Test : Le Seigneur des Anneaux - Le Tiers Age
Un jeu
de rôles dans l'univers du Seigneur des Anneaux ? De quoi enthousiasmer
bon nombre d'amateurs de RPG, d'autant que l'univers créé par Tolkien
s'y prête vraiment bien. Après deux jeux d'action sur toutes les
machines récentes, Electronic Arts reprend le filon et nous propose le
Tiers Age.
Le joueur prend les commandes d'un groupe dont les rangs s'étofferont
jusqu'à six au cours du jeu. Le leader, Berethor, guerrier du Gondor, sera
vite accompagné par Idrial, une magicienne elfe, puis par Elegost l'archer
Dunedain, Hadhod le nain, Morwen une voleuse assoiffée de vengeance et,
enfin, Eaoden du Rohan. L'aventure est divisée en une dizaine de chapitres,
chacun ayant un certain nombre de quêtes imposées et d'autres parfois
facultatives, qui vous occuperont pendant une bonne vingtaine d'heures. Les développeurs
ont pris la décision de ne pas mettre le joueur directement dans la peau
des personnages principaux de la trilogie, c'est donc une histoire parallèle
que vous vivrez, mais qui suit de près les traces laissées par la
communauté. Malheureusement, à cause de dialogues peu nombreux et
parfois plutôt quelconques, on se retrouve souvent à penser que l'on
joue les seconds rôles, et l'on a de la peine à s'attacher aux six
personnages qui manquent singulièrement de charisme. Autant le dire
tout de suite, le Tiers Age n'est malheureusement pas un vrai RPG, mais plutôt
un action-RPG, qui se rapproche même du genre hack'n slash, mais... au tour
par tour. En effet, même si l'on peut gérer les caractéristiques
des personnages pour le passage de niveaux, et que l'on peut trouver bon nombre
d'armes et armures pour équiper nos héros, la quasi totalité
du jeu se résume à des déplacements suivis de très
nombreux combats. Les connaisseurs de la série Final Fantasy trouveront
vite leurs marques puisque Le Tiers Age reprend ce principe dans une copie presque
conforme. Les affrontements se déroulent au tour par tour donc, chaque
personnage pouvant à tour de rôle attaquer avec son arme, ou utiliser
des pouvoirs magiques consommant ce qui est appelé ici des points d'action.
Ces combats sont plutôt sympathiques et tactiques, mais comportent les mêmes
faiblesses que pour les jeux de Squaresoft, à savoir des animations de
personnages qui deviennent agaçantes après les avoir vu plusieurs
dizaines (centaines) de fois, l'impossibilité d'utiliser tous les membres
du groupe à la fois pour le combat, et enfin le côté trop
souvent aléatoire et inévitable de ces combats. Quelques bonnes
idées sont à retenir malgré tout, telles que la visualisation
grâce à de petites icônes des personnages qui agiront aux prochains
tours. Grâce à cela, en utilisant quelques sorts, objets magiques,
ou attaques spéciales, combinés avec des statistiques de vitesse
élevées des héros, cela permet souvent de prendre l'initiative
et de tailler dans les rangs adverses avant de recevoir des dommages. Certains
combats proposent un peu de variété en mettant en scène des
adversaires hors de portée d'une attaque de mêlée, ce qui
obligera le joueur à varier son approche, en utilisant plus de sorts à
distance et/ou en faisant intervenir un autre personnage au cours du combat, d'une
simple pression sur la touche blanche, ce qui aura pour autre effet de faire quitter
un héros du combat, seuls trois pouvant malheureusement être présents
en même temps. On apprécie également le fait de pouvoir côtoyer
et se battre, mais à de rares occasions, en compagnie des vrais héros
du Seigneur des Anneaux, à savoir Gandalf, Aragorn, Legolas, Gimli, Faramir.
Quelques batailles sortent vraiment du lot et sont prenantes, telles l'affrontement
avec un Balrog, ou le siège du gouffre de Helm, mais malheureusement la
plupart du temps, cela reste plutôt classique, et surtout très répétitif
du fait de la très grande quantité de combats à effectuer.
Et ce qui est bien malheureux, c'est que très peu d'événements
interviennent entre ces combats, ce qui aurait pu enlever cette monotonie et changer
agréablement le rythme. On a bien un chemin à suivre avec parfois
quelques embranchements, quelques cinématiques racontant l'histoire, une
foule d'extraits du film (montés de façon pas toujours très
subtile), mais très peu de dialogues. Pour ces derniers, il s'agit d'une
ou deux phrases pour les rares personnages rencontrés au fil de l'aventure,
mais aucune possibilité de réponse n'est donnée. L'aventure
se résume trop souvent à des déplacements, combats, ouverture
de coffre, déplacements, combats, ... sans possibilité de souffler
un peu, de converser, d'acheter ou d'échanger armes, objets et armures,
bref tout ce qui devrait donner un peu de substance à un vrai RPG. Le seul
endroit au cours du jeu où l'on a un tant soit peu la vague impression
de pouvoir faire ceci, c’est au gouffre de Helm, peu avant l'arrivée
des hordes d'Uruk-Hai. Et encore, les "dialogues" avec les autres personnages
se résument à deux ou trois lignes au mieux, sans possibilité
de réponse, frustrant. Malgré cela, tout n'est pas à
jeter. Ceux qui aiment passer du temps à équiper leurs personnages
seront ravis d'apprendre que le jeu comporte un grand nombre de pièces
d'armures, d'objets, d'armes, de bijoux et de pierres elfiques qui peuvent être
trouvés après un combat ou dans les coffres, et qui permettent d'équiper
les héros. Il existe la possibilité agréable à chaque
borne de sauvegarde de refaire un chapitre (en totalité ou en partie),
pour explorer un coin que l'on aurait loupé ou finir une quête optionnelle.
