Alors que l'Agent 47
s'apprête à faire ses débuts sur le grand écran, IO
interactive a laissé de côté quelques temps sa célèbre
série Hitman
afin de se consacrer à une toute nouvelle franchise, Kane & Lynch.
Un titre prometteur sur le papier puisque les développeurs se sont directement
inspirés des oeuvres cinématographiques du talentueux réalisateur,
Michael Mann, tels que Heat ou encore Collatéral. Si ces films sont appréciés
par la critique et le public, qu'en est-il de ce jeu ?
Kane & Lynch
: Dead Men met donc en scène deux personnages qui doivent cohabiter malgré
eux dans une épopée dangereuse et violente. Kane, de son vrai nom
Adam Markus, n'arrive plus à faire face lorsque son fils de deux ans meurt
et décide donc de quitter sa femme et sa fille afin de rejoindre les 7,
un groupe de mercenaires d'élite. C'est lors d'une mission au Venezuela
qui tourne mal et qui coûte la vie au reste de l'équipe (c'est ce
qu'il pense), que Kane s'enfuit avec des diamants. Malheureusement les autorités
le capturent et le condamnent à la peine capitale. Il se retrouve alors
dans un fourgon blindé qui le conduit au couloir de la mort. A ses côtés,
Lynch, de son vrai nom James Seth Lynch. Condamné également à
mort pour le meurtre de sa femme, ce psychopathe souffre de schizophrénie
et suit un traitement afin de contrôler son caractère imprévisible.
Le jeu débute lorsqu'un groupe surarmé attaque le fourgon afin de
libérer les deux protagonistes. On apprend rapidement que les 7 sont à
l'origine de cette opération et veulent récupérer leur dû.
Le marché est simple. Kane a trois semaines pour ramener la valise de diamants
ou sa fille et sa femme seront exécutées. Pour s'assurer qu'il respecte
le marché, le groupe confie à Lynch la tâche de le surveiller
en contrepartie d'une place dans l'association. Ce binôme improbable va
donc devoir s'entraider afin d'atteindre chacun son but. Voilà pour le
scénario de ce titre qui, sans être d'une originalité à
toute épreuve, tient plutôt bien la route et nous propose de vivre
quelques moments forts comme le braquage d'une banque, ou encore l'assaut d'une
prison. On regrette toutefois qu'il n'y ait pas de phases de transitions sous
forme de cinématiques entre chaque niveau afin d'étayer encore plus
ce background. Pour ce qui est de l'ambiance, elle est évidemment très
adulte avec une version française, certes un poil caricaturale, de bonne
facture. On reconnaît d'ailleurs le doubleur d'Al Pacino qui prête
cette fois sa voix à Lynch. Pour ce qui est de la bande son, on peut une
fois de plus apprécier le travail de Jesper Kid qui a déjà
signé celle des Hitman et plus récemment d'Assassin's
Creed.
Kane & Lynch : Dead men nous place dans la peau
de Kane et on constate rapidement que ce titre est un jeu de tir à la troisième
personne tout ce qu'il a de plus classique et qui plus est très linéaire.
Alors que l'on pensait devoir gérer à la fois l'opposition et les
réactions de notre camarade psychopathe, les rares fois où Lynch
pète les plombs sont scriptées et n'influencent pas du tout notre
façon de jouer. Le but est donc bien souvent de nettoyer une zone en tirant
sur tout ce qui bouge grâce à un arsenal qui s'étoffe au fil
de l'aventure. Si on débute avec un simple pistolet, on a l'occasion par
la suite de jouer avec des calibres plus gros comme un fusil d'assaut ou encore
un lance-roquette. Par contre la précision est plus que relative car même
en visant correctement, il arrive fréquemment que nos tirs viennent s'écraser
à quelques centimètres de notre cible. Un système de couverture
similaire à celui que l'on trouve dans Ghost
Recon Advanced Warfighter est également présent. Il est
par contre très approximatif puisqu'il faut se placer exactement dans l'angle
d'un élément du décor pour que notre avatar daigne se planquer.
Depuis cette position, on peut tirer à l'aveugle ou alors se découvrir
afin de mieux ajuster ses ennemis. Classique. En ce qui concerne la prise en main,
elle est intuitive, immédiate et reprend les principes de base du genre.
