Test : Headhunter : Redemption
Depuis
ses dernières aventures, sur Dreamcast, Jack Wade est devenu un Headhunter
blasé par des missions toutes semblables. Par un curieux hasard, lors de
son prochain contrat, il prendra en chasse la jeune Leeza X dont il a tué
le père dans l'une de ses précédentes affaires. Disposant
d'un bagout à toutes épreuves, il arrivera à faire de cette
rebelle tatouée une coéquipière, une façon pour lui
de se faire pardonner, une sorte de rédemption. Dans une société
scindée en deux où règnent médias, corruption et manipulation,
les deux récents associés devront se lancer à la recherche
du mythique MW3M (Man Who Walks With Machine) un personnage craint de tous et
dirigeant l'opposition. Above et Below. Tels sont les noms
attribués aux deux parties du monde. Above est une société
moderne où le luxe et l'argent sont omniprésents. Une société
qui fait dans la démesure aussi bien au niveau des récompenses que
des sentences, un criminel capturé par un headhunter sera directement envoyé
à Below, la ville souterraine. Là-bas, les pires brutes se côtoient
et la loi n'a pas sa place. Seule restreinte : interdiction de franchir la limite
qui les sépare d'Above. Un univers binaire : Above ou Below, le blanc
ou le noir, le bien ou le mal. Voilà qui résume l'ambiance de Headhunter
: Redemption (HHR).
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| Après une introduction narrant la rencontre
entre Jack et Leeza dans les rues d'Above, on se retrouve directement dans la
demeure de Jack mais aux commandes de Leeza. Une fois le petit tour du propriétaire
effectué, Leeza prendra possession d'un IRIS, un module informatique couplé
à une paire de lunettes qui permet au porteur de faire le bilan de son
inventaire, de consulter la carte du niveau, de décrypter un code ou de
se remémorer les objectifs en cours. Ces quatre fonctions sont assignées
à la croix multidirectionnelle, chacune d'entre elles correspondant à
une direction précise. Lorsque l'IRIS est affiché, il est possible
de jongler entre les fonctions en actionnant les gâchettes droite ou gauche,
cependant l'ergonomie de ce petit bijou de technologie reste plus que moyenne.
On s'emmêle très vite les pinceaux. Il est à noter aussi un
choix très rageant de la part des développeurs qui ont décidé
qu'il ne serait possible de porter que deux armes, réellement, à
la fois, alors que dans l'inventaire, il y en a en général une bonne
huitaine (fusils, pistolets, mines, lance-grenades, etc.). Il aurait été
bien plus agréable de pouvoir faire défiler la liste des armes avec
la croix multidirectionnelle. Au lieu de cela, la touche noire permet uniquement
de choisir entre les deux dernières armes utilisées. Ceci entraînera
bien des passages dans l'inventaire, qu'il aurait été facile d'éviter.
De plus, une erreur étrange, qu'on apprendra à contourner avec le
temps, est présente : si par exemple vous avez à la main une mitraillette,
dans votre poche un pistolet et que vous avez besoin d'une mine pour détruire
un mur, vous devrez passer par l'inventaire. Jusque là, c'est logique.
Ce qui l'est moins, c'est que la nouvelle arme ne remplacera pas la mitrailleuse,
mais le pistolet. Il faudra donc se conditionner rapidement à comprendre
le principe si on veut conserver son arme favorite en poche. Autre point
négatif concernant la jouablité : le système de visée.
S'il est plutôt agréable à longue distance, à courte
portée, il devient difficile à gérer, surtout lorsque les
ennemis sont nombreux. Le réticule de visée à tendance à
ne pas se fixer sur l'adversaire le plus proche du personnage, donc le plus dangereux
mais sur la chose la plus proche du centre de l'écran, que ce soit un ennemi
ou un baril explosif et qu'il se trouve au premier ou second plan. Il reste une
alternative pour choisir sa cible, mais encore une fois, sa réalisation
est quelque peu fastidieuse. En effet, grâce au stick droit il est possible
de changer de cible, seulement, en général la main droite de tout
être normalement constitué n'est munie que d'un seul pouce. Il est
donc suicidaire d'arrêter de tirer avec le bouton A pour essayer, tant bien
que mal, de choisir un objectif différent. Parfois, il est préférable
de ranger sa fierté dans son IRIS et de fuir pour économiser munitions,
points de santé et self-contrôle. Il existe néanmoins
une solution intermédiaire entre la fuite et les gunfights qui se nomme
: discrétion. En observant bien la ronde de certains ennemis, le joueur
avide de fourberies pourra attraper n'importe quel garde par derrière en
le jetant d'une façon classieuse à terre et en l'enchaînant
avec deux trois coups de poing ou de pied, selon le personnage incarné.
Cette façon de tuer n'est cependant réalisable qu'à certains
momenst du jeu où il est presque exigé d'agir de la sorte. Cela
apporte tout de même une variété bienvenue. Variété
également perceptible pour les énigmes à résoudre
pour lesquelles les développeurs ont fait un effort non négligeable.
