armes
Avant de vous lancer tête baissée
dans l'aventure, Mercenaries vous propose d'incarner un des trois meilleurs mercenaires
de l'organisation Executive Operations (ExOps) parmi lesquels :
Chris Jacobs,
un Américain. Ancien de la Delta Force, il est spécialisé
dans le meurtre ciblé et l'utilisation des armes de destruction massive.
Le choix de ce personnage est donc un bon compromis entre la force et la finesse.
Jennifer Mui, ex-agent du MI-6, est une jolie jeune femme anglaise experte en
Kung-Fu et particulièrement agile. Elle sera redoutable lors des combats
en corps à corps. Toutefois, elle ne s'en laissera pas compter arme au
poing. Matthias Nilsson est suédois, comme son nom l'indique. Il appartenait
aux "Swedish Coastal Rangers". Son physique impressionnant ne passera
pas inaperçu, mais ses qualités de sniper hors pair vous seront
certainement très utiles. Le choix du personnage que vous jouerez ne changera
pas le fond du jeu, mais aura quand même une légère influence
sur le gameplay.
En bon mercenaire que vous êtes, vous serez évidemment
à la solde de plusieurs entités puissantes dont les intérêts
ne concordent pas souvent. L'ONU (Organisation des Nations Unies), la Corée,
la Chine et la Mafia Russe, pour lesquelles vous devrez accomplir diverses missions.
Vous êtes bien entendu rémunéré pour chacune d'elles.
C'est ainsi que vous découvrirez un magnifique jeu de cartes, où
chacune des 52 faces correspond à une personne que vous devrez appréhender.
Ne vous étonnez donc pas de devoir partir à la recherche du 4 de
carreau, du valet de coeur ou du 2 de trèfle. Des informations vous sont
livrées au compte-gouttes pour repérer les fugitifs, à vous
de recouper les données pour les localiser précisément.
Etant
à la solde de plusieurs organisations qui ne nourrissent pas particulièrement
de bons rapports entre elles, votre côte de popularité aura tendance
à évoluer. En effet, en rendant service à l'un, vous contrariez
les plans d'un autre, qui n'hésitera pas à vous le faire sentir
dès que vous vous approcherez de son camp. Vos rapports avec les différents
groupes sont représentés par des jauges. Plus elles sont remplies
et plus votre entente est cordiale. Au contraire, si une jauge est vide, vous
pouvez être sûr de ne pas être très bien accueilli lorsque
vous vous rendrez dans les territoires contrôlés par la faction associée
à cette jauge. Heureusement, même la pire des trahisons envers un
groupe sera bien vite pardonnée en sortant votre portefeuille et en payant
une petite somme de réparation (100 000 $ tout de même). Petit conseil,
ménagez la susceptibilité de la mafia russe car cette dernière
savérera être un très bon fournisseur en armement
.
Les QG des différents pays présents sont disséminés
un peu partout sur la vaste carte de la région et vous proposeront chacun
un certain nombre de missions allant de la neutralisation d'armes de destruction
massive à l'escorte de journalistes au front, en passant par la capture
d'une des 52 cibles nord-coréennes, ou encore le sauvetage d'un pilote
dont l'avion s'est fait shooté par une batterie de missiles AA. Dans Mercenaries
chaque mission est différente, tout comme la manière de la mener
à son terme ! Le joueur pourra "emprunter" des véhicules
pour se rendre d'un point à un autre de la carte à la manière
d'un GTA. Les missions n'ont pas d'ordre particulier et on se laisse guider au
son des balles. La seule priorité consiste à mettre hors d'état
de nuire les 52 personnages représentés par les cartes d'un jeu
traditionnel : ainsi on aura une hiérarchie déterminée par
la valeur de la carte et sa couleur (dans l'ordre trèfle, carreau, coeur
et pique, l'as étant le chef d'armée, les jokers, dames et rois
ses subalternes). Chacun de ces 52 rebelles a une histoire qui lui est propre
ainsi qu'un petit résumé des relations qu'il exerce au sein de l'armée
nord-coréenne. Chaque "carte" neutralisée vous octroie
une récompense plus ou moins élevée suivant sa position dans
la hiérarchie et suivant si vous l'avez capturée et emmenée
au point d'extraction ou juste tuée et identifiée sur place. Mieux
vaut se casser la tête à capturer les "cartes" pour obtenir
les récompenses maximales, on n'a jamais trop d'argent par ici
Quand
on sait que Pandemic Studios a oeuvré sur Star Wars Battlefront ou encore
Full Spectrum Warrior,
on est légitimement en droit d'attendre une maniabilité de tout
premier ordre et une interface du même acabit. Mercenaries ne déroge
pas à la règle et la facilité avec laquelle on contrôle
le personnage est tout simplement parfaite. Le joueur contrôle son mercenaire
à la troisième personne grâce aux sticks analogiques, la touche
B pour sauter, A pour recharger son arme, et X pour mettre des coups de crosse.
