Lors d'une superbe cinématique d'introduction,
on découvre que l'on fait partie d'une escouade
de soldats d'élite nommée Brute Force.
Aguerris au fil des batailles et des clonages successifs,
votre troupe de quatre devra au cours du jeu se rendre
sur différentes planètes pour y rétablir
l'ordre en décimant les hordes ennemies. Le
premier personnage jouable est Tex, le gros bras de
l'équipe, capable de porter les armes les plus
lourdes, d'en utiliser deux à la fois temporairement
grâce à son pouvoir spécial, et
qui sait désarmer les mines ennemies. Après
quelques mission, vous pourrez choisir d'incarner
également Brutus, l'extraterrestre feral à
la peau écailleuse. Celui-ci possède
un instinct animal lui permettant de détecter
la présence d'ennemis ou de pièges,
et peut en outre invoquer l'esprit de Vengar pour
soigner ses blessures, acquérir plus de puissance
et repérer de loin les âmes des créatures
dans un effet visuel très réussi. Vous
ferez connaissance ensuite avec Hawk, l'éclaireuse
humaine de l'équipe, qui possède comme
principal talent celui de pouvoir devenir temporairement
invisible pour aller trancher la gorge de l'ennemi
grâce à sa lame. Flint vient compléter
ce tableau de chasse, en tant que femelle cybernétique
officiant comme sniper du groupe. Son acuité
visuelle accrue, et le ciblage automatique lui confèrent
une précision redoutable.
Brute Force se joue à la troisième
personne, c'est-à-dire que vous voyez en permanence
le personnage que vous incarnez à l'écran,
et pas seulement ses bras ou armes comme dans un FPS.
Mis à part cela, les commandes et principes
de jeux sont très similaires : stick gauche
pour déplacer le personnage (l'enfoncer pour
s'accroupir), stick droit pour orienter la vue (l'enfoncer
pour le zoom), gâchette gauche pour les grenades,
la droite pour les tirs. Les boutons permettent d'utiliser
l'aptitude spéciale, se soigner, choisir un
objet dans l'inventaire, sauter, recharger et changer
d'armes (que deux portables à la fois). Oui
cela ressemble beaucoup aux commandes de Halo, mais
celles-ci étant excellentes et faciles à
prendre en main, il n'aurait pas forcément
été judicieux d'en changer. Les deux
réelles nouveautés sont l'utilisation
de l'aptitude principale spécifique à
chacun des quatre soldats décrits plus haut
(bouton blanc), et l'utilisation de la croix directionnelle.
A l'aide de celle-ci, en pressant rapidement dans
une direction, on change de personnage instantanément.
En maintenant la croix enfoncée plus longuement
on accède à un écran de gestion
des ordres. Dans celui-ci, on peut assigner à
un ou plusieurs équipiers des tâches
précises : tenir une position (pour rester
en place), tirer à volonté (les soldats
prennent l'initiative et se montrent très agressifs),
couverture (par défaut, les équipiers
vous suivent et tirent au besoin) et déplacement
(où l'on peut indiquer un emplacement où
les ailiers doivent se rendre, mais il doit être
visible, car aucune carte n'existe). Il est possible
également de les forcer à utiliser une
trousse de secours (ils le font d'office si leur santé
est au plus bas), et de mettre les équipiers
en mode "aptitude spéciale" (Tex
: utilisation de deux armes simultanément,
Brutus : esprit Vengar, Hawk : invisibilité
et Flint : tir avancé).
L'utilisation des différents personnages au
cours d'une mission est réellement plaisante,
ceux-ci étant bien différents dans leur
constitution, dans les armes qu'ils peuvent utiliser
(une quinzaine), et dans leurs aptitudes spéciales.
