Tao Feng : Fist of the Lotus est un jeu de combats
à mains nues, et qui compte parmi ses développeurs
un des créateurs de la série des Mortal
Kombat, John Tobias. Cet élément explique
probablement l'orientation prise par le jeu qui nous
occupe ici, à savoir des combattants qui perdent
leur sang, et dont leurs corps et vêtements
voient leur état empirer à mesure de
l'avance d'un combat (coupures, déchirures,
membres cassés, traces de sang).
Plusieurs modes de jeu sont au programme : SINGULIER
: où l'on peut faire un match contre un seul
adversaire (humain ou console), QUETE : correspond
au mode "story" vu dans d'autres titres
du genre, où il faut défier une série
d'adversaires afin de dénicher six morceaux
d'artefacts, SURVIE : ici, vous devrez rester en vie
le plus longtemps possible, alors que les adversaires
vous affrontent les uns après les autres, PAR
EQUIPE : un ou deux joueurs sélectionnent plusieurs
personnages et affrontent l'équipe adverse,
TOURNOI : pour mettre en place un petit championnat
entre amis jusqu'à huit joueurs (mais deux
simultanément), et enfin ENTRAINEMENT : où
l'on s'exercera aux différents mouvements et
combos. Bref, du classique.
Les innovations sont plutôt à rechercher
du côté du potentiomètre de Chi,
de la façon de gagner un match et de la gestion
des blessures,. En effet, les coups reçus auront
une incidence sur votre mobilité et sur les
dégâts que l'on peut infliger à
l'adversaire qui peuvent diminuer de 50%. La barre
de Chi, contrairement à ce que l'on pourrait
croire, ne permet pas d'aboyer, mais de guérir
un membre blessé ou encore de lancer une attaque
surpuissante. Cette barre se remplissant plus rapidement
si l'on est agressif, cela désavantagera les
joueurs jouant un peu trop sur la défensive,
d'autant qu'un coup bloqué inflige quand même
des dégâts, qui ne font pas baisser l'énergie
vitale, mais augmentent le risque d'un membre fracturé.
Dernière originalité, pour remporter
un match, il ne faut pas gagner trois rounds "traditionnels",
mais vider trois fois la barre d'énergie de
son adversaire, tout en prenant conscience qu'elle
ne se régénère pas au cours du
combat ou entre les rounds.
Malgré ces quelques bonnes surprises, Tao
Feng souffre d'un gros défaut, à savoir
son gameplay. Non seulement, il est quelque peu difficile
de contrôler correctement son personnage : on
a parfois l'impression de frapper dans le vide sans
bien visualiser où sont portés les coups;
mais surtout le jeu est très, voire trop axé
sur les combos. Ainsi, une fois quelques enchaînements
maîtrisés, on aura vite tendance à
bloquer les coups de l'adversaire en attendant la
faute, avant de lancer sa contre-attaque favorite;
un peu répétitif et ennuyeux à
la longue. La palette des coups possibles n'est pas
très étendue, même si deux boutons
sont réservés aux pieds et deux aux
poings. L'absence de contres se fait cruellement ressentir
dans le jeu qui perd ainsi en finesse et se révèle
même frustrant quand on reçoit dans les
dents un enchaînement de 5 ou 6 coups sans pouvoir
rien faire. De plus la caméra change d'orientation
par moments, ce qui fait que notre personnage se retrouve
dirigé dans l'autre sens et qu'il faut immédiatement
se réadapter, surtout si une attaque adverse
était en cours, pour ne pas se retrouver à
marcher vers l'adversaire alors que l'on essaie de
contrer; vraiment pénible. On notera quand
même avec plaisir la possibilité d'utiliser
le décor pour effectuer des attaques "propulsées"
(depuis un mur par exemple), ou encore ces mats sur
lesquels on peut s'accrocher pour lancer une attaque
tournoyante.
Les musiques s'avèrent insipides, mais sont
ponctuées de quelques bruitages environnementaux
bien venus. Les voix par contre, intégralement
en français, si elles sont à peu près
supportables dans la narration, s'avèrent être
vraiment risibles dans les commentaires que laissent
échapper les combattants. Cela donne un effet
comique, le seul problème est qu'ici on n'est
pas dans Kung
Fu Chaos. On sera d'ailleurs très
vite tenté de choisir l'anglais dans le menu
langues du dashboard, ce qui heureusement rendra ainsi
le tout bien plus crédible.
Les arènes sont variées dans leur environnement.
Même si elles ne sont pas aussi belles que celles
d'un DOA3, elles sont superbes, vastes et comportent
toute une série d'obstacles qui apportent une
petite dimension tactique lorsqu'il faut les éviter,
ou au contraire les utiliser pour une projection.
Les effets graphiques sont soignés, tels que
le rendu des conditions météorologiques
(pluie/neige/ensoleillement), ou encore le reflet
du décor sur le sol, même si ce dernier
reflète bizarrement tout sauf les combattants.
Les 12 différents personnages sont modélisés
avec un grand soin, et ont tous une personnalité
et un style de combat différent. Les traces
des blessures et l'infirmité provoquée
par un membre cassé sont visuellement bien
réussis et apportent un petit côté
réaliste bien venu, sans entrer dans le vraiment
gore heureusement. On regrette cependant le faible
nombre de costumes, puisque 2 seulement existent pour
chaque personnage. Et sur l'ensemble très peu
de choses sont à débloquer dans le jeu
(pas de cinématiques de fin de quête
de personnage, pas de costumes, juste une arène
et un perso en plus), qui voit ainsi sa durée
de vie en solo bien diminuée.
Tao Feng n'est pas un mauvais jeu, plusieurs éléments
originaux tels que la gestion des blessures et l'utilisation
du Chi apportent un peu de variété au
genre. La finesse des traits des personnages, et la
beauté des décors rendent le tout agréable.
Néanmoins avec son gameplay limité,
l'absence de contres et quelques problèmes
de caméra, on a l'impression que Tao Feng est
un titre bancal qui n'arrive pas à se hausser
au niveau des productions concurrentes. On lui préférera
donc Dead
or Alive 3, Mortal Kombat Deadly Alliance,
ou encore l'excellent Soul
Calibur 2 qui sortira dans quelques mois.
Max73 - 2.05.2003