Si la plupart du temps, il suffit de tuer tous les ennemis dans une pièce
pour pouvoir évoluer et trouver une carte ou une clé, régulièrement
il nous sera proposé de décrypter des codes afin de pouvoir franchir
certains sas. Dans la forme ce sont juste trois gros carrés suivis d'un
quatrième sur lequel il faut entrer une séquence bien précise,
mais dans le fond c'est plus compliqué et le livret du jeu ne vous aidera
pas dans la démarche de réussite. Cela dit, ce sont des exercices
de réflexion biens plaisants. Dans un registre assez similaire, on devra
passer un test de QI demandant rapidité, réactivité et mémorisation.
Pour couronner le tout, le boss de fin est d'une originalité débordante
mais trop en dire gâchera le plaisir des futurs acquéreurs de ce
Headhunter. Développé sur Xbox et Playstation 2, HHR a bénéficié
d'un soin somme toute classique au niveau de la réalisation. Les environnements
sont variés et démontrent encore une fois que le multi- plateforme
tire les capacités de la Xbox vers le bas. En effet, la majeure partie
de l'aventure se déroulera à l'intérieur de bâtiments,
où couloirs et grands entrepôts se succèdent. Subsistent pourtant
quelques salles bien sympathiques aux forts relents de parodies : une pièce
au design inspiré des meilleurs survival horror, un studio télé
dans lequel un décor de western est implanté ou encore un plateau
sur lequel était enregistré, il y a un peu, un film sado-masochiste.
Originaux, mais pas forcément toujours beaux dus à la platitude
de certaines textures. Toutefois, le passage dans les égouts en ébahira
plus d'un. Voir ces volutes de fumée vagabonder au-dessus des flaques d'eau
dans lesquelles se reflètent Leeza X est un régal visuel. Voilà
bien le seul véritable atout de Headhunter Redemption au niveau graphique,
car les personnages incarnés ne sont pas des plus détaillés
et les arêtes disgracieuses sont encore présentes à l'appel,
moins que sur les ennemis humains il est vrai.
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| La partie sonore est quant à elle exempte
de défauts. Les musiques sont toujours adaptées aux situations et
s'emballent lorsque l'action le nécessite. On pourra toujours trouver à
redire sur certaines mélodies, notamment celle du studio télé,
mais il faut avouer que même si personne n'achètera le disque (si
toutefois il existe), elle a le mérite de mettre d'emblée dans l'ambiance.
Concernant le doublage anglais, les voix sont convaincantes et collent bien à
la personnalité des personnages. Leeza possède une voix plutôt
douce mais ferme, tandis que Jack s'exprimera avec la voix typique du " gros
bras " américain. Tout cela est bien entendu (rires) compatible Dolby
Digital pour le plus grand bonheur des possesseurs d'installation adéquate.
Si cela ne concerne pas réellement le bilan sonore, il est important de
signaler que les sous-titres ne défilent pas à une cadence régulière,
parfois le texte disparaît trop vite ne laissant ainsi pas le temps de tout
lire. En conséquence de quoi, on passe quelques fois à côté
de l'essentiel d'une discussion. Malgré tout, les objectifs restent très
clairs et sont mis à jour en fonction de la progression. Trop dure,
trop facile ? A l'image de l'univers de HHR , la difficulté est binaire.
Certaines situations sont exagérément compliquées comme par
exemple les scènes où il faut éviter des rayons lasers qui
se déplacent horizontalement, verticalement et sur la longueur d'un couloir.
Entre deux essais, il sera nécessaire pour quiconque de s'instruire en
lisant le best-of des blagues de Jean Roucas, faute de quoi, il y aura des paddles
qui auront une vie bien courte. En contre-partie l'intelligence artificielle des
ennemis est beaucoup trop limitée pour donner un intérêt aux
scènes de combat. Ils leur arrivent souvent de rester coincés à
courir derrière un mur, sachant que vous êtes présent de l'autre
côté, mais leur rôle est de tirer, pas de réfléchir,
alors ils courent, ils courent
Pendant ce temps là, on contourne
et on leur tire lâchement dans le dos. Les boss pour leur part nécessitent
un temps de réflexion avant de trouver la faille, il est d'ailleurs conseillé
à ce sujet de les scanner (touche blanche) avant de se lancer vers l'inconnu.
Certains obligent même à changer d'arme et/ou à utiliser la
vision thermique. Facile à dire, plus dur à faire. Dans l'ensemble,
mis à part les exemples ci-dessus, HHR est un jeu facile, d'autant plus
que si on perd la vie pour une raison quelconque, on reviendra au dernier check-point,
avec, ô ! Miracle, la barre de santé au complet. Les plus malins
d'entre vous utiliseront sûrement ce fait pour éviter d'utiliser
leurs trousses de secours, sous réserve encore une fois que vous ayez laissé
votre fierté au vestiaire. HHR, même s'il est facile, demandera
près de vingt heures de jeu pour arriver au dénouement final, un
total honnête pour un jeu d'action composé de 14 missions. Headhunter
Redemption n'a pas eu très bonne presse lors de sa sortie fin août
et Amuze s'en félicite presque sur son site officiel : "Headhunter
: Redemption divides the critics
". Certes, ce n'est pas le hit de l'année,
ce n'est pas le plus beau jeu, ni le mieux réglé au niveau de la
difficulté ou de la jouabilité, mais il reste tout de même
un divertissement agréable fourmillant de très bonnes idées
(décryptage, test de QI, le boss de fin, etc.). Il est au moins aussi bon
que l'épisode de la Dreamcast, les ballades à moto en moins.
Inspecteur Gadget - 06.11.04
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