Le Petit Larousse © décrit le mot playboy de cette manière
: nom masculin désignant un jeune homme élégant et fortuné,
à la mode, qui recherche les succès féminins et les plaisirs
de la vie facile.
Le Petit Larousse ne donne pas de définition à
Playboy : the Mansion, mais s'il fallait en trouver une se serait sans doute celle-ci
: jeux de gestion multi-plateforme à caractère soporifique s'adressant
aux adolescents à la recherche de fesses et de mamelons mais qui, comble
du malheur, possèdent une connexion à internet sécurisée
par leurs parents. Oui, tu verras des seins. Oui, tu verras des bikinis. Mais
surtout : oui, tu vas le regretter.
Regretter,
voilà un mot qui ne doit pas faire partie du vocabulaire de Hugh Hefner,
sûrement l'homme le plus envié de la Terre. Avant de devenir l'homme
qu'il est actuellement, à savoir octogénaire et sous perfusion de
Viagra, Hugh avait pour ambition de créer un magazine réservé
aux mâles, rien qu'aux mâles, où les articles sur la culture
du manioc en Alabama seraient rapidement oubliés grâce aux pages
voisines et au poster central. Le charme ! C'était la solution pour devenir
milliardaire. C'est Hugh (prononcez " ioug ") que vous allez incarner
dans ce jeu où vous tenterez, bon an mal an, de retracer son histoire.
De
votre manoir à la déco aseptisée, vous allez bientôt
devoir gérer la plus grande marque masculine du monde. Auparavant, pour
remplir les pages de votre premier magazine, vous devrez non seulement embaucher
journalistes et autres photographes mais également construire respectivement
leurs bureaux et labos photo. Tout cela par le biais d'une interface similaire
aux Sims d'Electronic Arts. Car oui, PTM n'est pas un jeu d'action ou un FPS (certains
auraient préféré) mais bien un jeu de gestion avec tout ce
que cela implique d'icônes, de menus, de longues réflexions et de
choses qui nous échappent.
Le
principe du jeu en plus d'être très simple est surtout extrêmement
rébarbatif et plus que tout : inintéressant. Pour que votre magazine
puisse arriver jusqu'à l'imprimerie, il vous faudra remplir six objectifs,
tous identiques sur chacun des numéros. Réaliser un poster (centerfold),
une couverture, publier une interview, une news, une série de photos et
un article.
Tout cela se joue lors des soirées que vous organiserez.
Après deux ou trois dialogues apparemment coquins qui se manifestent par
des marmonnements insupportables, la plus réticente des jeunes filles posera
nue dans votre chambre ou aux abords de la piscine. Fort heureusement les séances
photos sont réalisées par vos soins, elles représentent d'ailleurs
le seul intérêt de ce jeu puisque les interviews et autres contenus
rédactionnels seront rédigés par vos pigistes. Au préalable,
votre sex-appeal devra faire la part des choses pour convaincre les personnages
interviewés, hommes ou femmes, stars ou pas, tout le reste se traduit sur
la couverture avec le titre des articles présents et le contenu du magazine.
Pour ne pas rendre les choses plus rébarbatives qu'elles ne le sont
déjà, les développeurs ont jugé bon, et nous les en
remercions, de limiter la création du magazine à sa couverture.
Un peu réducteur n'est-il pas ? Les ventes du magazine dépendront
donc à coup sûr du charme du modèle, de sa pose et de sa tenue,
en aucun cas les articles rédigés (que vous ne pouvez pas lire
)
ne jouent un rôle dans les recettes. A noter qu'après avoir publié
douze numéros, il faudra désigner la Playmate of The Year (PMOY).
Encore faut-il avoir le courage d'en arriver là.
Si
au moins PTM bénéficiait de l'habillage d'un Dead or Alive, l'intérêt
du jeu aurait pu grimper, malheureusement, il faudra se contenter d'un ersatz
de Sims superbement moche aux décors plats contrastants avec le buste des
demoiselles, moches, elles aussi. Il sera néanmoins possible de s'amuser
à construire de nouvelles pièces, de modifier la décoration
ou de planter de nouveaux arbres. Une bien mince consolation ludique.
Au fil
des soirées organisées, des photos effectuées et de cocktails
arrosés, vous engrangerez des points qui vous permettront de débloquer
des petits bonus via le menu " extra ". Ici, il sera question d'acheter
d'anciennes et réelles couvertures du magazine avec donc de vrais modèles
ainsi que quelques photos des plus belles Playmates (remontant à 1961 tout
de même). Les photos sélectionnées sont les moins osées
puisque Playboy est estampillé 16+, il ne faut donc pas s'attendre à
voir le moindre pubis. Une bien mince consolation lubrique
Playboy
: The Mansion est un jeu creux, sans vie, qui ne comblera personne. Pour le prix
de ce jeu, préférez un abonnement à la revue réelle,
ce sera sûrement plus éducatif et instructif. Cela dit, si la recette
marche auprès des joueurs, attendez-vous à voir débarquer
d'ici peu "Figaro Magazine Exodus" et "Télé 7 jours
Ultimate". Il y a tellement de bons jeux en ce moment qu'il serait dommage
de gaspiller votre argent dans cette bien belle bouse
Oups, je l'ai dit.
Inspecteur
Gadget - 7.03.05