Test : Les Chevaliers de Baphomet - Le Manuscrit de Voynich
Les chevaliers de Baphomet, les Boucliers de Quetzalcoatl, voilà des jeux
qui auront fait découvrir au grand public, grâce à la Playstation
et au PC, le genre des jeux daventure. Sortis respectivement en 1996 et
1997, on se souviendra de ces deux premiers épisodes de la saga de Charles
Cécil, comme étant très réussis, tant sur le plan
visuel que sonore, les jeux intégralement en français étaient
rare à lépoque. Ce Manuscrit de Voynich, avait pour ambition
dinnover, au risque de déplaire aux fans. Linnovation est là,
mais hélas, pas que pour le meilleur.
Alors que le
monde est sujet à divers dérèglements climatiques, George
Stobbart un avocat, reçoit un courrier lui demandant de venir aussi vite
que possible au Congo, pour y évaluer une mystérieuse machine qui
est censée révolutionner la science. Son travail ly obligeant,
il fait le trajet depuis son Amérique natale à bord dun avion
piloté par Harry, un gars assez porté sur lalcool. George
attirant régulièrement les pires malheurs, on ne sétonne
quà moitié de voir un orage éclater alors que le voyage
prenait fin. Sen suit un atterrissage plus que périlleux
Au
même moment à Paris, Vernon, un pirate informatique se fait assassiner
par une mystérieuse brune. Nicole Collard, Nico pour les intimes, une journaliste,
qui avait rendez-vous avec ce pirate qui détenait des informations importantes,
sera la première à trouver le corps. Malheureusement pour elle,
la meurtrière lui ressemblait comme deux gouttes deau... De Retour
au Congo, lavocat et le pilote reprennent conscience, laventure commence.
Demblée,
on sent quon aura droit à beaucoup de croisements entre les aventures
de George et Nico, jusquà leur rencontre, qui ne se déroulera
pas de la meilleure manière qui soit. Sans en dévoiler trop, pendant
que Nico enquêtera sur la mort de Vernon, George se rendra en Angleterre
suite à la découverte dindices puis en France cette fois-ci
grâce à un indic. Suite à la rencontre, et à la coïncidence
de leurs enquêtes, ils partiront ensemble à la recherche de la vérité.
Pour
un Chevalier de Baphomet, on est en droit dêtre surpris par une jouabilité
très lointaine du click and play. Fini la flèche constamment affichée
à lécran, à laide de laquelle on décidait
de la direction que prendrait le personnage, fini les longues heures à
cliquer comme un malade sur un décor de bande dessinée à
la recherche du tiroir, dun parapluie ou dun extincteur, tout ça
au pixel près. Pour prendre un exemple que tout le monde connaît,
la jouabilité se rapproche plus dun Resident Evil, ça déplaira
à certaines personnes, mais lapparition de la 3D entraînait
cette modification. Comme dans la Série de Capcom, les objets avec lesquels
on peut interagir, qui contiennent des informations ou quil faut voir tout
simplement, sont indiqués par une étincelle. Lorsque vous en êtes
à portée (et là on séloigne de Resident Evil)
le menu en bas à droite de lécran sétoffe de
quelques icônes. Parler, agir, voir, écouter aux portes. Jusque là,
ça peut aller, mais le problème vient de la mauvaise gestion du
stick analogique gauche, réservé aux déplacements, combiné
à des caméras douteuses. Si vous prenez la direction du fond de
lécran, et que la prise de vue suivante vous prend de face, vous
ferrez un demi-tour éclair pour revenir sur vos pas. Il est possible de
contourner ce problème grâce à la gâchette droite qui
permet de courir « droit devant » sans avoir à toucher à
la direction, mais comme les déplacements sont assez vagues, on a toujours
tendance à rectifier la trajectoire. Ceci nest gênant que durant
les premiers pas dans un nouveau lieu, car par la suite on sattend aux changements
de vue.
Au chapitre des nouveautés, les développeurs ont
puisé chez Shenmue le système du QTE (Quick Time Event). A certains
moments de laventure une scène ne vous proposera que pour unique
action dappuyer sur le bouton A. Pas de combinaisons complexes, toutefois
un délai est imposé. Pour varier les plaisirs, les gars de chez
Revolutions ont aussi inclus des phases dinfiltrations, loin de Splinter
Cell et de Metal Gear, mais elles apportent une variété bien venue.
Dans ces phases, la gâchette gauche sera mise à contribution pour
marcher à pas de velours. Pour finir, il est désormais possible
de grimper aux murs, de sagripper à une paroi pour se déplacer
à la force des bras, de marcher sur une corniche dos au mur ou encore de
sauter sur une petite distance.