Face à un camp retranché d'ennemis,
vous pourrez y aller en force avec les quatre soldats
à la fois en tirant sur tout ce qui bouge et
en distribuant quelques grenades au passage (avec
une précision exagérée mais tellement
plaisante). Ou alors choisir Hawk, la rendre invisible,
et se rendre en courant derrière une poignée
d'ennemis pour les égorger en silence afin
de réduire la taille des rangs adverses, ou
encore choisir Flint pour sniper les inconscients
à découvert. Malgré cela, on
se rend compte à l'usage que la gestion des
ordres de brigade, n'est pas aussi aboutie que ce
qu'on pouvait espérer. Même s'il est
possible de donner l'ordre à nos équipiers
de tenir une position, dans la pratique cela résume
presque toujours cette commande à "faites
une pause clope, je vais trancher de l'alien en mode
invisible" (dixit Hawk). Les déplacements
gérés par la gestion de troupe (se déplacer
vers) sont peu utilisés dans le jeu, car limités
uniquement à la zone visible à l'écran.
Il est donc quasiment impossible de coordonner efficacement
une attaque sur deux flancs comme dans Ghost Recon
par exemple. Le mode par défaut, couverture,
où les équipiers vous suivent et tirent
au besoin, est celui que l'on utilise le plus souvent
car étant le plus pratique. Et il arrivera
par conséquent plusieurs fois à certains
joueurs d'oublier de mettre les autres en "pause"
(tenir une position) lorsqu'ils dirigeront Hawk, en
croyant être invisible et discret alors que
toute la troupe suit à deux pas derrière;
l'effet de surprise tombe un chouia à l'eau...
De plus, les aptitudes spéciales de chacun
ne sont véritablement utiles que quand vous
avez le contrôle d'un personnage. Malgré
cela, le plaisir du jeu reste intact, mais suite aux
caractéristiques annoncées lors du développement,
ceux qui attendaient un côté tactique
poussé risquent d'être déçus,
la gestion d'équipe se trouvant être
ici basique, et c'est le mitraillage en règle
qui fait office de "stratégie" le
plus souvent.
Ce manque de finesse se retrouve encore accru à
cause de l'incroyable bonne vision de vos adversaires.
En effet, même si vous êtes accroupis,
en essayant de vous cacher derrière les arbres
et en avançant à travers les herbes,
un ennemi peut vous détecter alors qu'il n'est
encore qu'un amas de 3 ou 4 pixels à l'écran,
et qu'un épais brouillard le dissimule presque
totalement. Inutile donc le plus souvent de chercher
à se dissimuler ou d'avancer par points stratégiques,
les adversaires vous auront repérés
avant. Seule Flint, avec sa vision accrue aura parfois
une chance d'en dénicher quelques uns avant
d'essuyer les coups de feu. Malgré ce défaut
un peu pénible, l'IA est d'un bon niveau. Les
ennemis se cachent derrière un rocher, en jaillissent
à droite, tirent une salve, se recachent, réapparaissent
à gauche en faisant un roulé-boulé
alors qu'on les attendait debout et de l'autre côté.
Bluffant par moments. Les quatre grandes races ennemies,
déclinées chaque fois en trois ou quatre
variantes, peuvent pour certains lancer des grenades,
se téléporter, jaillir d'un marais où
ils étaient dissimulés, ou se transformer
en bombe vivante en courant vers vous chargés
d'explosifs. On regrette malgré tout la passivité,
très épisodique il est vrai, des coéquipiers
en mode couverture quand ils ne voient pas d'ennemis
qui vous canardent. En optant à ce moment pour
le mode tir à volonté, le problème
se corrige d'office. Et même si l'on constate
parfois (rarement) quelques autres petits défauts
: un coéquipier qui reste accroupi sans bouger
alors qu'il se fait canarder par une tourelle, ou
le même qui dévale une pente avec un
lac de lave en-dessous, l'IA des alliés est
très correcte également. Ceux-ci vous
préviennent si vous êtes dans leur ligne
de tir, et bougent s'ils sont dans la vôtre.
Si une grenade arrive à proximité, ils
vous mettent en garde et font un saut de côté
pour se protéger de l'explosion. Les voix,
doublées impeccablement en français,
viennent ponctuer l'action aussi bien dans le camp
adverse que dans le vôtre. Vous aurez ainsi
droit à des remarques désobligeantes
si vous faites feu sur un coéquipier, à
Tex ou Brutus qui vous préviendront à
l'avance de certains dangers, aux directives de votre
commandant en orbite, ou encore à des ennemis
pleurant sur la mort de leur seul ami.