Les gâchettes droite et gauche servent respectivement aux tirs armés
et aux grenades. A noter qu'il n'est possible d'emmener que deux armes de tir
sur soi parmi lesquels fusils d'assaut, AK 47, fusils de précision, mitraillettes,
lance-roquettes anti-char ou anti-air et même des sulfateuses. L'arsenal
de guerre est complet et vous trouverez de toute façon tout ce qu'il vous
faut sur le terrain. La prise en main est intuitive et immédiate au possible,
on prend du plaisir dès les premières heures de jeu. Pour résumer
simplement le gameplay de Mercenaries, on peut dire qu'il est le Gran Theft Auto
du jeu de guerre. Vous vous rendrez compte assez rapidement que tout, ou presque
est possible. En effet, le jeu dispose de maps immenses, dans lesquelles vous
pourrez vous balader à loisir, aucune zone n'est inaccessible. Vous pourrez
également vous en donner à cur joie quant à la destructibilité
des unités mobiles et des quelques bâtiments. Cependant, certaines
choses choquent comme le fait que les arbres ne soient pas destructibles et donc
il nest pas rare de se voir stopper par un arbre alors que lon est
au commande dun tank de plusieurs tonnes
Tout comme dans la
fameuse saga GTA, vous
êtes entièrement libre de vos mouvements. Les missions vous sont
indiquées sur la carte, à vous de vous y rendre quand bon vous semble.
Lorsqu'une mission vous est confiée, c'est à vous de choisir la
manière de la remplir, tout est possible, la seule limite étant
l'argent, ou votre imagination peu fertile
Ce sont près de 65 véhicules
différents qui sont à votre disposition sur les maps, de la simple
jeep à l'avion en passant par le char ou l'hélico. Vous avez même
la possibilité de les "hi-jacker" (en prendre le contrôle)
en appuyant sur la touche Y.C'est d'ailleurs très classe de poursuivre
un ennemi qui décolle avec son hélico, de s'accrocher à l'appareil
et d'en dégagez le pilote en plein vol. Toutefois, et même si c'est
parfois plaisant, il ne sera pas toujours recommandé de foncer tête
baissée. Certaines missions demandent un peu plus de doigté, de
finesse
D'autant plus que des civils et des journalistes se trouvent souvent
sur le lieu de l'action, et qu'un manque de légèreté de votre
part pourrait engendrer une baisse subite de revenus.
Mais à la
différence d'un GTA, Mercenaries vous plonge au coeur d'un conflit permanent,
et ce même en dehors des missions. Il est impératif de rester en
état d'alerte car la guerre fait rage et il est fréquent de se retrouver
nez à nez avec quelques tanks, pris au coeur d'affrontements alors qu'on
voulait simplement se rendre dans un village voisin. La carte du monde est délimitée
en zones d'influence que l'on devine à la présence des QG aux alentours,
de nombreux carrefours sont le théâtre d'affrontements ou de barrages
qu'il est possible de franchir sans encombres à condition d'emprunter les
bons véhicules : chaque Jeep ou tank est frappé du sigle de la faction
qu'il représente, et permet de traverser ses lignes sans avoir à
tirer le moindre coup de feu à condition bien sur de ne pas leur tirer
dessus, leur rentrer dedans ou même de klaxonner, auquel cas votre camouflage
de fortune tomberait irrémédiablement à l'eau.
Vous
l'aurez compris, Mercenaries propose un gameplay extrêmement riche. Le jeu
ne se limite pas qu'à des phases de shoot. Vous devrez parfois détruire
des unités mobiles, infiltrer une base... A ce propos d'ailleurs, sachez
que lorsque vous faites appel à un appui aérien, pour extraire une
personne ou pour récupérer du matériel, veillez bien à
ce que le terrain soit dégagé. C'est toujours dommage de voir partir
en fumée un onéreux chargement. En effet, il peut arriver qu'en
pleine mission vous vous retrouviez à court de munitions, de santé
ou tout bêtement de véhicule ... Problème d'autant plus dommageable
si vous êtes en montagne qu'en rase campagne. Et c'est là qu'entrent
en jeu vos bonnes relations avec les factions. Votre PDA (Personal Digital Assistant)
vous servira entre autres à contacter la mafia russe qui vous livrera sur
place la marchandise souhaitée à un coût plus ou moins abordable
suivant vos relations avec elle. Vous pourrez ainsi recevoir par hélico,
après avoir signalé votre position à l'aide d'un fumigène
rouge, des caisses de munitions et même des véhicules (tanks inclus
!) De quoi envisager plus sereinement la suite de la mission. Et si vraiment la
base que vous devez infiltrer vous pose trop de problèmes, votre PDA vous
servira aussi à demander l'aide d'appuis aériens dévastateurs
tels que des tirs d'artillerie pour arroser la zone, des frappes chirurgicales
pour détruire un point précis, ou encore des missiles de croisière
et autres tapis de bombes pour décimer intégralement les environs
Avant daborder la durée de vie, voyons
à présent l'Intelligence Artificielle du jeu. Même si les
ennemis sont loin dêtre des "lumières" (il subsiste
toujours un ou deux soldats errants sur la vingtaine à l'écran,
ne sachant pas trop quoi faire), ces derniers savent plutôt bien utiliser
l'armement mis à leur disposition: vous retrouverez un soldat dans chaque
tour de guet, d'autres aux postes d'artillerie fixes, d'autres qui sauteront dans
les hélicos à peine vous approcherez et les soldats restants seront
à couvert derrière des bunkers de fortune pour protéger les
lignes.