On était prévenu
depuis le début, cest de la 3D. Malgré le support DVD, cette
3D fait peine à voir face à la vieille 2D des CD. On y perd beaucoup
au niveau du design et des détails, grignotant bien des points sur le capital
beauté du jeu. La 3D est par moment jolie, le Congo, certaines cavernes,
mais reste très médiocre les trois quarts du temps. La modélisation
des objets et de certains personnages frise parfois le ridicule, les lits sont
des sortes de parallélépipèdes avec une texture de couverture
grossièrement ajoutée. En Angleterre vous rencontrerez un certain
Bruno à la pilosité étrange : une barbe rectangulaire dont
les polygones auraient grandement besoin dun coup de rabot, la faute aux
bavures. Il ny a pas du y avoir de bêta test pour ce jeu, car quand
on à limage du barbu, devant les yeux, pendant deux minutes, on ne
peut que se rendre compte des défauts. Ceci est un exemple parmi beaucoup,
beaucoup dautres. Question finition, on repassera
Dans la même
veine, les décors brillent par leur simplicité. Paris est ressemblant,
du moins, les deux ou trois rues quil sera possible de voir, mais désespérément
vide. Le scénario évoque à demi ton que ce vide est dû
à la journée du dimanche, mais tous les jours
Cest peu
crédible. Idem pour la, oui, oui, la rue anglaise qui paraît bien
vide. Comme si cela ne suffisait pas, les personnages se percutent comme des fantômes,
et certains objets disparaissent dune scène à lautre,
comme par exemple un pistolet dans la main de lennemi. Ca ne fait pas très
sérieux de tenir en joue quelquun avec un pistolet invisible. On
notera aussi par moments des sursauts au niveau de lanimation, quand le
personnage ouvre une porte, il se retrouve assez souvent la tête au plafond
pendant une courte seconde. Sur lanimation encore, mais celle de Nico et
George : rien à déplorer, les mouvements sont fluides et réalistes,
juste quelques petits défauts de synchronisation labiale, rien de bien
grave comparé aux graphismes
Heureusement, que
le tout est rattrapé par une qualité audio exceptionnelle, et comme
on le sait dans ce genre de jeu, les dialogues sont primordiaux. Depuis le dernier
épisode, les voix de Nico et de George ont été conservées,
ont reconnaît de suite laccent américain de lavocat.
Le doubleur dAndré Lobineau, un des personnages principaux de la
série, mais de second plan tout de même, a lui aussi été
rappelé. Rien à redire. On retrouve bien la patte mature de la série
dans les dialogues. Sans aller au fond des choses, Nico et George laborderont
souvent
La chose. Au rang des conservations on retrouve le système
de dialogue à choix multiples, ayant traits aux indices découverts
ou, bien plus banal, aux conversations autour de sujets inutiles pour laventure,
mais intéressants à entendre pour les fans. Certains dialogues peuvent
paraître saccadés, car devant le nombre de possibilités de
choix, il aurait été compliqué pour les scénaristes
dinventer des phrases « liens » pour chacune des répliques,
on pardonnera aisément ce minuscule défaut.
Il faut aussi savoir
quil est impossible de passer les dialogues, ce qui peut devenir assez agaçant
si vous ne sauvegardez pas régulièrement. Voici les phrases que
vous entendrez le plus souvent : « cette porte était fermée
» car vous allez essayer den ouvrir un paquet et « je nen
voyais pas lintérêt », à force de tenter des combinaisons
improbables entre un hamburger et une ficelle.
Pour
certains, cest un défaut, pour dautres cest un revenu
minimum de plaisir : les énigmes. Si vous connaissez le genre, vous savez
à quoi vous attendre. Pour les nouveaux venus, garde à vous, vous
allez mouliner de la cafetière, vous tirer les cheveux avec les pieds ou
manger la manette avec les oreilles. Même avec de lexpérience,
je dois dire que jai passé pas mal de temps sur certaines énigmes
qui en y repensant sont assez « logiques ». Après chaque résolution,
on se dit « cétait ça ! Pourquoi ny ai-je pas
pensé plus tôt ». Il faudra sarmer de patience et surtout
de méthode pour voir les crédits de fin. Vous passerez un bon moment
dans linventaire (touche noire) où vous aurez tout le loisir de combiner
des objets qui de prime abord nont aucun lien. Pour vous aider, disons que
tout est possible. Dans ce même inventaire, en guise daide, vous trouverez
un carnet sur lequel sont notées toutes les choses importantes : voyage,
histoire, indices, il sera utile pour savoir où se rendre exactement. Finir
le jeu prendra dans un premier temps une petite vingtaine dheures, mais
en rempilant pour une seconde fois, si vous en avez le courage, la durée
de vie en pâtira énormément, et le plaisir aussi, car la joie
de la découverte ne sera plus là. Pour ceux qui sont intéressés
par le challenge mais qui pensent que passer par la case Voynich serait idiot,
car il nont pas joués aux deux premiers épisodes, je leur
annoncerais quil y a dans les options un récapitulatif de la saga
ainsi que divers documents sur les thèmes abordés au cours des trois
épisodes. Cest juste du texte, mais très utile pour se rafraîchir
la mémoire.
Je garde le pire pour la fin, le plus gros
défaut du jeu, au-delà de la réalisation, les chargements.
Affreux, affreux, affreux. 25 à 30 secondes de chargement entre certaines
portes ou événements. Le pire : avoir un chargement en plein milieu
dune pièce pour reprendre la partie exactement au même endroit.
Incompréhensible. Autre exemple : 30 secondes de loading, une phase de
« QTE » dà peine cinq secondes et re-loading
Ou
comment gâcher un jeu qui nétait déjà pas extraordinaire.
Pour conclure, le passage à la 3D rompt le charme des
épisodes parus sur PC et Playstation, et malgré la nouvelle orientation
du Gameplay, on se dit que le jeu perd en intérêt. Si passer 20%
de votre temps devant des écrans de loading et les 80 restants dans un
jeu loupé sur le plan graphique ne vous pose pas problème, vous
passerez dagréables moments à découvrir la subtilité
des énigmes. Mais attention, réservé aux habitués.
Inspecteur Gadget - 23.11.2003
les
chargements la
réalisation la
jouabilité au départ compliqué
pour les non-initiés |
le
scénario les
voix l'humour
propre à la série revoir
d'anciens lieux, mais désormais en 3D |