On notera également la présence d'un mode maléfique, qui
permet de refaire pour chaque chapitre entre deux et cinq batailles, mais dans
le camp de l'ennemi en tentant de décimer les héros contrôlés
habituellement. Ce mode de jeu est à considérer comme un petit bonus,
pas comme un jeu en soit, puisqu'il est très court. Mais en cas de réussite,
il permet néanmoins de débloquer quelques équipements utiles
pour le mode traditionnel. Le mieux sera donc de le faire en parallèle
de la quête principale. La réalisation graphique étonne
pour ce qui est des environnements. Ceux-ci sont plutôt grands, variés
et bien réalisés. Les intérieurs des mines de la Moria sont
par exemple superbes avec leurs vastes sales sombres aux piliers gigantesques,
et il en va de même pour la réalisation de Minas Tirith à
moitié en ruine, ou du Rohan avec ses maisons en flammes notamment. Se
balader avec les statues de l'Argonath devant soi est plutôt sympathique,
et pouvoir arpenter de long en large les remparts du gouffre de Helm est bien
intéressant. Côté technique, le jeu est un peu en retrait,
avec des textures qui manquent de finesse et de relief, des animations de personnages
peu nombreuses, et quelques ralentissements lors des déplacements. Les
personnages sont bien modélisés au niveau des visages, mais le reste
du corps manque de détails, comme ces capes qui tombent raides, comme si
elles étaient faites de carton. Un bon point néanmoins, toutes les
armes et pièces d'armure équipés se voient à l'écran
lors des déplacements et des combats. Les ennemis sont sur l'ensemble bien
réalisés, mais manquent également un peu de détails.
Par contre, le Balrog est vraiment magnifique à l'écran, grâce
à une utilisation judicieuse de flammes et fumées. Côté
audio, on retrouve les très bonnes musiques du film, mais elles ne sont
pas très nombreuses dans le jeu et on entend souvent les mêmes airs
lors des combats. Elles suffisent malgré tout à nous replonger avec
efficacité dans l'ambiance des films. Pour ce qui est des dialogues, la
qualité est en dents de scie. On retrouve une partie des dialogues tirés
directement des films, et d'autres qui ont été réalisés
par les doubleurs attitrés, et d'autres encore totalement inadéquats.
On entendra par exemple certains personnages s'exprimer avec la voix que l'on
connaît dans les films, puis ensuite avec celle d'un autre doubleur, plutôt
dérangeant. Autre mauvaise surprise, on retrouve des voix extraites des
films, qui s'adressaient à un tout autre personnage, mais qui nous sont
dorénavant destinées. Pour ce qui est des nouveaux "héros",
la qualité est généralement au rendez-vous, même si
les échanges verbaux sont, encore une fois, peu nombreux. Pour les bruitages,
leur rendu est également variable, certains coups d'épées
ou de haches sonnent justes, alors que certaines aptitudes spéciales donnent
droit à des bruitages que l'on croirait sortis d'un film de Science-fiction.
On notera la présence plutôt surprenante d'un mode deux joueurs.
Celui-ci se résume malheureusement au contrôle de trois héros
sur six pour le deuxième joueur, en alternance lors des combats avec le
premier joueur. Ce dernier restant maître des déplacements et de
la gestion des personnages. Bref, c'est autant efficace et distrayant que de pratiquer
le mode solo à deux en s'échangeant la manette à chaque affrontement.
Le Tiers Age n'est pas un vrai jeu de rôles, hélas. Electronic
Arts avait dans ses mains une bien belle licence, qui aurait pu donner naissance
à un RPG grandiose. On en est bien loin malheureusement, puisque ce titre
se résume bien trop souvent à une succession de combats interminables,
à une linéarité importante, et tout l'aspect aventure et
dialogues a été ici réduit au minimum. Les quêtes bien
qu'étant nombreuses ne sont pas toujours bien motivantes, la faute en revient
en partie aux héros peu charismatiques que l'on dirige. Malgré cela,
quelques bonnes choses sauvent un peu l'ensemble : des environnements de qualité,
quelques passages très réussis et une ambiance prenante. Mais si
vous avez déjà joué à tous les autres jeux du Seigneur
des Anneaux sur Xbox et que vous êtes en manque, tentez plutôt La
Bataille pour la Terre du Milieu, jeu de stratégie fort honnête sur
PC, du même éditeur. Max73 - 12.01.2005
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