Une base à infiltrer ? Le poste avancé signalera l'alerte
à votre approche pour renforcer les rangs de la base ! Une approche aérienne
? Les soldats au sol utiliseront leurs RPG et les batteries de missiles AA ne
vous louperont que très rarement ! Une porte blindée à faire
sauter ? Ils sont postés de part et d'autres et attendent votre char de
pied ferme à grand renfort de roquettes antichar ... Inutile de venir les
mains vides vous en repartiriez les pieds devant ... Cependant, ces derniers nont
pas un sens stratégique aussi développé que les ennemis du
Master Chief dans Halo 2.
Ainsi, par exemple, si vous snipez un soldat, son collègue se trouvant
juste à coté de lui nira pas se mettre à labri
derrière un élément du décor, vous laissant lopportunité
de le descendre lui aussi tranquillement. Mais si les soldats ennemis sont réactifs,
vos alliés ne sont pas en reste non plus. Une simple pression sur la touche
B à bord d'un véhicule pour actionner le klaxon et les soldats des
environs viennent immédiatement occuper les places vacantes. Certains véhicules
disposent, en plus des places de passagers, de tourelles de combat (c'est le cas
de quelques tanks, de certaines Jeep et des hélicos) qui feront des ravages
dans les premières lignes ennemies et plus particulièrement sur
l'infanterie mobile.
Avec 52 "cartes" à capturer, la
durée de vie est à la base plus qu'honnête. A cela on ajoute
une douzaine de missions par faction et on obtient un peu moins d'une centaine
de missions à accomplir pour terminer le jeu. Même les cartes les
plus faibles ne sont pas à négliger tant certaines sont bien protégées
et nécessitent une préparation et une patience d'enfer pour les
capturer... En plus du scénario viennent se greffer les missions bonus
marquées du sigle $ sur la carte, la recherche des 100 trésors nationaux,
celle des 100 pièces à convictions, celle des 100 postes d'écoutes
disséminés un peu partout sur la carte et la destruction des monuments
spéciaux. Une première traversée du jeu vous prendra au moins
une trentaine d'heures. Les plus acharnés prendront le temps de trouver
les trésors nationaux et les preuves qui permettent de débloquer
tout un tas de bonus et de "skins" spéciaux parmi lesquels Indiana
Jones et Han Solo (LucasArts oblige
).
En plus de proposer un gameplay
d'une grande richesse, Mercenaries dispose de graphismes peaufinés. Le
jeu a été développé avec le moteur HAVOC (déjà
utilisé pour Star Wars Battlefront notamment), du coup les mouvements des
différents personnages sont d'une fluidité tout à fait correcte.
Il est également à noter le bon rendu des effets de lumière,
des explosions et la bonne modélisation des bâtiments et des unités
mobiles. On regrettera peut être un affichage pas aussi profond qu'on aurait
pu l'espérer (surtout dans les airs), mais en contrepartie le clipping
est quasi inexistant.
La bande-son n'est pas en reste elle non plus : savamment
dosés, les bruitages et coups de feu se mêlent impeccablement aux
explosions sur fond des Choeurs de l'Armée Rouge pour une ambiance stricte
et militaire qui sied parfaitement à l'idée qu'on peut se faire
de l'armée ou des régimes totalitaires qu'on affronte. Cerise sur
le gâteau, le doublage des trois protagonistes sera assuré par les
voix françaises, doubleurs de Samuel L. Jackson, Lucy Liu et Guy Pearce.
Vous l'aurez compris Mercenaries est une réussite
qui constitue LA bonne surprise de ce premier trimestre 2005. Doté d'un
gameplay intuitif au possible, d'une réalisation technique de tout premier
plan et immersif au possible, Pandemic Studios nous livre là le plus sérieux
et le plus abouti des concurrents de GTA. A mi-chemin entre GTA pour la liberté,
Star Wars Battlefront pour la maniabilité intuitive et Freedom Fighters
pour l'ambiance et l'entre-aide, Mercenaries bénéficie d'un gameplay
jouissif qui ravira à coup sûr les amateurs de jeux d'action musclés.
Peluche - 22.02.05