On peut aussi gérer nos frères d'armes en leur ordonnant de couvrir
une zone, de tirer sur untel ou encore de nous suivre grâce aux boutons
X, Y et B. Un système simple qui fonctionne sans accroc mais qui est, il
faut bien l'avouer, pas réellement utile. En effet, nos compagnons sont
bien affûtés, résistants et accomplissent en règle
générale très bien leur travail sans que l'on doive les prendre
par la main. Ce qui n'est pas vraiment le cas de nos opposants, qui en plus d'être
fréquemment suicidaires en se précipitant sur nous, laissent toujours
une partie de leur corps dépasser lorsqu'ils "pensent" être
à couvert. A noter que si on se trouve à terre, nos alliés
peuvent nous ramener à la vie en nous injectant de l'adrénaline.
Une piqûre que l'on peut ou plutôt que l'on doit également
administrer à nos camarades d'infortune tombés au combat afin d'éviter
l'écran game over. Le nombre d'injections est toutefois limité sous
peine d'overdose.
En plus de proposer une gameplay finalement assez
banal, Kane & Lynch : Dead Men est aussi très court. L'aventure se
boucle en moins de six heures en mode normal et, mis à part le dernier
niveau, offre peu de challenge. On peut aussi regretter que la campagne solo ne
permette pas d'incarner Lynch afin de vivre ce jeu d'un point de vue différent
en y intégrant l'aspect instable du personnage par exemple. On peut toujours
se rabattre sur le coop pour pouvoir jouer avec ce dernier mais l'expérience,
à part un ou deux chapitres, est similaire à celle de Kane. De plus
il faut obligatoirement avoir un ami à proximité puisque ce mode
est jouable uniquement sur la même console. Des affrontements en ligne sont
toutefois disponibles et se résument à un seul mode de jeu, Fragile
Alliance. Il consiste à braquer quatre lieux différents (banques,
restaurant, bijouterie, transaction de drogues dans un parc) en compagnie de huit
autres joueurs au maximum afin de récolter le plus de biens possible et
ensuite rejoindre une camionnette pour l'extraction avant la fin du temps imparti.
L'argent obtenu peut alors être utilisé entre chaque round pour acheter
des armes. La particularité de ce mode est que si on succombe aux tirs
des policiers et gardes, on rejoint automatiquement le camp des flics. Pour pimenter
le tout, on peut également jouer au traître en tuant nos collègues
cambrioleurs et ainsi empocher la totalité du butin. Le but est évidemment
de choisir le bon moment pour les trahir. Un concept qui peut s'avérer
intéressant et fun entre amis mais manque véritablement de pêche
pour devenir un incontournable du Live.
Visuellement,
on est en droit de se demander si le moteur graphique maison de IO Interactive
ne commence pas à devenir un peu vieillot. Si la modélisation des
visages des personnages principaux est largement à la hauteur, ce n'est
pas vraiment le cas des environnements qui affichent des textures bien ternes
et très peu détaillées. Malgré quelques éléments
du décor destructibles et une profondeur de champ correct, l'ensemble se
rapproche plus d'un jeu de la génération précédente
que d'un jeu Xbox 360 et fait pâle figure face à la concurrence.
Plusieurs bugs de collisions ont également été constatés
qui de ce fait empêchaient toute progression et obligeaient même à
recommencer le chapitre. On peut toutefois apprécier la gestion de la foule
dans le niveau du club de nuit de Tokyo que l'on avait déjà pu voir
dans Hitman Blood Money qui malgré un clonage exagéré des
personnages non-joueurs impressionne toujours autant.
Kane
& Lynch : Dead Men est au final un jeu de tir à la troisième
personne sympathique mais bien trop banal, facile et court pour sortir du lot.
De plus il déçoit techniquement, la faute à des graphismes
en retard d'une génération, un IA à la rue et des bugs en
tout genre. S'inspirer des films de Michael Mann est une chose mais encore faut-il
proposer un gameplay à la hauteur pour véritablement s'imposer sur
ce marché, surtout à cette époque de l'année.
Strongbow - 09.12.2007