Metal
Slug. Nous connaissons tous plus ou moins cette série mais peu de gens
savent aujourd'hui pourquoi celle ci est mythique. En effet, ces jeux s'adressaient
à un nombre restreint de joueurs fréquentant les salles d'arcades
ou plus rare encore ceux possédant la Neo Geo, vous savez, cette console
en vitrine accompagnée d'une étiquette mentionnant " trop chère
pour vous ".
Débutée en 1996, la série Metal Slug
avait tout de suite fait sensation grâce à un gameplay simple et
intuitif, un challenge à la hauteur des gamers, et surtout des graphismes
en deux dimensions très vivants et détaillés. C'est le cas
pour chacun des épisodes sortis à ce jour ( Metal Slug 1, 2, X,
3, 4 et 5 ) mais de l'avis de beaucoup, Metal Slug 3 reste le meilleur
C'est
pourquoi SNK Playmore s'est mis en tête d'en faire une adaptation sur les
consoles actuelles. Pas bête.
Malgré
un briefing qui s'étend sur trois pages dans la notice du jeu, il ne faut
pas s'attendre à quelque chose de développé au niveau de
l'histoire. C'est un fait, les cinq missions s'enchaînent sans liens. Le
joueur est parachuté, c'est le cas de le dire, sur les missions sans qu'il
n'ait une idée du pourquoi du comment. Et cela tombe bien, on est là
pour jouer, sans réfléchir, pour le plaisir.
Metal
Slug, c'est le genre de jeu typiquement arcade, de ceux qui nécessitent
des nerfs en kevlar. Pas de sauvegarde entre les niveaux, alors une fois tous
les crédits épuisés (et ils s'épuisent vite au début)
on recommence à zéro. Cependant, chaque mission réussie deviendra
disponible dans un mode annexe, permettant ainsi de reprendre la partie au tout
dernier niveau réussi. On pourrait croire à une sauvegarde, mais
il n'en est rien car les scores s'évaporent. Dans un jeu ou le score est
la principale source de motivation, c'est rageant. On est joueur ou on ne l'est
pas ! Inutile de dire donc (mais nous allons en parler tout de même) que
votre ridicule " 1 million de points " réalisé sur le
dernier niveau fera pâle figure face aux ténors qui caracolent en
tête du tableau des scores sur le Xbox Live. Forcément, quand on
se faufile entre les lasers horizontaux, alors que des bombes tombent du ciel
et que quelques zombies au sol lâchent leur attaque - tout ça en
délivrant les otages et en ramassant les items de points - avec la même
habilité qu'un Thierry Henry marquant un but, ça aide à accumuler
les bonus de points. De quoi réduire en miettes l'ego d'un joueur éduqué
aux Pokémon.
Il faut dire les choses clairement, sans cette possibilité
de reprise de niveau, il est impensable de terminer Metal Slug 3 d'une traite,
même avec le mode de difficulté le plus facile et les crédits
au maximum (9) sans s'être entraîné auparavant durant de longue
semaine (en exagérant à peine
). Le mode " sélection
de la mission " permet certes d'apprendre les subtilités de chaque
tableau, les bons positionnements et de récupérer les meilleures
armes, mais une fois dans la course aux points (mode arcade), nos doigts ont une
fâcheuse tendance à se crisper. Et là les crédits se
réduisent comme peau de chagrin. On préférera à ce
titre jouer avec un ami, ce qui facilite grandement la tâche, quoique la
visibilité s'amenuise en conséquence.
L'adaptation
est fidèle à l'original, c'est à dire qu'on a à faire
à un gameplay très Old School qui baigne dans un univers peuplé
de sprites à foison, de scrolling à gogo et de pixels à outrance.
De la 2D comme on n'en fait plus, très détaillée et colorée
avec des arrières plans sobres mais riches. Evidement, il n'y a rien de
comparable avec un Ninja
Gaiden ou un Resident Evil 4, c'est forcément vieillot, mais
le principal ici c'est de pouvoir profiter d'un gameplay encensé par tous,
dynamique et simple. Vieilles réalisations, veilles sensations...
Les
cinq missions disponibles vous feront voir du pays (neige, désert, espace,
mer, ciel, colonie spatiale, etc.), et chacune d'entre elle propose plusieurs
chemins ou bifurcations. On pourra par exemple en sortant du cimetière
passer par un marécage en scaphandre ou prendre l'option de la voie terrestre
et continuer sur les terres boueuses. Certaines séquences proposent même
de monter à bord de véhicules, 4x4, avion, fusée, hélicoptère,
sous-marins, autruche (sic !), chameau (re-sic !) et bien d'autres encore. Il
faudra en user et abuser pour économiser les crédits puisque tous
les véhicules permettent la faute car ils disposent d'une barre d'énergie,
ce qui n'est pas le cas de nos quatre héros (Fio, Tarma, Eri et Marco)
dont la moindre erreur ou négligence sera fatale.
En plus de la version originale de Metal Slug
3, SNK Playmore a pensé à inclure deux nouveaux modes de jeu intéressants.
Le premier, Attaque du Vaisseau-Mère, vous met aux commandes de l'ennemi,
un soldat. Le principe dans ce mode est simple, vous n'avez qu'une vie et vous
devez vous emparer du vaisseau. Afin de faciliter l'exécution de votre
mission, vous pourrez délivrer d'autres soldats qui se joindront à
vous dans la bataille. C'est plutôt sympathique de voir six soldats effectuer
un carnage sur un même écran, cela dit, leur puissance de tir n'égale
en rien celle des héros du jeu. Comme on dit, l'union fait la force.
Quant au second mode inédit, il s'agit d'un mode avant tout réalisé
pour le jeu à deux (pas plus) nommé " Chubby Isle Paradisio
". Le principe y est une nouvelle fois simple, il s'agit de tuer le maximum
d'ennemis à l'écran afin de récupérer de la nourriture.
De la nourriture qui augmentera instantanément la masse graisseuse de votre
sprite. En mode un joueur, il sera question d'atteindre un poids défini
avant le temps imparti tandis qu'à deux joueurs, et là c'est plus
drôle, c'est le premier qui atteint 200 kilos qui gagne. On ne passera pas
des heures sur chacun de ces nouveaux modes, mais ils ont le mérite de
détendre entre deux parties éprouvantes pour le cur.
Metal
Slug 3 est un jeu très exigeant qui ne s'apprivoise pas facilement. Jouabilité
comme réalisation sont ici dans leur plus simple appareil. Simple, mais
diablement efficace. Attention toutefois à ne pas craquer pour ce jeu si
vous faites partie de ces joueurs qui s'énervent trop facilement. Metal
Slug 3 était un très bon jeu il y a quatre ans, mais aujourd'hui,
même si les revival sont à la mode, nous étions en droit d'en
attendre plus. Pourquoi pas un geste plus généreux de la part de
SNK Playmore qui aurait pu proposer une compilation de tous les Metal Slug. Metal
Slug 3 n'en demeure pas moins un excellent shoot, mais pour 45€ ou 70 CHF,
ça fait un peu cher l'émulation...
Inspecteur
Gadget - 11.02.05