Les frères Roberts nous avaient
habitués par le passé à de nombreuses
cinématiques dans la série des Wing
commander (Mark Hamill dans le rôle de Christopher
Blair, ça doit rappeler de vieux souvenirs
à certains). Et comme Erin Roberts se trouve
être le producteur de Brute Force, il en va
de même dans ce jeu. Plusieurs superbes et mémorables
vidéos d'animation sont utilisées pour
présenter les personnages, et d'autres plus
courtes sont là pour les briefings. Au début
des missions, vous aurez droit également à
de petites séquences, calculées en temps
réel cette fois, mais qui restent très
agréables à voir. Les cinématiques
sont du genre à décrocher les mâchoires,
et fort heureusement le jeu n'est pas en reste. Les
personnages sont modélisés avec beaucoup
de soin et bougent de façon admirablement naturelle.
De nombreux effets de particules, de bump-mapping
et autres sont utilisés avec brio, tels que
ces lacs de lave projetant des cendres incandescentes,
les feuilles tombant des arbres, les cieux splendides,
les sols texturisés avec soin et au relief
accidenté, la vision spéciale de Brutus
lorsqu'il est en mode furie Vengar, ou encore la vue
qui se brouille lorsque la barre de vie est au plus
bas. Les missions, au nombre de 18, parfois séquencées
en sous-missions, se déroulent sur six types
d'environnements bien différents et tous magnifiques
(dont des ruines anciennes, terres volcaniques, marais,
et villages suspendus à de gigantesques arbres).
Même si certains ralentissements regrettables
apparaissent parfois en multijoueur, l'aspect graphique
est très impressionnant et est sans nul doute
le côté le plus abouti du jeu.
Trois modes multijoueurs sont proposés
dans Brute Force : la campagne à plusieurs,
les matchs à mort et les matchs à mort
en brigade. Malheureusement, aucune capture du drapeau,
king of the hill ou autres modes tels que ceux qu'on
a pu découvrir notamment dans Unreal Championship
ne sont présents. Néanmoins, dans le
mode campagne, vous pourrez trouver des bonus sous
forme de boîtes d'ADN, qui permettent de déverrouiller
une bonne quinzaine de personnages différents
pour les matchs à mort. Et c'est véritablement
des bonus intéressants, puisque ces nouveaux
personnages (les ennemis que vous aurez combattus)
ont des pouvoirs et des armes souvent uniques. Peu
de modes de jeu multijoueur donc, mais des matchs
à mort variés grâce aux quatre
personnages de base, ainsi que les "ADN débloqués".
A noter également, le fait que l'on peut jouer
en LAN, jusqu'à huit joueurs. LE gros regret
vient de l'absence du jeu en Live, difficilement compréhensible.
Quelques goodies devraient être téléchargeables
par la suite, tels que des missions solo et multijoueurs,
mais rien de disponible à l'heure où
sont écrites ces lignes.
Pour en finir avec les regrets, signalons
encore le scénario pas toujours très
clair qui se traduit dans les missions très
souvent par destruction, assassinat, éradication
et élimination; c'est varié vous en
conviendrez, n'est-ce pas ? Sinon, à la fin
de chaque mission, vous recevrez de l'argent qui ne
sert apparemment à rien (contrairement aux
séquences d'ADN); un peu étrange. Et
enfin, une seule arme de contact est disponible dans
le jeu, celle utilisée par Hawk et par elle
seule.
Brute Force est un excellent jeu d'action
si on ne reste pas accroché à l'attente
désespérée d'un aspect tactique
trop élevé, qui est ici malheureusement
très basique (trop diront peut-être certains).
La diversité des personnages, de leurs caractéristiques,
des armes et des environnements agrémentés
d'une réalisation graphique au top, tant dans
le jeu que lors des cinématiques, montrent
un travail soigné fourni par l'équipe
de Digital Anvil. La prise en main des soldats permet
des approches variées des diverses situations
de combat et rend le jeu vraiment très plaisant
à jouer. On regrette quand même l'absence
du support Xbox Live et quelques petits détails
évoqués plus haut. Alors non, Brute
Force ne se hisse pas au rang de Halo, mais dispose
tout de même d'une foule de caractéristiques
et particularités bien venues qui en font un
jeu bien fun, que les amateurs d'action auraient bien
tort de bouder.
Max73 - 4.06.2003